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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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vous couper les cheveux, faire une petite tonsure et vous apprendre à
marcher et à parler comme un dominicain, si c’est possible.
    Le visage du jouvenceau s’éclaira d’un large sourire.
    – Demain nous rendrons visite à cette enfant de
Dieu, Lady Angelica Parr, au couvent des nonnes de Syon.
    Le jeune chevalier bondit comme un gamin à qui on
aurait promis une récompense fort convoitée.
    – Vraiment, mon père ?
    – Pourvu que vous ne perdiez pas l’esprit et que
Lady Angelica ne nous trahisse pas, qui le saura ?
    – Que se passera-t-il si Sir Thomas a posté des
gardes là-bas ?
    – Les hommes armés ne sont point admis dans les
couvents et les nonnes de Syon n’en font qu’à leur tête, comme vous le
découvrirez.
    – Mais cela ne vous attirera-t-il pas des ennuis ?
    Athelstan referma le couvercle du coffre.
    – Sir Maurice, j’ai toujours des ennuis. Et, pour
l’amour de Dieu, qu’y a-t-il de mal à cela ? Nous agissons au nom de l’amour !
Ce sera ma défense !
    Il assura sa prise sur les ciseaux.
    – Mais tout se paie en ce bas monde. Frère
Norbert, délacez votre pourpoint.
    Une heure plus tard, Sir Maurice Maltravers dut
reconnaître qu’il avait été transformé. Ses cheveux noirs, coupés ras, arboraient
une petite tonsure à l’arrière. Il était à présent vêtu de l’habit noir et
blanc et une cordelette à trois nœuds ceignait sa taille. Il s’exerça à marcher
de long en large dans la cuisine, mains dans les manches, yeux baissés. Bonaventure,
qui était revenu, regardait avec curiosité cette étrange transformation. Athelstan
riait et applaudissait.
    – Et on nous laissera passer l’huis ? s’enquit
le jouvenceau, inquiet.
    – Oh non, pas nous, répondit Athelstan, mais il n’existe
pas une seule porte à Londres que Sir John Cranston ne puisse franchir.
    – Que se passera-t-il une fois à l’intérieur ?
    – Eh bien, je ne m’attends pas que, un genou à
terre, vous fassiez une déclaration d’amour, dit Athelstan en caressant le
matou qui avait sauté dans son giron, mais vous pourrez parler.
    Il fit une grimace.
    – De l’amour en général, en termes spirituels. Mais
vous devrez garder le déguisement et le secret. Si vous ne les respectez pas, je
partirai et ne vous aiderai pas davantage.
    – Que sortira-t-il de tout cela ? interrogea,
tendu, le jeune chevalier.
    – Sir Maurice, je suis un dominicain et nous
sommes à St Erconwald. Je ne fais point de miracles et nous prendrons donc les
choses comme elles viennent. Restez ici !
    Athelstan monta dans sa soupente et rapporta un volume
doré sur tranche et relié en veau.
    – Ce sont les œuvres de saint Bonaventure.
    Il tendit le livre.
    – Non, pas celles du chat ! Un grand
franciscain, docteur en théologie. Ses écrits sur l’amour, surtout celui qui
doit exister entre un homme et son épouse, sont une lecture réconfortante. Mon
passage préféré est celui où il dit que la plus franche amitié est celle qui
doit être entre mari et femme. Asseyez-vous ici et lisez.
    Athelstan se dirigea vers la porte.
    – Je vais prier à l’église, implorer aide et
protection. Ensuite, nous irons vérifier que Godbless est le seul être vivant
qui repose dans notre cimetière !
    Le prêtre sortit. Il alla voir Philomel qui, debout, appuyé sur le côté de
sa stalle, dormait profondément. Puis le dominicain s’achemina vers l’église. Absorbé
dans ses pensées, il n’aperçut pas la silhouette, présence menaçante et maligne,
au bout de l’allée, qui l’épiait avec attention. Dès qu’Athelstan fut entré
dans l’édifice, le guetteur s’accroupit à nouveau pour reprendre son examen
minutieux de l’église et de la petite maison voisine.

CHAPITRE X
             Le soir
tombait, enveloppant Whitefriars de ténèbres. C’était l’heure où grand-rues et
venelles pleines de déchets s’animaient. Fripons et mendiants grouillaient
comme des rats en quête de bons morceaux sur un tas d’ordures, l’œil prompt à
repérer les imprudents, les désarmés, prêts à s’entre-déchirer au moindre signe
de faiblesse. Maisons minables, ruelles et cœurs plus minables encore. Mercure
le savait bien.
    Des années auparavant, cherchant à échapper à la loi, il
avait habité Whitefriars, et sa démarche intrépide, dague et poignard glissés à
la ceinture, suffisait à décourager ceux qui traînaient sur les seuils ou
épiaient derrière les volets

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