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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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d’arme. Monsieur Charles de Fontanel, adossé
à l’arbre qui offrait la seule ombre dans la cour inondée de soleil, sirotait
une coupe de vin et picorait de la nourriture posée sur une serviette à même
ses genoux. Près de lui, sa monture, tenue par un écuyer aux cheveux gras, broutait
l’herbe rare. Dès qu’il les aperçut, Fontanel se dressa d’un bond et se
précipita vers eux comme s’il désirait les rejoindre avant que le gouverneur
ait remarque leur arrivée. Ôtant sa petite calotte, il esquissa un salut des
plus moqueurs.
    – Messire le coroner, frère Athelstan, voilà que
nous nous revoyons !
    Il montra la cour d’un geste large.
    – Selon les lois de la guerre, Sir John, les
prisonniers sont censés être protégés et bien gardés. J’élèverai les plus vives
protestations auprès de monseigneur le régent !
    – Ce n’est point ma faute, déclara Sir Walter en
s’avançant, sa figure cramoisie couverte de sueur, si cet homme s’est échappé !
    – Comment savons-nous ce qu’il en est ? fît
remarquer Sir John. Comment pouvons-nous être sûrs que ce pauvre diable n’est
pas mort et que son cadavre n’est pas caché quelque part dans ce sombre endroit ?
    – Philippe Routier s’est bel et bien échappé, insista
Sir Walter sans daigner jeter un coup d’œil à Fontanel.
    – Montrez-moi les lieux ! ordonna le
magistrat.
    Le gouverneur leur fit traverser le château et les conduisit
dans le petit cortil qui s’étendait derrière le bâtiment principal. Il désigna
le mur du fond.
    – Regardez, Sir John, on peut monter par ici. Il
y avait deux gardes dans le jardin. Les captifs se sont querellés. Routier s’est
servi de ces prises pour escalader le mur du jardin.
    Poussant la grille, il les entraîna dans la cour
poussiéreuse et leur montra un appentis.
    – Il est passé par là sans être vu par les sentinelles,
a grimpé, ouvert un volet et s’est enfui dans la lande.
    – Les soldats sur le chemin de ronde ne l’auraient
donc pas aperçu ? s’enquit Athelstan.
    – Non, en effet, répondit Cranston, désolé de
voir Sir Walter si bouleversé. Les gardes surveillent plutôt l’intérieur du
manoir : leur tâche consiste à veiller à ce que nul ne quitte Hawkmere et
non à s’occuper de qui y entre.
    – Merci, Sir John. Mais ils se sont aussi montrés
négligents ! En fait, ils étaient assis sur le parapet et Routier le
savait sans doute. Une fois qu’on est dehors, le terrain descend et on peut se
dissimuler derrière des buissons d’ajoncs.
    Il haussa les épaules.
    – Mais nous perdons du temps !
    Ils regagnèrent la cour principale. Les trois
visiteurs, accompagnés de Fontanel, se joignirent à Sir Walter et à ses hommes,
qui se dispersèrent dans la lande ensoleillée. Devant eux, les valets lâchèrent
les mastiffs qui se mirent à fureter en quête d’une piste. L’un des chiens la
trouva enfin et, suivi de la meute, bondit dans l’herbe brûlée vers un bosquet
au loin. Les chiens s’immobilisèrent un instant à l’endroit où le sol s’inclinait.
Sir John, en parvenant à cet emplacement, s’accroupit, Sir Maurice près de lui.
L’herbe était écrasée et des miettes de pain étaient répandues tout autour.
    – Il s’est arrêté ici, murmura le coroner. Puis
il a continué. Il a mangé…
    Un hurlement puissant lui coupa la parole. Les soldats
se précipitaient maintenant vers les arbres où les mastiffs se démenaient. Le
son d’une corne s’éleva, dominant cris et aboiements.
    Quand ils atteignirent le boqueteau, on avait
rassemblé les mastiffs à coups de fouet et on les avait rattachés. Le
gouverneur était agenouillé près d’un cadavre étendu de tout son long dans l’herbe,
sous un arbre.
    – Il est mort. Le pauvre diable est raide mort !
    Le petit groupe s’attroupa autour du corps.
    Athelstan s’agenouilla et un coup d’œil sur Routier
lui suffit : la peau était livide, les yeux chavirés, la bouche ouverte
souillée et la langue gonflée. Le dominicain délaça le justaucorps de cuir et
la chemise en lambeaux. Le ventre et la poitrine étaient marbrés de taches
violacées. Au toucher, les mains étaient glacées et cireuses. Aux côtés de la
dépouille, se trouvaient un flacon d’eau et un linge enveloppant du pain et de
la viande séchée. Athelstan se pencha, les ramassa et les sentit : rien ne
lui sembla anormal.
    – Peut-être a-t-il trépassé d’apoplexie, avança
Sir

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