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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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d’un jeune bouc, entra en se dandinant.
    – Pour l’amour du ciel ! s’exclama sir John
en se levant à moitié.
    Wallace était un homme vaniteux et chétif, la goutte
au bout de son nez crochu, ses petits yeux noirs sans cesse en quête d’un gain
ou d’un profit. Il sourit avec suffisance en remontant sa chape sur ses épaules.
Il portait un rouleau de parchemin et s’approcha de la table du coroner.
    – Vous êtes bien Sir John Cranston, coroner de la
ville ?
    – Naturellement, satané imbécile ! Pour qui
me prenez-vous ? Pour l’archange Gabriel ?
    – Là, là, Sir John, je ne fais que mon devoir en
respectant la loi, ses us et ses coutumes.
    – Assez ! Que faites-vous en ma cour avec ce
maudit animal ?
    Il désigna le bouc tout en jetant un coup d’œil
menaçant à son scribe qui, penché sur sa table, épaules tressautant, faisait
mine de tailler sa plume.
    – J’ai donc en face de moi Sir John Cranston, coroner
de Londres, continua Wallace, lugubre. J’ai apporté en votre tribunal, selon la
loi, ses us et ses coutumes, le testament d’une dénommée Eleanor Blanchard, veuve
de cette paroisse. Je suis son exécuteur légal, reconnu par la cour de la
Chancellerie !
    Le magistrat brandit un doigt boudiné sous le nez de
Wallace.
    – Si vous n’en finissez pas, je vous fais jeter à
la Fleet pour outrage !
    – La veuve Blanchard est morte, bredouilla
Wallace. Son testament a été ratifié. Elle vous fait don de ce bouc. Elle a
aussi stipulé que ce cadeau devait vous être remis en votre tribunal suivant
les formes de la loi, ses us et…
    – Silence ! mugit Sir John. Silence, pauvre
niais !
    Wallace recula, tête basse. Sir John pouvait voir son
sourire narquois. Eleanor Blanchard avait un vif sens de l’humour. Elle avait
souvent fait allusion au bouc mais Cranston ne l’avait jamais vu. Et à présent,
l’animal étant conduit ici, en son tribunal, il ne pouvait que l’accepter. Les
mots jaillirent de sa bouche avant qu’il pût les retenir.
    – Je ne veux point de bouc !
    – Sir John ! Sir John !
    Wallace, yeux écarquillés, joua les outragés.
    – C’est la dernière volonté de cette pauvre femme.
Si vous refusez ce cadeau apporté à la cour…
    – Oui, oui, je sais, le singea le magistrat. Selon
la loi, ses us et ses coutumes, je dois décider de ce qu’il en adviendra. Je
pourrais m’en défaire.
    Il décocha un large sourire à Simon.
    – Messire, intervint ce dernier en se dressant d’un
bond, vous n’ignorez pas que le tribunal du coroner est le tribunal du roi. Si
vous dédaignez ce legs, alors le bouc appartient à la Couronne.
    – Et s’il appartient à la Couronne… ajouta Wallace
avec malice.
    Sir John se rencogna d’un air las.
    – Je sais, je sais.
    Il fit un geste.
    – La Couronne ordonnera qu’on le conduise à l’abattoir
et qu’on en tire le meilleur prix.
    Il regarda l’animal qui, l’air plutôt docile et
obéissant, avait fière allure : robe mouchetée d’or, petites cornes
pointues et droites, yeux doux. Il mâchonnait sans bruit quelques victuailles
trouvées dans la cour, en bas.
    – Portez-vous bien, Sir John !
    Wallace salua et sortit, secoué de rire.
    Le magistrat le suivit et, du pied, claqua l’huis
derrière lui. Il fit demi-tour, se laissa tomber dans sa chaire et examina la
bête.
    – Par l’enfer, que suis-je censé faire de toi ?
    – Vous pourriez le ramener chez vous, Sir John.
    – Lady Maude a grand-peur des boucs. À propos, comment
ce rusé bâtard l’appelle-t-il ?
    Simon farfouilla dans les morceaux de parchemin épars
sur sa table.
    – Heu… Judas, messire le coroner.
    – Plaît-il ?
    – D’après ce document, la veuve Blanchard le
nommait Judas.
    Le scribe luttait pour que son long visage émacié restât
impassible.
    – Wallace, l’homme de loi, a dit qu’il s’appelait
ainsi.
    – As-tu vu le testament ?
    – Bien sûr, Sir John. La veuve Blanchard avait
peu de biens. Elle a insisté pour que Judas vous soit remis en main propre.
    – J’aurais dû demander à Wallace une copie de l’acte.
    Simon fouilla derechef parmi les écritures.
    – Il en a apporté une avant votre arrivée, Sir
John.
    Le coroner l’arracha des mains de son scribe, examina
la note du clerc puis la jeta loin de lui. Le parchemin tomba au sol et, avant
que lui ou Simon puissent faire quoi que ce soit, le bouc s’avança en
trottinant, s’en empara et se mit à le

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