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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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qu’est ma place.
    –  Non, c’est-ce que l’on t’a fait croire, mais c’est faux. Je ne te demande pas de renier tout cela, je t’aime pour ce que tu es, mais tu mérites de connaître le monde, sa beauté, sa richesse, tout ce qui te manque.
    Elle éclata d’un rire triste.
    –  Tu crois que la richesse me manque, Philippus ? Je pourrai pourtant t’offrir ce monde qui t’attire tant si je le voulais. Je suis naïve des choses de l’amour, mais pas de celles de la haine et du chagrin. La laideur dans ton monde est plus grande que la beauté. Je le sais, je l’ai vu dans les yeux de ma mère et de ma grand-mère. Ici je suis en sécurité, avec eux. Reste, toi ! Je pourrais infléchir Stelphar, acheva-t-elle dans un souffle.
    Philippus sentit ses jambes flageoler. Il n’avait pas envisagé de rester. Pas un seul instant. Pas sérieusement. Ils étaient dans une bulle coupée du temps, de tout. Cela lui suffisait pour l’instant, parce qu’il se sentait encore invalide, parce que Loraline remplissait tout, mais il savait qu’il ne pourrait se satisfaire de cette vie de taupe. Et puis il y avait son père qui comptait pour lui et sur lui, il y avait tous ces malades présents et futurs qui seraient reconnaissants de son prodigieux savoir. Il avait de grandes choses à apporter à l’humanité. Il le savait. Il pourrait les partager avec Loraline, en fondant une vraie famille, en lui donnant un nom. Un vrai nom, une véritable identité dans un univers qui la respecterait, qui saurait l’entendre lorsqu’elle lui communiquerait un peu de ses connaissances sur l’anatomie animale. Il ne pouvait laisser tout cela se perdre, il ne pouvait renoncer au fabuleux destin qui s’offrait à eux. Et à leur enfant.
    Il tenta de le lui expliquer, mais les mots lui semblaient creux, sortis de son propre raisonnement. Il finit par comprendre que pour elle ils étaient vides de sens.
    Alors, elle se leva. Son visage s’était fermé au fur et à mesure qu’il s’empêtrait dans des justifications sans fondement.
    –  Viens, lui dit-elle. Je vais te montrer quelque chose.
     
    Ils marchèrent en silence, éclairés seulement par la lanterne que Loraline tenait d’une main ferme. Philip-pus respecta son mutisme tandis qu’ils s’enfonçaient dans les entrailles de la terre. Leurs pas sur le roc produisaient un écho régulier, troublé par le raclement des griffes de Cythar qui les suivait.
    –  Les loups ne sont pas éternels. Ils sont vieux déjà. Que te restera-t-il après eux ? avait-il marmonné maladroitement en lui emboîtant le pas.
    Pour toute réponse, elle avait serré les dents et les poings. Un instant il se dit qu’elle allait peut-être le perdre ou l’emprisonner quelque part, mais il chassa aussitôt cette idée de sa tête. Il avait confiance en elle parce qu’elle l’aimait. Vraiment.
    Ils marchèrent un moment, dans des relents de sulfure, et cependant l’air ne lui manquait pas ; à peine sentait-il la fatigue dans sa jambe, qu’il soulageait d’une béquille. Par endroits il devait baisser la tête ou se faufiler entre deux rochers sur le côté en rentrant le ventre, mais, il était prêt à le jurer, comme les autres souterrains de Montguerlhe, celui-ci avait été taillé de main d’homme.
    Ils finirent par arriver dans un cul-de-sac.
    –  Attends là, dit-elle d’une voix dure.
    Il ne bougea pas, mais retint Cythar par le col, comme il allait suivre sa maîtresse. Le loup s’assit contre son mollet. Avec lui, il retrouverait toujours son chemin. Peu à peu, une lumière douce s’alluma derrière un rocher qui masquait une ouverture dans la paroi et qu’il avait entendu glisser.
    Loraline réapparut enfin et lui fît signe. Il lâcha alors Cythar sans prendre garde aux poils qui lui étaient restés en main et s’avança sur le seuil. Ce qu’il découvrit dans cette petite pièce lui coupa net le souffle. Une cascade d’or. Des jarres s’empilaient les unes sur les autres, remplies de pièces et de pierres précieuses. Jamais il n’en avait vu autant. Jamais. Sur chacune d’elles, un blason sculpté dressait son hommage.
    –  Comme tu peux le voir, expliqua avec amertume la voix de Loraline, je pourrais racheter au-dehors tout ce que je n’ai pas ici. Tout oui, sauf le bonheur que tu me donnes.
    Sa voix s’était faite tremblante sur ces derniers mots. Il comprit qu’elle retenait ses larmes.
    Il ne trouva rien à dire. Il avait peur que ceci ne

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