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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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mains croisées sur ses seins nus. Il se précipita, éclaboussant dans sa hâte le parquet, déposa le baquet ondulant de vaguelettes à ses pieds et s’inquiéta :
    –  Est-ce que tu vas bien ? Ta blessure est légère, je vais te soigner !
    Elle le regarda tristement :
    –  Tu n’étais pas là quand je me suis éveillée. J’ai cru…
    –  Tu as eu tort, Albérie, mais j’ai bien davantage de torts moi-même. C’est fini. Je suis là. Comme avant.
    Il l’embrassa tendrement sur le front puis entreprit de nettoyer la plaie. Il ne voulait pas la brusquer. Il saurait attendre qu’elle ait envie de sa confiance. Cela ne tarda pas cependant :
    –  Je ne comprends pas ce qui a pu se passer. Cythar s’est dressé contre moi. C’est la première fois. Loraline s’est interposée, mais j’ai eu le sentiment que c’était pour le protéger, lui. Il devient jaloux avec l’âge. Il a vu naître la petite, à présent que sa mère n’est plus il se sent peut-être en devoir de marquer son territoire.
    –  Dis la vérité à ta nièce !
    –  Jamais. Je ne veux pas qu’elle vive les mêmes tourments que moi.
    Le silence retomba tandis qu’il achevait de lui bander l’épaule. Lorsqu’il vint s’asseoir à ses côtés, elle laissa échapper dans un murmure :
    –  Jamais je ne m’étais sentie aussi seule. Je croyais t’avoir perdu.
    Il l’enlaça délicatement pour ne pas lui faire mal. Il avait passé la nuit à chercher ses mots, ils lui semblaient si évidents soudain.
    –  Moi seul en aurais été responsable. Regarde-moi, Albérie. Je me suis réfugié dans le mensonge pour mieux me convaincre de ta culpabilité. Non pas dans les événements de ces derniers mois mais dans ton refus de m’appartenir. J’ai bien réfléchi à tout cela, aux conséquences de nos actes. Je m’en moque. Je n’ai plus de biens, plus vraiment de titre, ni de terre, que laisserais-je à mes fils si je devais en avoir ? Ni fortune, ni nom, ni gloire. Ma lignée peut se perdre, je ne regretterai rien.
    –  A l’intérieur de mon ventre, il y a la bête…
    –  Je la dompterai car je ne la crains pas.
    –  Et si l’enfant vient ?
    –  Toi seule décideras. Selon ton cœur et ton âme. Qu’il vive ou meure, je ne te reprocherai rien. Nous en assumerons les conséquences ensemble. Je t’en prie, ne me refuse pas le droit de te faire aimer la femme qui est en toi.
    –  Je ne sais pas si je pourrai supporter…
    –  Nous prendrons le temps. Ma vie entière s’il le faut.
    –  Et dame Antoinette ?
    –  Je me suis laissé séduire. Elle était en manque d’amour. Moi aussi. Les Chazeron obtiennent toujours ce qu’ils désirent, tu le sais. Je dois lui donner le temps de se détacher de moi, je ne veux pas que son courroux t’atteigne. Tu dois me faire confiance, Albérie.
    –  Tu l’aimes, pourtant.
    –  Je l’ai cru, oui. J’avais besoin de cet amour. Je me suis perdu. J’ai failli te perdre. Pardonne-moi.
    –  Ce n’est pas toi que je hais, c’est moi.
    –  Je le sais. Il est temps que cela cesse.
    Il chercha ses lèvres avec douceur. Elle ne se déroba pas. Ce soir, lorsque les siens l’avaient chassée, elle avait perdu ses repères.
    –  Sois mienne. Cette nuit, gémit Huc avec tendresse.
    Il l’allongea précautionneusement sur la courtepointe. Elle serrait toujours ses bras contre ses seins nus pour les dissimuler. Il les couvrit de baisers tendres, prit le temps de fouiller sa bouche, son cou, sa gorge, de ses doigts et de ses lèvres, jusqu’à fléchir sa résistance, jusqu’à accélérer son souffle et les battements de son cœur. Lorsqu’il dénoua cette barrière de convenance, elle ferma les yeux pour fuir son verdict.
    –  Tu es belle, chuchota-t-il.
    Il était sincère. Il se souvenait de la poitrine chaleureuse et dure d’Isabeau pour avoir tenu la jouvencelle violentée dans ses bras. Son regard s’était fait pudique. Aujourd’hui, il retrouvait dans les seins de son épouse le souvenir des rondeurs d’un blanc laiteux d’Isabeau. Il les embrassa tendrement, passionnément, empli de désir, malgré les traces de lutte sur la peau douce, malgré l’odeur du sang que l’eau n’avait pas totalement effacée.
    Albérie ne bougeait pas. Il la sentait tendue à la fois de désir et de crainte. Il acheva de la déshabiller en silence. Par moments, quand un frisson la parcourait au contact de ses mains, il posait un baiser et la rassurait

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