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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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les mains et soupira.
    – Mon frère, vous êtes allé trop loin.
    – C’est le seul moment où j’ai eu peur, intervint
Sir Maurice, en prenant son gobelet qu’il vida avec avidité.
    Cranston, ayant fini le sien, recourait à présent à sa
gourde miraculeuse.
    – Seigneur, qu’est-ce qui vous a pris, Athelstan ?
    – Je ne sais, répondit ce dernier.
    Il s’assit, les jambes tremblantes, ruisselant de
sueur. Il regarda les pièces d’argent.
    – Je suppose que j’en ai assez de voir les
miséreux mourir de faim. Vous avez rencontré Watkin et Pike, mes ouailles, Sir
John. Que Dieu nous protège, comploter contre la Couronne ! Ils sont à
peine capables de pisser droit ! Maître Gervase, avez-vous les noms de
ceux qui sont impliqués à Southwark ?
    Talbot secoua la tête.
    – Rien que des commérages, expliqua-t-il. Des ragots
de marché. Des ombres et des silhouettes aperçues au plus noir de la nuit !
    – Et Mercure ? s’enquit le coroner. Y a-t-il
autre chose que nous devrions savoir ? Une description ?
    Gervase secoua la tête derechef.
    – Vous en savez autant que moi.
    Il saisit le jeune chevalier par le poignet.
    – Mais, Sir Maurice, soyez prudent ! Vous n’avez
pas peur, c’est entendu, vous êtes un soldat audacieux et courageux. Néanmoins,
il ne s’agit pas là d’un combat à bord d’un navire, du fracas des armes sur un
champ de bataille. Mercure viendra comme un voleur dans la nuit et nous
ignorons le jour et l’heure. Et, plus important encore, il peut ne pas agir en
personne mais envoyer quelqu’un d’autre. Prenez garde !
    Quittant la Maison des Secrets, ils traversèrent
Newgate pour se rendre à Cheapside. La large rue était déserte mis à part Leif
le mendiant et quelques autres de la même engeance. Le fléau roux qui
empoisonnait la vie de Sir John se tenait sur le pilori. Une main sur le gros
poteau de bois, l’autre sur la poitrine, il se balançait, en équilibre instable,
la tête rejetée en arrière, les yeux fermés, et divertissait ses compagnons par
une chanson.
    – Par le Dieu vivant ! s’exclama Cranston en
balayant du regard la troupe bigarrée. Ecoutez ça, mon frère !
    Athelstan dut convenir que Leif, en tant que chanteur,
laissait beaucoup à désirer. Comme en réponse à une prière, la fenêtre d’une
échoppe au-dessus de Leif s’ouvrit soudain.
    – Pour l’amour du Ciel ! mugit une voix.
    Le contenu d’un pot de chambre s’écrasa sur le sol, mais
le mendiant fut plus agile et sauta tel un écureuil en bas du pilori. Il se
retourna en montrant le poing.
    – Je vais rentrer, déclara Sir John. Frère
Athelstan, Sir Maurice, voulez-vous venir déjeuner ?
    – Grand merci, Sir John, répondit le dominicain, mais
je dois m’entretenir maintenant avec Sir Maurice. Ce sera sans doute plus sûr à
St Erconwald qu’ailleurs. Sir John, je vous demanderai de l’aide demain.
    – Demain est un autre jour. Mais aujourd’hui c’est
dimanche. Mes marmousets m’attendent et je veux regagner ma demeure avant que
leur papa leur manque trop !
    Il partit d’un pas lourd mais accéléra l’allure quand
Leif, tout à coup, aperçut son grand et gros ami. Le mendiant poussa un cri de
bienvenue et s’approcha en titubant du coroner.
    – Pauvre Sir John ! commenta Athelstan. Venez.
    Ils descendirent Cheapside et franchirent le Pont de
Londres. Southwark était vide et sommeillait sous le chaud soleil d’été. L’église
était silencieuse, la porte close, Godbless et Thaddée endormis sur les marches.
Benedicta s’était occupée de Philomel et avait apporté un plat de ragoût et des
petits pains frais. Athelstan, Sir Maurice, Godbless et Thaddée, sans parler de
Bonaventure, dînèrent donc comme des rois cet après-midi-là. Puis Godbless, suivi
de Thaddée et de Bonaventure le mercenaire, retourna dans le cimetière. Athelstan
ouvrit le grand coffre qui se trouvait sous la petite fenêtre, d’où il sortit
une bure de dominicain.
    – Mes frères de Blackfriars m’envoient toujours
une bure neuve à Pâques et à la Noël. Quelques-unes sont plus longues que d’autres.
    Sir Maurice resta bouche bée et parut encore plus
inquiet quand son hôte, fouillant au fond de l’arche, en ramena une paire de
longs ciseaux aiguisés.
    – Mon frère, qu’est-ce… ?
    – Oui, mon frère, répondit Athelstan. Vous n’êtes
plus Sir Maurice Maltravers mais le frère Norbert de l’ordre des dominicains. Je
vais

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