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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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semble
que je peux, par conséquent, chaperonner une jouvencelle confiée à mes soins !
    Les épaules de l’abbesse s’affaissèrent.
    – Vraiment, je ne voulais pas… bégaya-t-elle en
lançant un coup d’œil à son interlocuteur de sous ses cils baissés. Sir Thomas
Parr sera…
    – Sir Thomas Parr est un marchand de Londres, reprit
Athelstan avec fermeté, qui a plus de fortune que de bon sens. Alors, madame, dois-je
me rendre auprès des juges royaux à Westminster pour obtenir un mandat ? Et
aller chercher des soldats au Savoy, le palais du régent ?
    Il leva la main.
    – Je vous assure, madame, que Lady Angelica doit
m’accompagner chez son père.
    – Bien, si vous l’entendez ainsi.
    Lady Monica, fort troublée, prit une clochette et l’agita
avec vigueur.
    – Dites à Lady Angelica, ordonna-t-elle à la
jeune novice qui franchit la porte presque en courant, de se préparer à partir.
Qu’elle patiente à l’hostellerie.
    Elle attendit que l’huis fût refermé.
    – Frère Athelstan, j’aimerais que vous signiez un
document attestant que vous avez emmené Lady Angelica chez son père et que vous
en assumez l’entière responsabilité.
    L’abbesse conduisit Athelstan vers une petite table, à
l’autre bout de la pièce. Le dominicain écrivit avec exactitude ce qu’elle
voulait, attendit que l’encre fût sèche, puis lui tendit le vélin. Ensuite il
se leva et fit mine de se diriger vers la porte.
    – Frère Athelstan, asseyez-vous, je vous en prie,
le convia d’une voix presque enjôleuse Lady Monica, qui avait regagné son siège.
    Athelstan remarqua que le visage de l’abbesse était
plus empourpré et que ses yeux brillaient. Il se rassit.
    – Que puis-je pour vous, madame ?
    Elle fouilla parmi les morceaux de parchemin qui se
trouvaient devant elle.
    – C’est au sujet de votre frère Norbert, dit-elle
sans relever la tête. Je… je…
    Elle finit par lever les yeux et cilla.
    – Mon frère, il a parlé de l’amour avec tant d’éloquence.
Depuis son départ, j’ai eu d’étranges songes… des rêveries…
    Athelstan remercia Dieu en silence de l’absence de Sir
John. Lady Monica avait à présent pris un bout de vélin et s’en éventait.
    – Je me demandais si frère Norbert accepterait de
me rendre visite, pour continuer ses leçons ? Pour me donner des conseils
spirituels ?
    – Madame l’abbesse, répondit le prêtre d’un ton
éploré, frère Norbert n’est plus parmi nous.
    Lady Monica laissa choir son éventail improvisé.
    – Où est-il allé ?
    – C’est un grand secret, confia Athelstan en
baissant la voix. Mais il est parti accomplir l’œuvre de Dieu ailleurs. Je vous
prie donc de vous souvenir de lui dans vos oraisons.
    Il détourna le regard : la déception se lisait
trop aisément sur le visage de l’abbesse.
    – Mais, ajouta-t-il avec douceur, je peux vous
affirmer que frère Norbert a autant d’estime pour vous que vous en avez pour
lui. En fait, jusqu’à ce qu’il ait reçu l’ordre de nous quitter, il pouvait à
peine contenir son impatience à revenir céans.
    – Oh, merci, mon frère !
    Elle se rencogna sur son siège.
    – Je ne l’oublierai pas ! Oh non, je ne l’oublierai
pas !
    Quelques minutes plus tard, Athelstan, accompagné de
Lady Angelica, qui portait encore l’habit des nonnes de Syon et dont les
sandales claquaient sur les pavés, quitta le couvent et prit la route menant à
la ville. Il avait à peine accordé un coup d’œil à la jouvencelle et ne s’était
pas soucié de lui fournir des explications ; la jeune femme, de son côté, avait
eu le bon sens de ne rien lui demander jusqu’à ce qu’ils fussent à bonne
distance des grilles du couvent. Au coin d’une rue, elle s’arrêta et saisit le
bras de son guide.
    – Que se passe-t-il, pour l’amour du Ciel ? Où
allons-nous ? Pourquoi Lady Monica m’a-t-elle laissée partir ? Mon
père se porte-t-il bien ? Comment va Sir Maurice ?
    Elle essuya une larme.
    – J’ai ouï parler de l’affaire de La Lampe d’or.
    Le dominicain saisit les douces mains de son
interlocutrice. Il ignora le regard étonné de deux mendiants accroupis dans l’embrasure
d’une porte.
    – Lady Angelica, vous retournez chez vous. Sir
John et Sir Maurice s’y trouvent déjà. Sir Maurice éprouve pour vous un amour
profond. C’est un vaillant et noble chevalier, un homme de cœur, et ce cœur vous
appartiendra jusqu’à ce qu’il cesse

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