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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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mais simple d’esprit.
    – Je vais faire sécher des fleurs, père.
    Elle prit conscience de la présence des visiteurs et
les lorgna.
    – Ils ne sont pas censés être là !
    – Silence, à présent, Lucy ! Ils sont
envoyés par monseigneur le régent.
    – Ont-ils apporté de l’argent ? interrogea-t-elle.
    – C’est Sir John Cranston, répondit Sir Walter. Le
coroner de la ville qui vient examiner le mort.
    – Tous les Français sont des morts, rétorqua-t-elle.
Et il y en a un là-haut, raide et froid, qui pue le poisson !
    – Que Dieu ait pitié d’elle ! Elle a l’esprit
égaré. Sir John, elle n’aime pas beaucoup les Français, expliqua Limbright.
    Ils atteignirent la seconde galerie. Le passage était
étroit et sombre, le plancher non ciré, sur les murs dégradés le plâtre s’écaillait.
Pourtant les portes des pièces devant lesquelles ils passaient étaient en bon
état et solides. Sir Walter s’arrêta devant l’une d’elles et l’ouvrit. La salle
était grande mais peu éclairée. Bien que les volets fussent ouverts, le petit
rayon de soleil qui pénétrait à l’intérieur n’égayait en rien la triste
atmosphère. La brise estivale n’estompait pas, non plus, l’odeur de mort et de
pourriture. Un crucifix était appendu sur le mur d’en face ; quelques
pauvres meubles et deux coffres en cuir usé étaient disposés ici et là. Le
corps était étendu sur la couche étroite. Le drap sale censé le recouvrir avait
glissé de côté et Athelstan aperçut un nez protubérant et une peau grisâtre. Bien
qu’il eût administré les derniers sacrements à moult hommes, le prêtre était
toujours frappé par l’aspect pitoyable des cadavres. Celui-ci n’était pas
différent.
    Le dominicain s’approcha du lit. Il n’était pas mire
mais un coup d’œil lui suffit pour constater que Guillaum Serriem avait
souffert le martyre : les yeux ouverts laissaient voir les pupilles
révulsées et la mâchoire pendait. Le visage était gonflé et décoloré. Écartant
la tunique, Athelstan nota les taches rouge sombre qui marbraient la poitrine
et le ventre musclé. Il ouvrit la petite écritoire qu’il emportait partout et
en sortit une cuillère de corne au manche fin qu’il introduisit dans la bouche :
le corps était rigide mais la mâchoire encore un peu souple. La peau rose, à l’intérieur,
avait pris une teinte mauve foncé ; gencives et langue étaient enflées. L’odeur
qui s’en exhalait était quelque peu douceâtre. Il pouvait reconnaître maints
poisons, mais celui-ci, au parfum sucré de massepain, lui était inconnu. En
quête de balafre ou de marque récente, le dominicain examina le cadavre, mince
et musclé, couturé de cicatrices roses à l’endroit où d’anciennes blessures s’étaient
fermées. Mais il n’y avait rien d’anormal. Athelstan récita le requiem à voix
basse, esquissa un signe de croix et remonta le drap sur le navrant visage. Cranston,
assis sur un tabouret, s’essuyait le front. Sir Maurice tripotait la courroie
de son épée pendant que Sir Walter faisait le tour de la pièce en déplaçant des
objets comme s’il s’attendait à découvrir quelque chose de révélateur. L’huis s’ouvrit
sous la poussée d’un grand jeune homme svelte aux longs cheveux bruns tombant
sur les épaules, qui entra et s’inclina. Dans sa figure avenante rasée de près
brillaient des yeux vifs.
    – Osmund Aspinall, présenta
Sir Walter. Notre physicien et apothicaire.
    L’homme souleva son surcot fourré et remonta la
ceinture lâche qui ceignait sa taille mince. Il serra la main de Sir John, puis
celle d’Athelstan, en les dévisageant de près comme s’il avait la vue basse.
    – Je suis médecin, plaisanta-t-il. Bien des gens
me disent mire. Je loge à Cripplegate et Sir Walter, ici présent, me paye pour
que je m’occupe des captifs.
    Il s’installa au bord du lit et tapota le cadavre.
    – Empoisonné, n’est-ce pas ?
    – Comment le savez-vous ? interrogea le
dominicain en prenant place sur le coussiège 8 .
    Aspinall haussa les épaules.
    – Mon père, il y a autant de poisons sur le
marché que de pigeons autour de St Paul. La belladone, la jusquiame, et au
moins trois espèces d’arsenic.
    – Et celui-ci ? s’enquit le coroner.
    – Je ne peux l’identifier mais, comme je viens de
vous le dire, il y en a tant…
    – Comment l’a-t-on administré ? questionna
Athelstan.
    – Oh, par la bouche. Il n’y a

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