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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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orange.
    – Il ne songe donc pas que nous arrivons ? Ne feriez-vous pas mieux, Éva, de courir l’appeler ?
    – Oh ! papa ne se presse jamais, et nous ne sommes pas encore au débarcadère. Venez donc sur la galerie, tante. Tenez, voyez ! voilà notre maison ! là ! tout au haut de cette rue… »
    Le bateau commença alors, avec de sourds grognements, monstre colossal et fatigué, à se frayer une route entre les nombreux navires et à se rapprocher du quai. Éva, toute joyeuse, indiquait du doigt les flèches, les clochers, les dômes de sa ville natale, à mesure qu’elle les reconnaissait.
    « Oui, oui, ma chère, c’est bel et bon ; mais voilà le bateau qui s’arrête !… et votre père, encore un coup ? »
    On en était au tumulte habituel de l’arrivée ; – les garçons d’hôtels allaient, venaient, se heurtaient ; – les portefaix s’arrachaient les caisses, les sacs de nuit, les coffres ; – les femmes appelaient leurs enfants avec inquiétude, et une foule compacte se pressait vers la planche d’abordage.
    Miss Ophélia, campée résolument sur la malle récemment vaincue, tous ses biens et effets rangés en bel ordre militaire, se montrait déterminée à les défendre jusqu’au bout.
    « Prendrai-je votre malle, madame ? – Enlèverai-je votre bagage ? – Maîtresse veut-elle pas laisser moi tout porter ? – Eh ! madame, je me charge de vos colis ? » – Demandes, instances, prières, pleuvaient en vain autour d’elle. Miss Ophélia, assise, immuable, impassible, droite comme un i , tenait son faisceau de parapluies et d’ombrelles en guise de fusil au repos, et ses courtes et fermes répliques eussent décontenancé un cocher de fiacre. À chaque assaut cependant elle en appelait à Éva : – « À quoi votre père pense-t-il donc ?… pourvu qu’il ne soit pas tombé par-dessus bord ! – Il faut qu’il lui soit arrivé quelque chose ? »
    Enfin son inquiétude devenait sérieuse, quand il parut, s’avança avec son indolence habituelle, et dit, comme il tendait à Éva un quartier d’orange :
    « Eh bien, notre cousine du Vermont, sommes-nous prêtes ?
    – Voilà plus d’une heure que nous le sommes, prêtes, et je commençais vraiment à être fort en peine de vous !
    – Trop heureux, cousine. Eh bien, la voiture attend ; la foule s’est éclaircie, nous pouvons maintenant sortir d’une façon décente et chrétienne, sans être poussés et suffoqués. Ici, dit-il au cocher debout derrière lui, enlève-moi ces paquets.
    – Je m’en vais les voir charger, dit Ophélia.
    – Et non vraiment, cousine, à quoi bon ?
    – En tous cas j’emporte ceci, ceci, – encore cela, dit miss Ophélia, mettant à part trois boites et un petit sac de nuit.
    – Mais, ma chère miss Saint-Clair de Vermont, il ne faut pas fondre sur nous de la sorte du haut de vos Montagnes Vertes ; adoptez, croyez-moi, quelque peu de nos coutumes méridionales ; on vous prendrait sous ce faix pour une femme de peine. Abandonnez le tout à ce brave homme, et je garantis qu’il posera chaque objet avec autant de précaution que si c’étaient des œufs. »
    Miss Ophélia vit avec désespoir son cousin ordonner l’enlèvement de ses trésors, et ne respira qu’en se retrouvant en voiture, entourée de tout son bagage sain et sauf.
    « Où est Tom ? demanda Éva.
    – Juché quelque part, en dehors de la voiture, Minette : Je conduis Tom à ta mère en façon de rameau d’olivier. Il faut qu’il fasse ma paix pour ce malheureux ivrogne qui nous a versés.
    – Je suis sûre que Tom est une perfection de cocher, et qu’il ne se grisera jamais, dit Éva. »
    La voiture s’arrêta devant un antique hôtel d’une architecture bizarre ; mélange du style espagnol et du style français. Le corps de logis enfermait une vaste cour dans le genre moresque, où la voiture pénétra en traversant un portail cintré. L’intérieur était d’un goût élégant et voluptueux ; de larges galeries couraient tout autour, et les minces et légers arceaux, les grêles pilastres, les ornements, les arabesques reportaient l’imagination vers le règne des Orientaux en Espagne, vers l’Alhambra et les Abencerrages. Au milieu de la cour, les eaux jaillissantes d’une fontaine retombaient écumeuses dans un bassin de marbre blanc, qu’entourait une épaisse bordure d’odorantes violettes. Des myriades de poissons d’or et d’argent, vivantes pierreries,

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