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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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s’approcha en grognant, mais les
chats le chassèrent. Dans la flaque de lumière des lumignons. Sir Maurice jeta
un regard de pitié sur la silhouette enduite de goudron qui pendait à une
potence improvisée : un larron qu’on avait arrêté en flagrant délit et
exécuté sur les lieux de son crime. Les bourreaux avaient couvert le corps d’une
poix qui brillait, sinistre, à la lueur dansante des torches.
    Sir Maurice regagna le sentier près de l’église. Qu’allait-il
lui arriver quand Gand aurait vent de l’aventure ? Resterait-il en faveur
ou tomberait-il en disgrâce ? Le régent avait fort mauvais caractère et il
n’y avait pas de pardon pour ceux qui le trahissaient.
    Les cloches de St Mary-le-Bow se mirent à égrener
complies. Sir Maurice s’inquiéta. Angelica tiendrait-elle parole ? Il
entendit des bruits de sabots et s’avança mais les silhouettes qui émergèrent
des ténèbres n’étaient pas celles qu’il attendait : ce n’était ni Angelica
ni Rosamunda. À leur place il reconnut les hommes de main de Sir Thomas
conduits par Ralph Hersham. Ils descendirent de cheval et s’avancèrent, épée et
dague au clair, en se déployant en éventail.
    – Que voulez-vous ?
    Il eut l’impression que la déception lui brisait le
cœur.
    – Ne soyez pas stupide, déclara Hersham en faisant un pas en avant, nous
sommes cinq et des renforts arrivent. Nous ne voulons point croiser le fer avec
vous, Maltravers. Nous vous apportons un message. Mon maître vous informe qu’il
sait qui vous êtes et qu’il vous rejette. Il vous interdit de revoir sa fille. Ne
vous avisez point – Ralph eut un sourire malin – de venir roucouler sous les
fenêtres de la maison : Angelica se trouve à présent chez les nonnes à
Syon sur la Tamise. Elles ont reçu l’ordre strict de vous laisser à la grille !

CHAPITRE II
             Sir
John Cranston, coroner de la ville, laissa tomber sa masse dans la chaire de la
petite pièce dont il disposait au Guildhall. « Il a l’air fort alerte »,
pensa Simon, son scribe. Le magistrat portait un pourpoint de Bourgogne, une
chemise de batiste blanche, des chausses et de souples bottes en cuir d’Espagne.
Ses cheveux, huilés, étaient rejetés avec soin en arrière ; sa moustache
et sa barbe se hérissaient d’impatience.
    – Pourquoi sommes-nous ici, Simon ? questionna
Sir John en se tapotant l’estomac.
    Il déboucla son épais ceinturon de cuir et le jeta
par-dessus le bord de son siège.
    – Quand je sortirai, assure-toi que je n’oublie
pas de remettre mon épée et mon poignard dans leur fourreau. Le coroner du roi
ne peut se montrer trop prudent dans cette vallée de vilenies !
    – Bien sûr, Sir John.
    Simon n’osait lever les yeux. Il avait du mal à s’empêcher
de sourire devant ce qui allait se passer. Simon avait raconté à sa femme que, bien
qu’il fût bon et eût le cœur sensible, Sir John Cranston n’était point d’humeur
facile, et, quand il était pris de court, une véritable tapisserie de ses états
d’âme et émotions se peignait sur sa face rubiconde.
    – Bon ! déclara Sir John en s’appuyant sur
les accotoirs de sa chaire. Où est Adam Wallace ? Il prétend qu’il a
quelque chose d’important à me confier. J’ai entendu la messe et ai déjeuné :
je suis tout disposé à écouter un homme de loi.
    – Je le vais quérir.
    Simon se leva et descendit l’escalier.
    Le magistrat se rencogna sur son siège et se gratta le
crâne. La veille, dans l’après-midi, Wallace lui avait envoyé un message
annonçant qu’il devait lui apprendre une nouvelle d’importance et qu’il lui apporterait
un legs de la vieille Blanchard, une veuve qui vivait à Eel Pic Lane. Sir John
s’était demandé, toute la soirée, de quoi il pouvait bien s’agir. La Blanchard
avait été une joyeuse commère : Sir John était souvent passé la voir pour
s’assurer que tout allait bien pour elle. Son époux avait combattu avec lui en
France. Peut-être voulait-elle lui remettre quelque souvenir ? Ou… ? Il
ouït un craquement dans l’escalier. Simon fit irruption dans la pièce, les bras
ballants. Les yeux bleu clair du magistrat flamboyèrent. Il se rendait toujours
compte des moments où son scribe se gaussait de lui : ce dernier se
faisait alors tout humble, épaules rondes, menton rentré et tête baissée.
    – Qu’y a-t-il, Simon ?
    – Il vaudrait mieux que vous veniez voir, Sir John.
    Wallace, suivi

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