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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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vous
auriez fait un excellent prêtre, un excellent dominicain.
    Son sourire s’élargit.
    – Surtout lorsqu’il se serait agi de conseiller
de jeunes nonnes !
    Sir Maurice rit et boucla son ceinturon.
    – Croyez-moi, reprit Athelstan. Vous finirez par
épouser Lady Angelica mais ne cessez pas de prier ! Priez, répéta-t-il, pour
que votre amour ne meure jamais, ne chancelle jamais, et devienne tous les
jours plus fort.
    – Oh, il le deviendra.
    – Oui, j’en suis sûr. Et à présent, allez quérir
Sir John et demandez-lui de m’attendre chez Parr. Mais, Sir Maurice, maintenant
ou à l’avenir, pas un mot à Sir Thomas ni à quiconque de ce que vous avez
appris cette nuit.
    Athelstan se dirigea vers la porte.
    – Je vais parler à Godbless de ses aventures à
Venise et d’un homme qui aurait dû mourir mais ne mourut pas.
    Maltravers s’en fut, preste comme un lévrier. Le
dominicain se rendit au dépositoire, devisa avec le mendiant, revint chez lui
chercher son écritoire et se glissa dehors en direction de la Tamise.
    Il trouva Moleskin en compagnie d’autres bateliers sur
le quai. Ils regardaient les bourreaux qui expédiaient un pirate du fleuve au
gibet dressé tel un grand doigt noir pointé vers le ciel. On avait poussé le
malandrin en haut de l’échelle. Gros rustaud, ce dernier ne cessait de menacer
le bourreau et de cracher sur la foule qui attendait l’exécution. Athelstan
esquissa une bénédiction à l’adresse du coquin, à laquelle celui-ci répondit
par un geste obscène du majeur.
    – Allons-nous-en, Moleskin ! cria le
dominicain.
    Le marinier s’avança à pas décidés, un air rébarbatif
sur son visage tanné d’ordinaire joyeux, les yeux durs.
    – Tu ne devrais pas regarder de telles scènes, le
tança Athelstan. C’est terrible de voir un homme comme celui-ci sur le point de
tomber entre les mains du Dieu vivant.
    – Je n’aurais pu rêver mieux, mon père. Ce bâtard
est coupable du trépas de trois bateliers, au nord du Pont de Londres. Vous
connaissez les marais, n’est-ce pas ? Eh bien, il avait une barque. Il est
sorti à la perche, a dérobé leur argent puis leur a coupé la gorge.
    Le prêtre suivit son regard. La corde, à présent, ceignait
le cou du truand. Les bourreaux s’écartèrent. On enleva l’échelle et le ruffian
commença sa danse de mort.
    – C’est fini ! annonça Moleskin en donnant
une tape sur l’épaule du dominicain. Allons, narrez-moi ce qui s’est passé hier
soir et dites-moi où vous voulez vous rendre.
    – Je laisserai à d’autres le plaisir de te
décrire ces aventures, Moleskin. Je voudrais que tu m’emmènes le long de la
Tamise à la recherche d’un navire vénitien.
    Moleskin conduisit son passager en bas des marches
verdies par l’humidité et l’installa dans sa solide embarcation.
    – Pourquoi vénitien ? Avez-vous l’intention
de vous enfuir de Southwark ?
    – Non. Je voudrais poser quelques questions au
capitaine.
    Moleskin se concentra sur ses manœuvres car le fleuve
était encombré de barges et de bateaux de pêche. Ils atteignirent le large et
le batelier commença à progresser avec lenteur entre les poupes des navires
amarrés, lourdes cogghes ventrues de la Baltique, cotres des Pays Bas et
bâtiments de guerre royaux se préparant à prendre la mer. Il finit par découvrir
une galère vénitienne, basse et effilée. Sa poupe redressée, rouge et or, était
cernée de petites barques proposant des fruits, des pâtisseries et d’autres
produits venant des marchés de la ville. Il y avait même une embarcation pleine
de catins qui, debout, interpellaient les marins à grands cris et tentaient de
les faire tomber sous leur charme afin de monter à bord. Moleskin, fin
connaisseur des usages du fleuve, chercha à capter le regard de l’officier
chargé de faire régner l’ordre sur les ponts. Il montra Athelstan du doigt et, faisant
un signe, demanda la permission d’aborder.
    L’officier accepta. On jeta une échelle de corde et
Moleskin, sa barque dansant sous ses pieds, aida le dominicain à se hisser à
bord de la galère. Ce privilège déclencha la jalousie de tous ceux qui s’agglutinaient
autour du grand vaisseau de guerre vénitien. Il y eut des cris et des
imprécations, des fruits pourris volèrent.
    Athelstan cria au batelier de l’attendre. Ce dernier
éloigna son embarcation et contempla le spectacle. De temps à autre, un ami ou
une relation passait en décochant

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