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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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Tom !
    – Le court et le long, c’est que vous avez peur, Marks ; mais je ne puis qu’y faire ; il faut marcher. Prenez un jour ou deux de campos, vous leur donnez le temps, avec leurs manœuvres souterraines, de faire filer la fille jusqu’à Sandusky, et elle vous passera sous le nez.
    – Oh ! je n’ai pas l’ombre de peur, dit Marks, seulement…
    – Seulement, quoi ? demanda Tom.
    – Le bac, parbleu ! – Vous voyez qu’il n’y a pas de bateaux.
    – L’hôtesse a dit qu’il y en aurait un ce soir. Un batelier doit traverser. Nous risquons notre cou et passons avec lui, reprit Tom.
    – Vous avez des chiens, sans doute, dit Haley.
    – De premier choix, répliqua Marks. Mais à quoi bon ? nous n’avons rien à leur faire flairer.
    – Si vraiment ! s’écria Haley d’un air de triomphe. J’ai là son châle oublié sur le lit dans sa hâte, et elle a laissé aussi son chapeau.
    – Une vraie chance ! dit Loker. Allongez-moi ces guenilles.
    – Gare cependant aux chiens, fit observer Haley. Ils pourraient, si l’on y va sans précaution, endommager fort l’article.
    – C’est à considérer, répondit Marks. L’autre jour, à Mobile, nos chiens n’ont-ils pas mis un nègre plus d’à moitié en pièces avant que nous ayons pu le leur arracher !
    – Il y faut regarder de près, surtout en fait d’articles vendus pour leur beauté, voyez-vous !
    – Je vois très-bien, Haley, répliqua Marks. Puis, si la fille est gîtée, les chiens deviennent superflus. Ils comptent d’ailleurs pour peu dans vos États du Nord, où ces créatures sont voiturées. Ce n’est plus comme dans nos plantations, où le noir qui s’enfuit n’a recours qu’à ses jambes, et n’est point secouru.
    – Allons, dit Loker qui était allé prendre langue au comptoir. L’homme arrive avec le bateau. En route, Marks ! »
    Ce dernier – pauvre homme ! – jeta un triste regard sur les confortables quartiers qu’il lui fallait abandonner, et se leva lentement pour obéir. Après avoir encore échangé quelques mots sur les arrangements ultérieurs avec les deux associés, Haley déboursa, non sans une répugnance visible, les cinquante dollars convenus, et le digne trio se sépara.
    Si la délicatesse de quelques-uns de nos lecteurs chrétiens se trouve choquée de la société dans laquelle cette scène vient de les introduire, qu’ils veuillent bien faire taire leurs préjugés et ajourner leurs scrupules. Le métier de traqueurs d’esclaves est en hausse, et promet, grâce à la nouvelle loi, d’être un jour une honorable, patriotique et légale profession. Si tout le large territoire qui s’étend du Mississipi à l’océan Pacifique devient un grand bazar pour le débit des corps et des âmes, et que la marchandise garde la mobilité que lui imprime le dix-neuvième siècle, le marchand et le traqueur d’esclaves pourront prendre un haut rang dans l’aristocratie américaine.

CHAPITRE IX

L’Évasion.

Sam et Andy retournaient au logis, en grande jubilation, tandis que cette scène se passait à la taverne. Sam ne se tenait pas de joie. Ses transports se traduisaient par toutes sortes de hurlements, d’interjections hétéroclites, de mouvements désordonnés et de contorsions bizarres. Parfois il était assis à rebours, la face tournée vers la queue et la croupe du cheval ; soudain il poussait un cri de triomphe, et une culbute le remettait droit en selle. – Allongeant alors une face lugubre, il réprimandait Andy, d’un ton ronflant, des risées inconvenantes que se permettait l’étourdi. Puis, instantanément il se battait les flancs de ses bras, et s’abandonnait à des tonnerres de rire qui faisaient retentir les bois. À travers toutes ces évolutions il parvint à maintenir les chevaux au grand galop, et, entre dix et onze heures, leurs sabots résonnaient sur le gravier de la cour.
    Madame Shelby vola au balcon.
    « Est-ce vous, Sam ? où sont-ils ?
    – Massa Haley être à se délasser à la taverne ; lui, bien fatigué, ah ! bien las, maîtresse !
    – Mais Éliza ! Sam ?
    – Eh ! eh ! Jourdain être passé : elle avoir gagné, comme on dit, la terre de Chanaan.
    – Comment ! que voulez-vous dire, Sam ? Et perdant la respiration à l’idée que soulevaient ces paroles, madame Shelby se sentit défaillir.
    – Le Seigneur protéger les siens, maîtresse ! Lizie avoir gagné l’Ohio [22] , à travers la rivière, comme si le

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