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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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Je vous assure, Athelstan, Lady Monica, ou Isabella Fitzpercy, nom
sous lequel on la connaissait quand j’étais mince comme un fil, est une femme
redoutable.
    – Je veux bien vous croire, admit le dominicain
en buvant de bon cœur. Je vais prier saint Antoine de Padoue, mon saint favori,
pour que le prieur Anselm ne découvre jamais cette supercherie.
    Il trinqua avec Sir Maurice.
    – Mais je vous préviens que s’il le fait, vous
devrez rejoindre l’ordre des dominicains. Vous ferez un fort bon prêcheur, Sir
Maurice.
    – Je me sens mal, gémit le jeune chevalier. Croyez-moi,
messires, j’ai pris des bateaux à l’abordage, j’ai combattu corps à corps dans
les batailles les plus sanglantes, mais je n’ai jamais éprouvé une telle peur !
    – Avez-vous été amoureux de Lady Monica jadis ?
interrogea Athelstan.
    Cranston s’ébouriffa les cheveux et tortilla sa
moustache.
    – Dans ma jeunesse, commença-t-il en avalant une
rasade, dans ma jeunesse, j’étais un vrai galant au pied léger, à l’œil perçant
et à l’esprit vif. Je dansais, oh je dansais, Athelstan ! C’était l’époque
glorieuse où Edouard le Grand tenait sa cour. Je ne veux point vous offenser, mais
les hommes tels que Sir Maurice étaient aussi nombreux que galets sur la plage.
J’étais mince comme un lévrier, rapide comme un faucon fondant sur sa proie !
    Il essuya une larme.
    Athelstan jeta un regard d’affection à l’énorme
bonhomme, généreux et joyeux, au corps aussi gros que le cœur.
    – Vous vous êtes fort bien comporté, Sir Maurice,
approuva le magistrat, qui commanda une autre chope d’une voix de stentor. Et
Lady Angelica est ravissante. On pourrait perdre son âme dans ces yeux-là. Si j’étais
plus jeune…
    Il tapota son nez volumineux.
    – N’en dites rien à Lady Maude mais, si j’étais
plus jeune, Sir Maurice, j’entrerais en lice contre vous. Oh, les beaux jours
que c’était là ! Comme le temps passe ! soupira-t-il.
    – J’ai remarqué quelque chose, intervint
Athelstan en reposant sa chope sur la table.
    Il contempla un jeune garçon assis sur le seuil, une
touine apprivoisée sur les genoux.
    – Lady Angelica ignore tout de l’affaire de La Lampe d’or. Si elle avait été fomentée par Sir
Thomas Parr, il l’aurait apprise à sa fille sur-le-champ.
    – J’y ai pensé, commenta Sir John, le nez plongé
dans sa chope, qu’il posa en clappant des lèvres. J’ai ordonné à mon scribe, Simon,
un vrai furet, de chercher parmi les catins et les gueuses, les bordels et les
putains, s’il manquait une jeune femme.
    – Sir John ?
    Une silhouette s’encadra dans la porte.
    – C’est pure magie ! Il suffit que je parle
de lui et il apparaît ! Par ici, Simon !
    L’échalas de scribe approcha en trottinant. Sir John
lui tendit sa chope que l’homme vida d’un trait. Puis il sourit devant le
regard furibond de son maître.
    – On a apporté un message au Guildhall. On a
besoin de vous à Hawkmere.
    Il jeta un coup d’œil intrigué à Sir Maurice.
    – Je vous connais, ce me semble ?
    – Occupe-toi de tes affaires ! coupa
Cranston. Que s’est-il passé à Hawkmere ?
    – L’un des captifs s’est enfui et Sir Walter
Limbright est fou furieux !
    Ils arrivèrent à Hawkmere, échevelés, couverts de
poussière et ruisselants de sueur. Sir Maurice avait ôté ses habits de dominicain
et portait, à présent, des guêtres de laine brune, une chemise blanche et sa
cape militaire jetée sur l’épaule. Pour un penny, Simon avait été chargé de
rapporter à St Erconwald les vêtements de prêtre du jouvenceau.
    Cranston les avait entraînés au pas de charge à
travers Farringdon Ward et Holborn. Il n’avait fait quelques pauses que pour
reprendre haleine et s’exclamer à haute voix :
    – Un prisonnier français en fuite ! Limbright
va avoir des comptes à rendre !
    Hawkmere était sens dessus dessous. Soldats et archers
se pressaient dans la cour. Des chasseurs retenaient d’énormes mastiffs, dont
les aboiements résonnaient entre les épais murs gris, et qui tiraient sur leur
laisse. Des cavaliers allaient et venaient. Sir Walter, tout en épongeant son
visage en sueur, faisait les cent pas en hurlant des ordres. Assise sur les
marches de la grand-salle, sa fille, avec son visage de pleine lune, cueillait
on ne savait quoi sur le sol. Les trois captifs français se tenaient tout près,
sous l’étroite surveillance d’hommes

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