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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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besognait au château de Montguerlhe. En rangeant une pile de draps dans un réduit, elle avait surpris un des hommes qui s’engouffrait dans un passage. Elle aurait dû mourir avec les autres, mais le hasard voulut que cette triste nuit elle soit absente, retenue au chevet de sa mère malade. Elle apprit le surlendemain qu’une épidémie s’était déclarée au château. Effrayée, elle courut voir l’abbé du Moutier pour qu’on l’examine. Au lieu de quoi l’abbé lui posa moult questions en lui faisant promettre de ne jamais dire qu’elle avait travaillé à Montguerlhe. Elle comprit alors que quelque chose de terrible était arrivé et, pour ne pas risquer d’y être mêlée, affirma ne rien savoir des agissements des hôtes du lieu. Cette femme était mon aïeule. Quelque temps plus tard, la rumeur courut que tous avaient péri de cette étrange maladie, et pendant de longs mois Montguerlhe résonna des pas de ceux qui cherchaient désespérément l’or. Elle se fit engager au château l’année suivante par le nouvel intendant et put actionner le mécanisme discrètement. Et, après bien des recherches, c’est finalement ma grand-mère qui découvrit le trésor. Toutes les légendes ont une part de réalité, Philippus. Mais cet or, comme les loups, appartiennent à la montagne. Peux-tu m’assurer que dans ton monde j’aurais une place plus importante que la mienne ici ?
    –  L’or ne sert à rien s’il n’est pas dépensé ! affirma Philippus pour contourner la question.
    –  J’ai en ce lieu tout ce que je désire. Avant de te rencontrer il y avait un grand vide en moi ; si tu choisis de partir, cet enfant le comblera.
    –  J’ai deux mois pour te convaincre, car, quoi que tu en dises, Loraline de Chazeron – elle tiqua, je crois que ce qui continuera de te manquer après moi pour ton enfant, c’est un nom. Celui de son père, celui qu’à l’un et l’autre je pourrais vous donner. Je suis pauvre, c’est vrai, mais bien plus riche que toi d’une identité et d’un titre. Et l’amour que je te porte a plus de valeur à mes yeux que toutes tes fausses raisons pour éviter d’affronter le monde extérieur.
    Un instant il crut qu’elle allait éclater en sanglots, mais il n’en fut rien. Son regard se durcit au souvenir de cette blessure qu’il avait sciemment ravivée. Puis son visage se détendit et son sourire reparut :
    –  Soit, dit-elle. Nous avons deux lunes l’un et l’autre pour choisir notre destin. Lors, Stelphar te raccompagnera aux portes de la ville et tu rentreras chez toi pour régler tes affaires. Tu reviendras pour m’aider à mettre l’enfant au monde et nous reparlerons de tout cela. Quatre mois auront passé sur nos peines et notre solitude. Nous serons plus forts de nos choix, pour ne rien regretter. Cela te convient-il, Philippus ?
    –  Cela me convient.
    Elle s’avança vers lui, se hissa sur la pointe des pieds en faisant rouler quelques pièces dans son mouvement, et lui tendit ses lèvres à baiser. Fou de son odeur musquée de sauvageonne, il l’enlaça pour l’attirer à lui. Dans un glissement de monnaie, ils partirent enlacés en arrière, roulèrent contre une jarre qui se renversa sous l’impact et répandit sur eux son aumône resplendissante. Ils restèrent longtemps mêlés par un même fou rire, relâchant d’un coup cette peur fugitive de l’inconnu qui mène à la croisée des chemins.
    –  Je t’aime, Loraline, finit par dire Philippus en secouant ses longs cheveux couverts de piécettes.
    –  Je t’aime aussi. Puisses-tu ne jamais m’oublier !
     
    Loin de là, dans le petit village de Saint-Rémy-de-Provence, Michel de Nostre-Dame scrutait le thème astral de son ami, étalé devant lui, en se mordillant les lèvres nerveusement. Il avait beau recommencer encore et encore depuis des mois, la même image fugitive se dressait une fois de plus devant ses yeux : celle de son ami hurlant parmi les loups dans une forêt de flammes.

16
     
     
     
    « Parle-moi de ta mère… » avait lancé Philippus. Il avait brusquement pris conscience qu’elle était l’âme de cette grotte, la raison de l’attachement profond de Loraline à cet endroit. Au long de ces cinq lunes, il n’avait pas vraiment cherché à connaître Isabeau et cela lui était soudain devenu indispensable.
     
    « J’ai eu des visions d’elle différentes au fur et à mesure que je grandissais, lui avait répondu Loraline. Je me souviens

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