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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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homme jeune, bien mis, d’un aspect distingué, qui fut examiné aussitôt avec tout l’intérêt qu’éveille, chez des oisifs, par un jour de pluie, la présence d’un nouveau venu. Il était grand ; il avait le teint brun foncé d’un Espagnol, de beaux yeux expressifs, les cheveux bouclés et d’un noir d’ébène. Son nez aquilin, ses lèvres minces et fines, et les belles proportions de toute sa personne donnèrent de suite aux regardants l’idée d’un homme supérieur. Il entra avec aisance, indiqua d’un signe à son domestique où placer sa malle, salua l’assemblée, et, son chapeau à la main, se dirigea lentement vers le comptoir : il se fit inscrire sous le nom de Henri Butler, d’Oaklands, comté de Shelby. Se retournant ensuite avec indifférence, il aperçut l’affiche, et la lut :
    « Jim, dit-il à son domestique, il me semble que nous avons rencontré quelqu’un de cette tournure chez Bernan, dans le haut pays.
    – Oui, maître : seulement je ne suis pas bien sûr pour la main.
    – Ni moi non plus ; je n’y ai certes pas regardé, » dit l’étranger en bâillant. Il pria l’hôte de lui faire donner une chambre particulière, où il put dépêcher quelques écritures pressées.
    L’hôte était tout zèle, et un relai d’environ sept nègres, jeunes et vieux, mâles et femelles, petits et grands, s’abattirent alentour comme une volée de perdrix, gazouillant, affairés, se poussant, se coudoyant, se marchant sur les talons, dans leur lutte à préparer la chambre « à maître, » tandis que ce dernier, assis au milieu de la salle, liait conversation avec son voisin.
    Depuis l’entrée de l’étranger, M. Wilson n’avait cessé de l’examiner d’un œil inquiet et envieux. Il lui semblait l’avoir vu quelque part, mais où ? impossible de se le rappeler. Par moments, quand l’homme parlait, se remuait, souriait, le fabricant tressaillait et le regardait fixement ; puis il détournait la tête, dès que les yeux noirs et brillants rencontraient les siens avec une froide indifférence. Tout à coup un souvenir subit sembla l’éclairer, et il envisagea l’étranger d’un air à la fois si surpris et si effaré, que celui-ci se leva et vint droit à lui.
    « Monsieur Wilson, je crois ? dit-il d’un ton de connaissance en lui tendant la main. Pardon de ne vous avoir pas reconnu plus tôt. Je vois que vous ne m’avez pas oublié. – M. Butler, d’Oaklands, comté de Shelby.
    – Ou… i… oui… oui… monsieur, » répondit M. Wilson, comme s’il essayait de parler dans un rêve.
    Un nègre vint annoncer que la chambre « à maître » était prête.
    « Jim, voyez aux malles, dit négligemment le gentilhomme ; et s’adressant à M. Wilson, il ajouta : je désirerais avoir un moment d’entretien avec vous pour affaires, dans ma chambre, s’il vous plaît. »
    M. Wilson le suivit, toujours de l’air d’un homme qui marche en rêvant. Ils montèrent au-dessus, dans une grande pièce, où pétillait un feu nouvellement allumé, et où plusieurs domestiques mettaient la dernière main aux arrangements de la chambre.
    Tout étant terminé, ils sortirent ; le jeune homme ferma la porte, mit la clef dans sa poche, se retourna, et, les bras croisés sur sa poitrine, regarda en face M. Wilson.
    « Georges ! s’écria celui-ci.
    – Oui, Georges, répliqua l’autre.
    – Je ne pouvais y croire !
    – Je suis passablement déguisé, n’est-ce pas ? dit-il avec un sourire orgueilleux. Un peu de brou de noix a fait de ma peau jaune un brun distingué, et j’ai teint mes cheveux ; en sorte que je ne réponds pas du tout au signalement, comme vous voyez.
    – Oh ! Georges, vous jouez là un jeu bien dangereux ! je n’aurais pu prendre sur moi de vous le conseiller.
    – Aussi en ai-je pris sur moi seul la responsabilité, » dit fièrement Georges avec le même sourire.
    Nous remarquerons en passant que Georges était fils d’un blanc, et d’une de ces infortunées qu’une beauté exceptionnelle condamne à devenir l’esclave des passions de leurs maîtres, et à mettre au monde des enfants qui ne connaîtront jamais leur père. Descendu d’une des plus orgueilleuses familles du Kentucky, il en avait la finesse de traits et l’esprit indomptable. Il n’avait reçu de sa mère qu’une teinte claire de mulâtre, amplement compensée par l’éclat et le velouté de ses grands yeux noirs. Un léger changement, dans la

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