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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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étui, les mit sur son nez, et lut :
    « En fuite de chez le soussigné, le mulâtre Georges. Ledit Georges a cinq pieds huit pouces, le teint très-clair, les cheveux bruns et bouclés. Il est intelligent, s’exprime bien, sait lire et écrire. Il tentera probablement de se faire passer pour blanc. Il a de profondes cicatrices sur le dos et sur les épaules. Il a été marqué dans la main droite de la lettre H .
    « Je donnerai quatre cents dollars à qui me le ramènera vivant ; même somme à qui m’apportera une preuve satisfaisante qu’il a été tué. »
    Le vieux gentilhomme lut ce signalement d’un bout à l’autre, à voix basse, comme s’il l’étudiait.
    Le vétéran interrompit l’assaut qu’il livrait au chenet, ramena ses talons à terre, se leva dans toute sa longueur, marcha droit à l’affiche, et cracha délibérément dessus.
    « Voilà ! c’est ma façon de penser, dit-il, et il retourna s’asseoir.
    – Hé ! dites donc, reprit l’hôte, prenez garde à ce que vous faites ?
    – J’en ferais tout autant au signataire de ce papier, s’il était ici ; et le long personnage se remit tranquillement à couper son tabac. – Tout homme qui a un esclave comme celui-là et qui ne trouve pas moyen de le mieux traiter, mérite de le perdre. De pareilles affiches sont une honte pour le Kentucky ; c’est mon avis, et je ne m’en cache pas.
    – Ah ! quant à cela, c’est un fait, dit l’hôte en inscrivant les frais du dégât sur son livre.
    – J’ai moi-même tout un régiment de nègres, poursuivit l’homme, reprenant sa position et son attaque contre le chenet ; je leur dis : Enfants, creusez, bêchez, courez , si le cœur vous en dit ! je ne serai jamais sur votre dos à vous espionner, et comme cela, je les gardes. Dès qu’ils se sentent libres de s’enfuir, l’envie leur en passe. De plus, j’ai leurs actes d’affranchissement tout prêts, tout enregistrés, au cas ou je viendrais à chavirer un de ces jours, et ils le savent. Je puis vous dire qu’il n’y a personne dans tout le pays qui tire meilleur parti de ses nègres que moi. J’en ai envoyé à Cincinnati conduire pour cinq cents dollars de poulains, et ils m’ont rapporté l’argent, leste et preste. Ça tombe sous le sens. Traitez-les comme des chiens, et vous aurez de la chienne de besogne ; traitez-les en hommes, ils travailleront et agiront en hommes. »
    Et, dans la chaleur de sa conviction, l’honnête éleveur de bestiaux accompagna cette sortie morale d’un véritable feu d’artifice dirigé vers l’âtre.
    « Je crois que vous pourriez bien avoir raison, l’ami, dit M. Wilson. L’homme que l’on signale est un sujet rare, – je ne m’y trompe pas. Il a travaillé environ six ans dans ma fabrique ; c’était mon meilleur ouvrier. Un garçon adroit, ingénieux : il a inventé une machine à teiller le chanvre, – une chose réellement profitable : elle est déjà employée dans plusieurs manufactures ; le maître a pris patente.
    – J’en réponds, dit l’homme : il prend la patente et l’argent, puis se retourne, et marque l’inventeur d’un fer rouge dans la main droite ! Si j’avais bonne chance, je le marquerais aussi, moi, et il en aurait pour quelque temps.
    – Ces garçons si habiles sont toujours les plus insolents et les plus récalcitrants de la bande, dit de l’autre bout de la salle un grossier manant. Voilà pourquoi on les fouaille et on les marque. S’ils se conduisaient bien, ça ne leur arriverait pas.
    – C’est-à-dire que le Seigneur en a fait des hommes, et qu’il faut taper dur pour en faire des bêtes, reprit sèchement l’éleveur.
    – Les nègres qui en savent si long ne sont pas du tout avantageux au maître, continua l’autre, retranché dans son ignorance vulgaire et bornée. De quoi servent les talents et toutes ces fariboles-là, quand on ne peut pas s’en servir soi-même ? Ils s’en servent, eux autres, mais pour nous mettre dedans. J’ai eu un ou deux de ces drôles-là et je les ai bien vite vendus à la basse rivière. Je savais que je les perdrais tôt ou tard, si je ne m’en défaisais pas.
    – Que n’envoyez-vous là-haut prier le Seigneur de vous en faire un assortiment ; moins les âmes, bien entendu ! » dit l’éleveur d’un ton goguenard.
    La conversation fut interrompue par l’approche d’un élégant petit boguey à un cheval, que conduisait un domestique de couleur. Il en descendit un

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