Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
prendre toute la place. Alors, ses certitudes vacillaient.
    Lorsqu’il jugea qu’il avait mis assez d’ordre dans sa vie pour pouvoir la commencer avec elle, il reprit la route, fort de ses résolutions, avec le secret espoir qu’elle refuserait de le suivre et saurait le convaincre de rester. Là-bas. A ses côtés. Tout en sachant que ni l’un ni l’autre ne seraient jamais à leur place.

17
     
     
     
    –  Chazeron est revenu à Montguerlhe hier pour s’inquiéter de son épouse qu’il a délaissée jusqu’alors. La venue de l’enfant est proche, Loraline, nous devons agir. Maintenant, affirma Albérie en frappant du poing sur la table.
    –  Je suis fort grosse, ma tante, j’ignore si je pourrai…, mentit Loraline, sachant que sa tante ne serait pas dupe.
    –  C’est ta dernière chance de venger ta mère. Le médecin reviendra bientôt, il te l’a promis et je sais qu’il tiendra parole. Tu te languis de lui, je le vois bien.
    De fait, pas une fois, depuis que Philippus était parti, Loraline n’avait su se convaincre de son absence. Malgré elle, elle guettait son pas, tendait l’oreille chaque fois que Cythar dressait la sienne. Elle caressait son ventre rond comme une promesse. Mais le temps lui pesait. D’autant que deux vieux loups étaient morts peu après l’hiver. Ils avaient usé leurs dernières forces à affronter le froid, la malnutrition. Elle savait que Philippus avait raison. Cythar ne serait pas éternel. La meute qu’elle protégeait la connaissait, mais qu’en serait-il des autres qui viendraient la grossir par l’accouplement des trois femelles restantes ? Elle ignorait si son enfant serait toujours en sécurité. De plus, elle ne pouvait nier l’évidence. Était-ce cette vie-là qu’elle souhaitait pour son petit ? Ou une existence telle que sa mère et sa grand-mère en avaient rêvé ?
    –  Il voudra que je reparte avec lui.
    –  C’est un être généreux et sincère. Tu auras raison de le suivre. Il est temps que les choses reprennent leur place, Loraline. Tu as le droit d’être heureuse, et l’enfant que tu portes aussi. Mais tandis que tu le berceras contre toi, tu ne pourras t’empêcher de songer à ta mère, à sa vengeance avortée, à ces enfants que François de Chazeron continuera de sacrifier pour tenter de trouver la pierre philosophale. Le remords te vieillira. Tu ne pourras être entière s’il continue, lui, à exister. Tu sais que j’ai raison. Il faut en finir avec cet être malfaisant. Ensuite tu seras véritablement libre.
    Loraline détourna le regard. Oui, elle savait tout cela. Mais Philippus pourrait-il le comprendre, l’aimer tout de même si elle allait au bout de son geste ?
    –  Il t’a aimée malgré cela, il t’aimera encore de ne pas avoir trahi ta mémoire, l’assura Albérie comme si elle avait pu lire dans ses pensées. Antoinette a refusé de retourner accoucher à Vollore ; le terme est dans une semaine, peut-être avant si j’en juge par la pleine lune proche. Le frère Étienne lui a conseillé le lit jusque-là et, malgré la colère de François, elle a opposé à sa requête une grande fermeté. Il a décidé de rester pour s’assurer qu’elle mettra son fils au monde. Nous avons peu de temps, Loraline. Tu lui donneras deux doses, une n’y suffirait pas car il doit être un peu immunisé. La première l’indisposera, la deuxième sera sans rémission. Il mourra en vingt-quatre heures tout au plus. Antoinette mettra son enfant au monde, s’en retournera chez elle et ramènera la sérénité sur ces terres pour le bonheur de tous. Toi, tu partiras avec l’homme que tu aimes et ton enfant aura sans doute le meilleur des pères.
    –  Et toi, tante Albérie ?
    –  Moi, je serai en paix. Je serai délivrée de ce secret qui me pèse puisque tu pourras me rendre visite au grand jour. Tu porteras un nom honorable et nul ne songera à médire. Huc et moi serons heureux. Je n’aurai pas de descendance mais ce sera mieux comme cela.
    –  Pourquoi dis-tu cela ? Tu serais une bonne mère…
    Albérie hésita un instant, puis se décida :
    –  Ta mère n’a jamais voulu que tu saches la vérité, sans doute pour te protéger, pourtant j’ai du mal à croire que jamais tu n’aies vu l’évidence. Après ton départ, je veillerai sur les loups.
    Albérie prit les mains calleuses et chaudes de sa nièce. Ce poids ne lui pesait plus soudain, elle savait que dans l’aveu elle jetterait hors

Weitere Kostenlose Bücher