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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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pas avec toute votre religion , comme vous l’appelez ? Eh ! cela saute aux yeux ! affaire de tricher le diable, tirer quittance et ne pas payer.
    – Allons, allons, messieurs, il ne s’agit pas de cela, dit Marks s’entremettant. Il y a différentes façons d’envisager les choses. M. Haley est un homme scrupuleux ; il a sa conscience, et vous, Tom, vous avez votre système, – et un bon système, Tom : mais les querelles n’avancent à rien. Voyons, monsieur Haley, de quoi s’agit-il ? de vous l’attraper la fille, n’est-ce pas ?
    – La fille ne me concerne en rien : elle est aux Shelby ; c’est son petit seulement que je veux. – Sot que je suis d’avoir acheté le singe !
    – Eh ! quand ne l’êtes-vous pas sot  ? dit brusquement Loker.
    – Allons, Tom, trêve aux bourrasques, reprit Marks se léchant les lèvres. Voyez ! voilà M. Haley qui, je le sens, est en train de nous mettre sur une bonne piste. Tenez-vous seulement tranquille : ces transactions-là sont mon fort. Cette fille, monsieur Haley, comment est-elle ? qu’est-elle ?
    – Oh ! belle et blanche, très-bien élevée. J’en offrirai à Shelby de huit cents à mille dollars, et il y avait à gagner.
    – Blanche – belle – bien élevée ! répéta Marks, et ses yeux perçants, son nez, ses lèvres s’aiguisèrent de cupidité. – Voyez un peu, Loker, cela promet ! Il y a une affaire pour nous là-dedans. Nous entreprenons la chasse ; l’enfant va à M. Haley, c’est clair ; et nous emmenons la fille à la Nouvelle-Orléans pour spéculer dessus ; est-ce beau, hein !
    Tom, dont les pesantes mâchoires étaient restées entrebaillées durant cette communication, les referma tout à coup, comme s’il happait un bon morceau, et se disposa à digérer l’idée à loisir.
    – Voyez-vous, dit Marks à Haley, tout en continuant de remuer son punch, nous avons le long du rivage des juges de paix accommodants, comme il les faut dans notre profession. Tom mène d’abord l’affaire, et tape dur ; puis, j’arrive à mon tour quand il s’agit de prêter serment, bien vêtu, bottes vernies, tout à fait dans le grand genre. Que ne pouvez-vous voir, poursuivit Marks, dans un accès de vanité bien naturel, ma façon d’enlever les choses ! – Un jour je suis M. Twickem de la Nouvelle-Orléans ; une autre fois j’arrive de ma plantation au bord de la rivière de la Perle, où j’emploie environ sept cents noirs ; – ou bien je suis parent éloigné de M. Henri Clay [21] , ou de quelque autre vieux coq du Kentucky. Chacun a son talent en ce monde. Tom, un vrai lion quand il faut frapper ou combattre, ne vaut rien du tout pour mentir. – Non, Tom ne s’en tirera jamais ; cela ne lui vient pas naturellement, Mais, par le ciel ! s’il y a dans le comté quelqu’un qui puisse faire serment de toutes choses, à toutes gens, raconter les incidents, multiplier les circonstances, se vanter d’un air plus grave, et s’en tirer mieux que votre serviteur, je serais ravi de la voir, et je n’en dis pas plus. Ma parole ! si je ne me crois pas sûr d’entortiller mes juges, quand même ils se feraient scrupuleux. Je le voudrais, par ma foi, la farce en aurait plus de montant : ce serait plus drôle. »
    Tom Loker qui, on l’a pu voir, était lent de conception, lourd de mouvement, interrompit ici Marks, en donnant sur la table un coup de poing qui fit danser les verres : « Ça ira ! s’écria-t-il.
    – Dieu vous bénisse, Tom ! N’allez pas briser la vaisselle ! réservez votre poing pour les cas d’urgence.
    – Mais, messieurs, n’aurai-je pas une part du profit ? demanda Haley.
    – Quoi ! n’est-ce pas assez que nous attrapions l’enfant pour vous ? que vous faut-il encore ? dit Loker.
    – Eh ! n’est-ce pas moi qui ai fait lever le gibier ? Cela vaut quelque chose, je présume. Dix pour cent sur les bénéfices, tous frais prélevés. Voyons !
    – Pour le coup ! s’écria Loker avec un formidable juron et en écrasant presque la table, vous voilà bien, vous, Daniel Haley ! Ah ! vous prétendez trancher du grand seigneur avec moi ! Nous nous serons faits traqueurs d’esclaves fugitifs, Marks et moi, pour les beaux yeux des gentilshommes de votre espèce, et gratis, de plus ! Non, de par tous les diables ! la fille est pour notre compte, et tenez-vous tranquille, ou nous gardons les deux. Qui empêche ? Vous nous avez montré le gibier, d’accord ;

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