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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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Les uns le portaient sur l’oreille, en tapageurs, – c’étaient de joyeux bons vivants, d’humeur facile et sans gêne ; d’autres l’abaissaient fièrement sur le nez, – caractères de fer, qui n’ôtaient pas leur chapeau, parce qu’il ne leur convenait pas de l’ôter, et qui prétendaient le mettre à leur fantaisie ! Il y en avait qui le renversaient en arrière, – gens éveillés, qui voulaient voir clair devant eux ; tandis que les indifférents, s’inquiétant peu de leur coiffure, la laissaient libre de prendre toutes les allures imaginables : bref, ces divers chapeaux eussent fourni une étude digne de Shakespeare.
    Des nègres, en larges pantalons, mais peu pourvus de chemises, couraient de çà, de là, sans parvenir à d’autre résultat qu’à prouver leur bonne volonté, et leur empressement à mettre toute la création sens dessus dessous, pour le plus grand bien de leur maître et de ses hôtes. Ajoutez à ce remue-ménage un feu à moitié cheminée, craquant, flambant, pétillant, au milieu de portes et de fenêtres toutes grandes ouvertes, dont les rideaux en calicot flottent et se débattent sous le souffle énergique d’une brise glaciale, et vous aurez une idée des séductions d’une taverne du Kentucky.
    Le Kentuckien de nos jours est un frappant exemple de la transmission des instincts et des particularités. Ses pères, puissants chasseurs, campaient dans les bois, dormaient à découvert sous le ciel libre, sans autres flambeaux que les étoiles. Leur descendant moderne agit précisément comme si la maison était un campement ; – il garde son chapeau à toute heure, se jette, s’étend partout, et pose ses talons sur le dos des chaises et sur le manteau des cheminées, comme jadis son aïeul appuyait les siens sur un tronc d’arbre, et s’étendait le long de la verte pelouse. Hiver comme été, il laisse portes et fenêtres ouvertes, afin d’avoir assez d’air pour ses vastes poumons ; il appelle cavalièrement tout le monde : « Mon cher ! » avec une nonchalante bonhomie , et somme toute, c’est bien la plus franche, la plus accommodante, la plus joviale créature qui soit au monde.
    Le voyageur, introduit par le hasard au milieu de cette réunion d’amateurs du sans-gêne, était vieux, petit, gros, à figure ouverte et ronde, d’un aspect original et tant soit peu comique ; il tenait à la main sa valise et son parapluie, et résistait avec opiniâtreté aux tentatives que faisaient les domestiques pour l’en débarrasser. Après avoir jeté un regard inquiet autour de la salle, il battit en retraite jusqu’au coin le plus chaud, s’y établit avec ses précieux bagages, qu’il colloqua sous sa chaise, et leva timidement les yeux sur le long personnage dont les talons illustraient le bord de la cheminée, et qui expectorait, de droite à gauche, avec une intrépidité des plus alarmantes pour les gens nerveux et à préjugés.
    « Hé ! comment vous va, mon cher ? dit le susdit gentilhomme, lançant, par manière de salut, une formidable effusion de jus de tabac du côté du nouvel arrivant.
    – Pas mal, répliqua l’autre, esquivant avec effroi l’honneur qui le menaçait.
    – Quelle nouvelle ? dit le notable, tirant de sa poche une carotte de tabac et un grand couteau de chasse.
    – Aucune, que je sache.
    – Une chique ?… hein ? reprit le premier ; et il tendit au voyageur une tranche de tabac, d’un air tout à fait fraternel.
    – Non, merci ; cela m’est contraire, répondit le petit homme en s’effaçant.
    – Contraire ? ah ! » dit l’autre avec insouciance ; et il enfonça le morceau dans sa bouche, afin d’alimenter le jet incessant qu’il lançait pour le bien général de la société.
    Le vieux monsieur tressaillait chaque fois que son voisin aux longues jambes faisait feu dans sa direction ; ce dernier s’en aperçut, et, tournant avec condescendance son artillerie sur un autre point, il livra un assaut désespéré à l’un des chenets, avec une justesse de coup d’œil et une précision stratégique qui eussent suffi à la prise d’une ville.
    « Qu’est-ce que c’est ? demanda le petit vieux en voyant plusieurs personnes se grouper autour d’une grande affiche.
    – Le signalement d’un nègre, » dit quelqu’un brièvement.
    M. Wilson, c’est le nom du vieux gentilhomme, se leva, et après avoir rangé sa valise et son parapluie, il tira méthodiquement ses lunettes de leur

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