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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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Walter, plein d’espoir.
    Fontanel fit un geste de dénégation.
    – Routier était un marin hors pair, un homme
robuste.
    – Je crains bien de devoir partager l’avis de
monsieur de Fontanel, dit Athelstan en se relevant.
    Il bénit le cadavre.
    – Routier a été empoisonné avant de quitter le
château, ajouta-t-il en désignant le lieu du doigt. Il a eu un malaise – peut-être
étaient-ce les premiers symptômes –, aussi a-t-il fait une pause là où le
terrain descend pour se restaurer un peu. Mais, quand enfin il est arrivé sous
les arbres, le poison avait fait son plein effet. Le malheureux s’est effondré
ici et a rendu l’âme.
    – C’est fâcheux, commenta Fontanel. Ils sont
sujets de la Couronne française. Prisonniers de guerre, ils se sont rendus avec
loyauté et devraient être traités de même.
    – Ce sont des pirates, coupa Sir Maurice en
faisant face au Français. Des pirates, insista-t-il. Il aurait fallu les pendre
sur-le-champ. Rien ne prouve, monsieur de Fontanel, que Routier n’a pas été
empoisonné par l’un de ses compagnons !
    Une querelle se serait ensuivie si Sir John n’y avait
pas mis le holà.
    – Assez ! tonna-t-il. Sir Walter, faites
emporter le corps. Monsieur de Fontanel, nous ferez-vous la grâce de vous
joindre à notre enquête ? Je suggère que nous la commencions dès notre
retour à Hawkmere.
    Un peu plus tard, le coroner, son secrétaire et Sir
Maurice étaient assis autour d’une table sur une estrade dans la grand-salle d’Hawkmere.
Sir Walter avait fait servir du vin coupé d’eau et des morceaux de poulet
fraîchement rôtis. Athelstan trouva nourriture et boisson fort bienvenues et
fut heureux de pouvoir se laver les mains et le visage dans une cuvette remplie
d’eau de rose. Le portier introduisit aussi Aspinall qui était arrivé au moment
où ils rentraient au manoir. Après un examen superficiel du cadavre, le mire
avait corroboré le diagnostic du dominicain.
    – Ce n’est pas une crise d’apoplexie, avait-il
annoncé. Routier a été assassiné de la même façon que le pauvre Serriem.
    Fontanel était installé à un bout de la table. Il
refusa avec ostentation de boire ou de manger quoi que ce soit, comme les trois
autres captifs après que les gardes les curent fait entrer. Sir John ordonna
que l’on verrouille les portes et qu’on y place des soldats. Puis il avala une
gorgée de vin et jeta un regard noir autour de lui. Il avait, auparavant, pris
conseil auprès d’Athelstan et de Sir Maurice qui, tous deux, avaient admis que
la sincérité était la voie la plus sûre.
    – Il y a un tueur à Hawkmere, gronda-t-il. Qui
que soient ces hommes, quoi qu’ils aient fait, ils sont prisonniers de la
Couronne anglaise et méritent d’être traités avec respect. Deux d’entre eux ont
été assassinés. Serriem ici et Routier sur la lande sèche. Comment, et qui est
responsable ? Sir Walter, quand on a découvert le cadavre de Serriem, on n’a
rien trouvé d’insolite dans sa chambre ?
    – Rien, Sir John. Comme je vous l’ai déjà dit, la
dépouille de Serriem gisait sur le sol.
    Le magistrat se tourna vers les Français.
    – Et, pour autant que vous le sachiez, Serriem a
bu et mangé les mêmes aliments que vous ?
    – Oui, zézaya Gresnay, que cette réunion
paraissait ennuyer.
    – Et il en va de même pour Routier ! ajouta
Maneil avec hargne. Nous sommes descendus dans ce maudit endroit, ce matin, dit-il
en montrant la grand-salle d’un geste ample, et avons eu droit au mauvais pain,
à la viande faisandée et au vin éventé habituels.
    – Routier a-t-il consommé toute sa part ? s’enquit
Athelstan.
    – Bien entendu ! Il avait décidé de fuir. Il
avait besoin de se nourrir le mieux possible pour garder toutes ses forces.
    – Mais ce n’est pas exact, rétorqua le dominicain :
quand nous l’avons découvert, il y avait un flacon d’eau, des restes de pain et
de viande près de lui.
    – C’est moi qui les lui avais donnés, signala
Gresnay en levant une main nonchalante.
    – Pourquoi ?
    – Parce qu’il était sur le point de s’échapper. Il
nous en avait fait part la veille.
    – Et c’est pour cela que vous avez accepté de
feindre une querelle dans le jardin afin de détourner l’attention des
sentinelles ?
    – Très perspicace, commenta Gresnay d’une voix
traînante.
    – Pourquoi voulait-il s’enfuir ? reprit le
dominicain sans relever la raillerie.
    – Parce

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