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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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il
ne pouvait retourner à Paris, aussi, après avoir reçu ses gains mal acquis, il
s’est installé dans un endroit agréable, une maison confortable qui donne sur
la cathédrale de Cologne. On l’a retrouvé un après-midi, flottant dans son
vivier, un garrot autour du cou. L’échevinage n’avait point de preuves mais les
bruits qui ont couru parmi les marchands affirmaient que Mercure avait rendu
visite à ce félon français.
    Gervase sirota une gorgée de vin.
    – Sir Maurice, ici présent, a causé un grand
trouble en arraisonnant le St Sulpice et le St Denis. Les Français ont cru que nous
avions un espion haut placé dans leurs conseils. Non, non, dit-il en levant la
main, je dois être plus précis. Ils ont pensé que l’un des officiers supérieurs
du bord était à la solde de la Cour anglaise.
    – Est-ce vrai ? aboya Sir John.
    – John, John, vous pouvez me le demander
               – Talbot hocha la tête – mais vous savez que
je ne répondrai pas. Il suffit de dire que c’est ce que croyaient les Français.
    – Et ils ont dépêché Mercure à Londres ?
    – Oui : c’est la nouvelle qu’a apportée
notre marchand.
    – Mais il y a toujours des espions français à
Londres, commenta Cranston, l’air agacé à l’évocation de ces subtiles félonies
finement tramées. Et un Français reste un Français, où qu’il aille !
    – Je n’ai point dit qu’il était français, répondit
Gervase. Nous savons moult choses sur lui. Il n’est ni français ni gascon, mais
anglais. Clerc dans la maison de l’évêque de Norwich, il a rejoint une bande
armée indépendante, est allé en France et a été capturé. Les Français ont une
façon bien à eux de traiter ces francs-archers : ils les pendent haut et
court sur-le-champ. Mercure, dont le véritable nom est Richard Stillingbourne, a
conclu un pacte avec ses nouveaux maîtres : en échange de sa vie et d’un
sac d’argent, il fut relâché. Il a conduit les Français à l’endroit où sa
compagnie avait pris ses quartiers et a organisé la boucherie. Mercure, comme d’autres
sont experts en chevaux ou habiles au chant, est fort doué pour tuer ; c’est
sa passion. Et je suis persuadé que les Français l’ont envoyé en Angleterre et
qu’il est responsable de la mort de Serriem à Hawkmere.
    – Ce pourrait donc être n’importe qui ? interrogea
le dominicain.
    – Ce pourrait être l’un des prisonniers. Ou même
Aspinall, le mire. Ou l’un des valets, un colporteur, un étameur, un garde. Il
est passé maître en l’art de se grimer. Il peut apparaître, courbé par l’âge, sous
les traits du mendiant au coin de la rue, ou hautain et arrogant.
    Gervase eut un grand sourire à l’adresse de Sir
Maurice.
    – Ce peut même être un jeune chevalier, faucon au
poing.
    Il écarta les bras en feignant l’innocence.
    – Ou même un humble clerc.
    – Fontanel pourrait-il savoir tout cela ?
    Gand fit un geste de dénégation.
    – L’émissaire français a loué une maison à Adel
Lane : elle est surveillée jour et nuit. Nul étranger ne s’en est approché.
    – Et Fontanel ?
    – Il ne sort jamais, répondit le régent avec un
petit sourire satisfait. Il se pourrait qu’il ait peur. Mes chiens de garde le
connaissent, connaissent ses habits de galant, son chapeau ridicule !
    – Ce n’est qu’un envoyé mineur, intervint Gervase.
Dépêché pour agacer et irriter. Mercure n’obéira qu’au chancelier, à Paris.
    Jean de Gand reprit la parole :
    – Si les Français croient qu’il y a un traître
parmi les captifs d’Hawkmere, Mercure le supprimera.
    Il se pencha en avant, fougueux.
    Un instant, il rappela à Athelstan un loup qu’il avait
vu à la Tour visage allongé, nez pointu, regard fixe à demi voilé sous les
paupières, tête enfoncée dans les épaules.
    – J’ai prié, dit le régent, pour qu’un jour
Mercure entre dans notre toile d’aragne. Les Français mènent le bal et nous
devons danser mais, Sir John, frère Athelstan et vous, maître Gervase, je veux
la tête de Mercure.
    Il est plus important que tous les navires que nos
ennemis peuvent réunir en Manche et en mer d’Irlande.
    – Mais il n’est point ici seulement pour cette
affaire, n’est-ce pas ? demanda Athelstan en s’adressant à Sir Maurice. Ils
vous considèrent comme responsable de la perte de leurs navires. Je ne vous
menace pas ; Mercure pourrait aussi être en Angleterre pour vous tuer,

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