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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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de battre.
    – Vous auriez dû être trouvère, mon frère ! Mais
cette malheureuse femme ?
    Athelstan, après lui avoir fait jurer le secret, lui
expliqua ce qui s’était passé, et le vieil adage évoquant « une main de
fer dans un gant de velours » lui revint en mémoire quand il constata le
changement sur les traits d’Angelica : son visage pâlit, ses yeux bleus se
firent durs comme le verre et froids comme la glace, tandis que ses lèvres
généreuses se pinçaient jusqu’à ne former qu’une mince ligne.
    – Mon père ? interrogea-t-elle.
    – Je suis sûr qu’il est innocent. Je ne pense pas
que Sir Thomas s’abaisserait jusqu’à tuer ou jusqu’à flétrir le nom d’un homme.
    – Je vous crois, répondit-elle en jetant un
regard par-dessus l’épaule du dominicain. Il me semble que nous devrions
marcher, sinon on pourrait bien nous dénoncer à l’évêque en tant que dominicain
et nonne épris l’un de l’autre et étalant leur amour en public !
    Ils remontèrent la rue à petits pas, Angelica
questionnant toujours et Athelstan répondant de son mieux. En fait, ce dernier
était si absorbé qu’il remarqua à peine les spectacles et les bruits de la
ville, la clameur frénétique du marché qui battait son plein, les cris des
apprentis, le claquement des sabots des chevaux et des roues des charrettes. Avant
qu’il s’en fût rendu compte, ils se trouvèrent à l’angle de la rue qui menait à
la demeure de Sir Thomas Parr.
    – J’ai toujours méprisé Hersham, avoua Lady
Angelica en faisant courir un doigt autour de la guimpe étroite qui lui
entourait le menton. Je l’ai surpris maintes fois à m’épier. Il me faisait
penser à un chat guettant un pigeon.
    – Un pigeon, madame ? Ce serait plutôt un
faucon, comme le découvrira mon bon ami Sir Maurice.
    Angelica lui prit la main qu’elle serra avec force.
    – Ce que vous avez fait, ce que vous avez fait
est noble.
    Un sourire détendit son visage.
    – Et quand j’épouserai Sir Maurice – peu me chaut
ce qu’en dira mon père –, je veux que vous nous rejoigniez à la porte de l’église
et que vous soyez témoin de l’échange de nos serments.
    – Je ne vous conseillerais point St Erconwald, rétorqua
Athelstan. Surtout avec un furet en liberté !
    – Un furet ?
    – Je plaisante. Venez, Lady Angelica, allons d’abord
voir votre père avant que vous organisiez votre cérémonie de mariage.
    Le valet qui ouvrit l’huis fixa Athelstan, puis la
jouvencelle, et resta bouche bée.
    – Que Dieu ait pitié de nous ! haleta-t-il. Quels
événements ! Quelle matinée ! Les baillis se sont enfermés avec Sir
Thomas. Et voilà que Sir John et Sir Maurice naquètent dans la grand-salle.
    – Je suis ici chez moi, répondit Lady Angelica. Richard,
laisse-nous entrer !
    – Bien sûr, madame.
    Le serviteur recula et les introduisit dans la
grand-salle.
    Lady Angelica regarda son galant, et, d’une façon que
Lady Monica aurait sans nul doute désapprouvée, traversa la pièce en toute hâte
pour jeter les bras autour du cou de Sir Maurice. Le coroner, installé sur un
coussiège, un grand gobelet à la main, haussa les épaules avec un sourire.
    – Sir Maurice ! Lady Angelica ! souffla
Athelstan. La situation est bien assez compliquée !
    Il entendit des pas dans le couloir. Les deux
tourtereaux s’éloignèrent promptement l’un de l’autre et Angelica prit un siège.
Sir Thomas Parr entra vivement. Il fronça les sourcils en voyant sa fille et
embrassa la salle d’un coup d’œil furieux.
    – Qu’est-ce que c’est que ces bêtises ? Angelica,
qui t’a conduite céans ? Quant à vous, messire – il eut un geste de la
main à l’adresse de Sir Maurice –, je vous ferai chasser de ma maison !
    – Père ! intervint Angelica en se levant d’un
bond. Je vous ai dit de ne point froncer les sourcils, cela ne vous sied pas. Vous
avez de très, très sérieux ennuis ! Je crois que vous devriez écouter Sir
John et frère Athelstan.
    Elle fit un pas en avant et le menaça du doigt.
    – Père, je suis votre fille obéissante mais je
suis fort courroucée contre vous.
    Elle pivota sur ses talons.
    – Sir Maurice, je pense que nous devrions nous
retirer. Ne vous inquiétez pas, père : on ne m’enlèvera pas. Je vais
emmener Sir Maurice au courtil et je demanderai à ma servante de nous suivre.
    Elle jeta un coup d’œil au jouvenceau.
    – Mais pas de trop près !
    Angelica

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