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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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point de coupure
sur le corps.
    – Cela aurait-il pu être accidentel ?
    – Peut-être, répondit Aspinall en faisant un
geste vers la fenêtre. Dans le jardin de simples, en bas, poussent des baies et
des plantes qui peuvent tuer un homme.
    – Combien de temps faut-il à ce genre de poison
pour agir ? s’inquiéta Sir Maurice.
    – Cela dépend. J’ai ouï dire qu’une vieille femme,
à Guttersnipe Alley, avait été empoisonnée par son fils jour après jour, mais
ce venin-ci a eu de prompts effets. Il a dû troubler les humeurs, cailler le
sang et, en regardant le visage du cadavre, on constate qu’il est sans doute
mort asphyxié.
    – Tiens, tiens, tiens, intervint Sir John en
frappant le plancher de sa botte. Et où pourrait-on se procurer ce poison ?
    – Il n’y en a point céans, affirma Sir Walter. Pas
une once.
    – Et vous, maître Aspinall ?
    Le mire écarta ses longs doigts et joua avec l’anneau
incrusté de pierreries qui ornait l’un d’eux.
    – Messire le coroner, j’ai ouï parler de vous et
de frère Athelstan.
    Il eut un petit rire.
    – Œil perçant et esprit vif. Je vous assure que
je n’ai ni apporté du poison ici, ni laissé de potion, ni donné de médecine. Les
prisonniers sont des soldats ou des marins, durs et costauds. La nourriture
aurait pu être meilleure et leurs humeurs étaient déréglées en raison de la
réclusion, mais rien de plus.
    – Et vous ignorez tout des captifs et de la mort
de cet homme ?
    Le médecin se leva.
    – Tout, Sir John.
    – Pourquoi êtes-vous venu aujourd’hui ?
    – Pour vérifier que tout allait bien. J’ai
examiné la dépouille ce matin mais me suis dit que je devrais revenir, au cas
où.
    – Au cas où quoi ? intervint le dominicain
en se levant.
    Aspinall se retourna et s’appuya contre la porte, les
mains derrière le dos. Il fixa le plafond.
    – Mon père, vous êtes le secrétaire du coroner. Moi,
je suis médecin et non maître en logique. Nous nous trouvons devant un homme empoisonné.
Ce peut-être un accident. Il a pu découvrir quelque chose dans la maison et l’avaler
mais, que Dieu m’en soit témoin, ce n’est point ce qui s’est passé.
    – Donc ?
    – D’après mon expérience, quand de tels trépas
arrivent, ce ne sont pas des événements isolés.
    – Vous voulez dire que d’autres seront
empoisonnés ?
    – J’en suis sûr. Oh, j’ai réfléchi, ce matin. Pourquoi
avoir tué Serriem ? Hawkmere est fermé et bien gardé ; le meurtrier
doit savoir qu’il risque fort d’être pris. La mort de Serriem a, par conséquent,
été préparée avec minutie. Ce ne fut pas un crime passionnel et c’est sans
doute le premier d’une longue liste.
    Athelstan scruta le médecin. Son discours était sensé.
Y avait-il des conflits entre les captifs ? Il jeta un regard en biais à
Sir Walter. Ou avait-on réglé de vieilles dettes ?
    – J’ai aussi vérifié les resserres et la cave à
vin.
    – Vous n’en aviez pas le droit, s’indigna Sir
Walter.
    – J’ai tous les droits, Sir Walter. Je suis le
médecin des prisonniers. Monseigneur de Gand m’a payé en bon or. Mais ne vous
inquiétez pas. La viande et le fromage pourraient être plus frais, le vin moins
aigre, mais les réserves ne sont pas corrompues.
    – Y a-t-il de la vermine céans ? s’enquit
Athelstan en pensant à Ranulf le tueur de rats.
    – Bien sûr.
    – Vous ne mettez pas de poison ?
    – Nous avons trois gros chats, expliqua Sir
Walter, un sourire fielleux aux lèvres. Nous ne les nourrissons pas ; ils
sont à demi sauvages et s’occupent de la pouillerie.
    – Quand Serriem est-il allé se coucher ?
    – Avec le reste de la compagnie, à neuf heures. Ils
ont soupé à sept heures, se sont promenés dans le jardin puis Serriem a joué
aux échecs avec l’un des prisonniers, Pierre Vamier.
    – Quelles sont leurs relations ? interrogea
Cranston. Entre les captifs ?
    – Plutôt cordiales, répondit Aspinall. Sir Walter
vous le confirmera. Ils restent ensemble. Ils ont la nostalgie de leur famille,
en France, et ont hâte que les rançons soient versées. Pourtant…
    Sir John déboucha sa gourde et avala deux lampées de
vin. Il en proposa à ses compagnons qui refusèrent d’un signe de tête.
    – Eh bien, continuez.
    – Depuis une semaine ou dix jours, reprit Sir
Walter, quelque chose a changé ; en fait, ils semblent se méfier les uns
des autres.
    – Comment ont-ils été

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