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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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étincelaient çà et là en se jouant à travers les eaux cristallines. Une mosaïque de cailloux, disposés en fantastiques dessins et encadrés dans un gazon fin et ras comme du velours, environnait la fontaine, et une allée sablée pour les voitures circulait autour du parterre. Deux grands orangers, alors en fleur, projetaient leur ombre, exhalaient leurs parfums. De nombreux vases en marbre blanc de sculpture arabe, rangés en cercle, ornaient les marges de gazon, et contenaient les plus rares fleurs des tropiques ; c’étaient de beaux grenadiers, avec leurs feuilles d’émeraude et leurs fleurs couleur de flamme, des jasmins d’Arabie à feuilles sombres, à étoiles d’argent ; ceux d’Espagne à fleurs d’or, des géraniums panachés ; de magnifiques rosiers courbés sous leurs guirlandes embaumées, des verveines à odeur de citronnelle. Toutes ces fleurs prodiguaient leurs parfums, leurs éclatantes couleurs ; et, de loin en loin, un triste et mystique aloès, aux feuilles étranges, massives, éternelles, vieux sorcier, regardait en pitié les grâces fugitives, les passagères fraîcheurs qui foisonnaient à ses pieds.
    Des rideaux d’étoffes moresques relevés, mais qu’on pouvait abaisser à volonté pour exclure les rayons du soleil, festonnaient les galeries qui tournaient autour de cette enceinte, où tout respirait le luxe et l’élégance.
    Lorsque la voiture arriva dans la cour, Éva avait l’air d’un oiseau prêt à s’échapper de sa cage, elle ne pouvait contenir sa joie.
    « N’est-ce pas, n’est-ce pas délicieux ! notre maison, notre chère, notre ravissante maison ! Oh ! n’est-ce pas bien beau, chère tante ?
    – Pas mal, si cela n’avait pas l’air si antique et si païen, » dit Ophélia en sortant du fiacre.
    Tom, déjà descendu, regardait autour de lui dans une calme béatitude. Le nègre, plante exotique, arraché aux régions les plus splendides du monde, garde au plus profond de son cœur un amour désordonné pour tout ce qui est beau, riche, fantastique, et cette passion qu’il satisfait comme il peut, grossièrement et sans goût, excite le dédain de la race blanche, plus exacte, plus correcte et plus froide.
    Épicurien et poète dans l’âme, Saint-Clair sourit à la remarque de miss Ophélia, et se tournant vers Tom, qui, tout pétrifié d’admiration, promenait partout ses regards ravis, et dont la noire face reluisait de plaisir :
    « Tom, mon garçon, lui dit-il, il me semble que cela te va ?
    – Oh, maître ! – un vrai paradis ! »
    Ces paroles s’échangeaient tandis que les malles étaient déposées, le cocher congédié, et qu’une cohue de gens de tout âge, de toutes tailles, de toutes couleurs – hommes, femmes, enfants, accouraient par les galeries du haut et du bas pour voir arriver le maître. En tête de la foule, un jeune mulâtre, personnage important, vêtu à la dernière mode, agitait un mouchoir de batiste parfumé, et s’efforçait, avec grand zèle, de faire reculer toute la troupe vers l’autre bout de la véranda.
    « Arrière, vous autres, arrière donc ! criait-il d’un ton d’autorité : je rougis pour vous ! Oseriez-vous bien importuner le maître au premier moment de son retour, et le gêner dans ses épanchements de famille ! »
    À cet élégant discours, prononcé d’un grand air, tous se retirèrent confus, et restèrent à distance respectueuse, formant une masse compacte, de laquelle deux portefaix seulement se détachèrent pour enlever les bagages.
    M. Adolphe, parvenu à demeurer seul en vue, lui, son gilet de satin, sa chaîne d’or et son pantalon blanc, salua, avec une mansuétude rare et une grâce exquise, dès que Saint-Clair, qui venait de payer le cocher, se retourna.
    « Oh, c’est toi, Adolphe ? comment te va, mon garçon ? » dit le maître lui tendant la main.
    Le mulâtre se hâta de débiter, avec un grand flux de paroles, l’improvisation qu’il préparait depuis trois semaines.
    « C’est bon ! c’est bon ! dit Saint-Clair de son air habituel d’insouciante raillerie ; fort bien récité, Adolphe. Veille à ce que les bagages soient mis en place, je reviendrai tout à l’heure à nos gens. » En parlant, il conduisait miss Ophélia au salon.
    Pour Éva, elle avait pris son vol jusqu’au petit boudoir qui donnait sur la véranda ; là, une grande femme jaune, aux yeux noirs, était étendue sur un lit de repos ; en apercevant la petite

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