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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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cou.
    – Frère Athelstan, annonça-t-il, tout sourire, ouvrez
la porte de votre église. Maître Margoyle va aller dans le chœur pour s’installer
à la petite table qui s’y trouve et rédiger sa confession. Quand il en aura
terminé, si je suis satisfait, je le laisserai s’évader. À une condition - il
fit pivoter le malheureux Margoyle de façon qu’ils se retrouvent nez à nez –, si
je te croise un jour à Londres, je te pendrai sur-le-champ !
    – Il impliquera Parr, avertit Athelstan. Jean de
Gand aura la tête de Sir Thomas.
    – Non pas. Il écrira ce que je lui dicterai.
    – Et les baillis ?
    – Les hommes comme Sir Thomas ne se laissent pas
aisément impressionner. Hersham est mort, Margoyle ne mentionnera point le nom
de Parr et Sir Thomas soutiendra qu’il n’avait rien à voir avec cette félonie.
    Sir John fit un clin d’œil.
    – Mais il saura que nous savons à quoi nous en tenir et ça, mon cher
frère, c’est fort important !

CHAPITRE XVI
             Le
lendemain malin, la paroisse était sens dessus dessous. La nouvelle de ce qui
était arrivé dans le cimetière avait couru dans les rues qui descendaient vers
la Tamise. St Erconwald était bondé : non seulement on célébrait la messe
en l’honneur de la guilde des tueurs de rats, mais nombreuses étaient aussi les
ouailles avides de prêter l’oreille aux ragots et aux racontars. Watkin et Pike,
l’air marri, restèrent sur les marches du chœur, mal à l’aise. Athelstan, qui
revêtait les vêtements sacerdotaux dans la sacristie, ferma les yeux et, heureux
que tout se soit bien passé, rendit grâce à Dieu en silence. Sir John s’était
comporté en véritable soldat : on avait chargé les flèches dans des
charrettes pour les emporter de l’autre côté du Pont de Londres. Watkin et Pike
s’étaient éloignés furtivement dans les ténèbres tandis que Margoyle, après
avoir rendu ses armes, avait rédigé une confession complète et s’était enfui
telle une ombre dans la nuit. Sir Maurice ne se contenait plus et Godbless
avait dansé comme un elfe en criant : « Je vous l’avais dit ! Je
vous avais bien dit que j’avais aperçu des formes dans le cimetière ! »
    Minuit avait sonné depuis longtemps quand Athelstan, étant
parvenu à restaurer le calme, avait pu s’octroyer quelques heures de sommeil.
    – Allons-y, dit-il entre ses dents.
    Il se signa et se dirigea vers le chœur.
    La messe fut un franc succès. Les tueurs de rats avec
leurs furets, chats, petits chiens, cages, pièges, maillets, piques, filets et
sacs de cuir, s’entassaient dans le chœur. La cérémonie fut l’une des plus
animées que le dominicain ait jamais célébrées. Un chien hurla pendant tout le
service divin comme s’il voulait faire entendre son propre chant à la gloire de
Dieu. Bonaventure se glissa dans l’édifice et, si Crim n’était pas intervenu, le
plus horrible des combats aurait éclaté quand l’unique œil valide de ce prince
des venelles s’était posé sur un rival. Deux furets s’étaient échappés et un
chien les avait pourchassés dans le cimetière. On en rattrapa un mais, au
moment même où Athelstan en terminait avec la consécration, Ranulf revint en
hochant la tête et en annonçant d’une voix forte qui se voulait murmure que « le
petit bâtard avait détalé pour de bon ».
    À la fin de la messe, l’homélie du prêtre souligna que
toutes les créatures de Dieu étaient aimables à ses yeux. Ranulf leva la main.
    – Cela inclut-il les rats, mon père ?
    – Les rats ont leur utilité, Ranulf, répondit
Athelstan. Et Dieu seul la connaît.
    – Ils nous débarrassent des ordures, commenta
Ricauld, un tueur de rats venu du prieuré de St Mary.
    – Tu as l’étoffe d’un théologien, le complimenta
Athelstan. Mais, en vérité, vous rendez tous grand service à la communauté. J’en
appelle à vous pour le faire avec autant d’honnêteté et de mansuétude que
possible.
    Il croisa le regard de Ranulf.
    – Et sans forcer sur les prix.
    Après l’homélie, Athelstan bénit les différents
animaux. Tout compte fait, ce fut très dangereux. Quelques furets se jetèrent
sur ses doigts. Le rival de Bonaventure retroussa ses babines en guise de
protestation. Si Crim ne lui avait pas expédié un coup bien ajusté du bout de
sa botte, un chien aurait levé la patte contre la bure de l’officiant. Le
dominicain passa parmi les divers animaux en les aspergeant

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