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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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négligemment son coude sur une balle de coton, et tenait un grand portefeuille ouvert. Il suffisait d’un coup d’œil pour reconnaître le père d’Éva : c’était le même port de tête noble et gracieux, les mêmes beaux yeux bleus, la même teinte de cheveux bruns dorés ; mais la physionomie était tout autre. Ces grands yeux clairs, de même forme et de même couleur que ceux d’Éva, n’avaient rien de sa laverie mystérieuse et profonde ; tout y était vif, audacieux, brillant et d’un éclat mondain. La bouche, finement dessinée, avait une expression orgueilleuse et quelque peu sardonique. Tous les gestes, tous les mouvements de ces membres souples et gracieux décelaient des habitudes d’aisance et de supériorité. Le gentilhomme, avec une insouciante bonne humeur, et une expression moitié railleuse, moitié méprisante, prêtait l’oreille aux amplifications de Haley, qui vantait de son mieux, et avec grande volubilité, l’article marchandé.
    « Toutes les vertus morales et chrétiennes, reliées en maroquin noir, édition complète, dit Saint-Clair lorsque Haley s’arrêta. Voyons à présent, mon honnête débitant, voyons, comme on dirait dans le Kentucky, quel est le dommage ? Combien me faut-il payer cet exemplaire de toutes les vertus ? De combien voulez-vous me duper ? Dites-le hardiment.
    – Eh ! reprit Haley, en demandant treize cents dollars, je ne ferais que rentrer dans mes frais ; parole d’honneur !
    – Le pauvre homme, en vérité ! Et le noble chaland attacha sur Haley son regard pénétrant et moqueur. Mais vous me le laisserez à ce prix, par pure considération pour moi, n’est-ce pas ?
    – La jeune demoiselle que voilà en a l’air si engoué, ce qui est du reste bien naturel !
    – Oh ! certainement : c’est un appel direct à votre bienveillance, mon loyal ami. Eh bien, par charité chrétienne, que rabattrez-vous, pour obliger la jeune demoiselle qui en est si fort engouée ?
    – Tenez, dit le marchand, regardez seulement l’article : voyez-moi un peu ces membres ! une poitrine large ! – c’est fort comme un cheval. – Examinez-moi cette tête ! ces hauts fronts-là font toujours des nègres calculateurs, qu’on peut mettre à tout. J’en ai fait plus d’une fois l’expérience. Maintenant, un noir de cette taille et de cette carrure monte toujours très-haut, rien que pour le coffre, fut-il, d’ailleurs, stupide : et ce n’est pas le cas de celui-ci : nous avons les facultés à additionner en outre. Je puis vous le prouver, monsieur, ce gaillard-là en a de rares ; et qui font naturellement hausser son prix. Savez-vous qu’il régissait toute la ferme de son maître ! Une capacité prodigieuse pour les affaires, monsieur !
    – Fâcheux, très-fâcheux ! il en sait trop long, dit le jeune homme, le même sourire railleur se jouant autour de sa bouche. Cela ne le poussera pas au marché. Vos drôles si habiles sont sujets à prendre la fuite, à dérober les chevaux : ils ont le diable au corps. – Allons, deux cents dollars de moins, à raison de ses mérites.
    – Je ne dis pas pour tout autre ; mais celui-ci vous a un caractère ! J’ai là les certificats et attestations de son maître, qui prouvent que c’est un de vos vrais dévots ; – la plus humble, la plus pieuse, la plus fervente créature qui se puisse voir. – Ils en faisaient leur prédicateur, là- bas, d’où il vient.
    – Et je pourrai l’employer en guise d’aumônier, ajouta sèchement le jeune homme. Excellente idée ! la religion est parmi les articles rares au logis.
    – Monsieur plaisante !
    – Qu’en savez-vous ? – Ne venez-vous pas de me le garantir comme prédicateur breveté ? – A-t-il son diplôme de quelque synode ou concile ? – Allons, passez-moi vos papiers. »
    Si certains scintillements de l’œil de la pratique n’eussent convaincu le marchand que toutes ces plaisanteries finiraient par être escomptées en bons écus, il eût perdu patience. Quoi qu’il en fût, il posa son gras portefeuille sur un ballot, et se mit à en étudier le contenu, tandis que le jeune homme, toujours debout, le considérait d’un air goguenard.
    « Achetez-le donc, papa ! qu’importe ce qu’il coûte, murmura doucement Éva, se hissant sur un colis pour atteindre l’oreille de son père. Vous avez assez d’argent, bien sûr, et je veux l’avoir.
    – Pourquoi, Minette ? En veux-tu faire un hochet ? un

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