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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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d’aimer Antoinette, l’inverse n’était pas vrai.
    Elle n’avait que de bonnes nouvelles de sa sœur, grâce à Antoine de Colonges qui entretenait une étroite correspondance avec l’abbé Boussart. Albérie avait insisté pour qu’il ne transmette aucun élément pouvant perturber le nouveau bonheur d’Isabeau. La mort de François de Chazeron avait simplement été retardée. Lorsque tout serait terminé, elle raconterait à sa sœur le merveilleux destin qui attendait Loraline.
    Tout serait parfait.
     
    Ce 30 juin 1516, François de Chazeron s’éveilla avec la sensation qu’une gueule impitoyable fourrageait son ventre en l’étripant. Il reconnut aussitôt cette morsure et n’eut que le temps de se tourner sur le flanc pour vomir sur le parquet, à côté du lit.
    Il fut sur le point d’appeler à l’aide mais se retint. Les suppositions les plus folles se bousculaient dans sa tête migraineuse. Il se revoyait monter les degrés jusqu’à sa chambre, sans parvenir à réprimer un bâillement interminable. Il avait voulu saluer son épouse, mais elle était déjà endormie, son plateau vidé reposant sur sa table de chevet. La maisonnée entière lui avait semblé somnolente à la veillée, au point qu’il s’était demandé ce qui pouvait bien retenir son épouse en ce lieu à présent que Huc de la Faye se désintéressait d’elle. Tentait-elle par sa seule présence de le reconquérir ? Il s’était promis d’y mettre bon ordre en la rappelant dans sa couche dès ses relevailles, puis il s’était écroulé sur son lit, en ayant à peine la force de se dévêtir.
    Tout cela avait un exécrable relent de déjà vu. Jusqu’à cette bile pestilentielle, entremêlée de sang. Malgré son vertige et la douleur qui le pliait en deux, il se força à se dresser sur son lit.
    Il avait éloigné Huc avec mission de ramener le prêt que lui avait consenti Bourbon pour célébrer le baptême en grande cérémonie, et l’assurance que le roi lui-même y assisterait. Il savait François I er très occupé avec ses campagnes d’Italie, mais il voulait croire que Bourbon le convaincrait. Huc ne pouvait donc être impliqué dans cette affaire. Son épouse avait semblé peu enchantée de le revoir, mais son état lui interdisait toute manigance. Il ne pouvait s’agir que de cette Albérie. Pourtant il lui répugnait de s’en prendre à elle. Il ne parvenait pas à la croire bien dangereuse. Elle avait eu mille fois l’occasion de se venger de lui ; pas davantage que son époux elle n’en avait eu le courage. De plus, grâce à l’amour que Huc de la Faye lui portait, il s’assurait de la fidélité et de la loyauté du prévôt.
    Chazeron se détourna une nouvelle fois pour vomir, le cœur battant la chamade, les mains plaquées sur son ventre. Et si tout cela n’était qu’une coïncidence ? Si cette chambre même avait été empoisonnée par quelque substance déposée par ce voleur de von Hohenheim…
    Lorsqu’il se redressa, son regard accrocha le foyer de la cheminée. On avait brûlé quelques branches à son arrivée pour chasser de la pièce l’humidité qu’un hiver sans chauffage y avait laissée. Il se rappela que le feu se mourait la veille quand il était monté se coucher. Il se força à se lever et à gagner l’âtre, dans l’espoir que quelques braises subsistent et apaisent sa douleur en lui prodiguant leur chaleur.
    Il saisit la pique et escharbota la poussière grise sans parvenir à trouver le moindre rougeoiement. Il s’en détournait lorsqu’une forme insolite aiguisa sa curiosité. Il se pencha dans la large ouverture, puis avança d’un pas à l’intérieur du foyer. L’empreinte d’un pied fin se dessinait dans la cendre. A son côté se trouvait un petit flacon empli d’un liquide d’un ambre violacé.
     
    Loraline se traita de sotte après avoir découvert la perte du poison. Son gros ventre gênait ses mouvements, et l’étroitesse du passage dans la muraille l’avait plus d’une fois contrainte à se frotter contre les parois. Il était vrai qu’elle avait beaucoup forci et que les souterrains de Montguerlhe n’avaient pas été conçus pour une femme enceinte, encore moins leurs accès secrets. Elle pouvait avoir fait tomber le flacon n’importe où tant elle avait, par endroits, joué des coudes pour protéger son ventre des aspérités de la muraille. Fort heureusement, il en restait encore assez pour empoisonner la région.
    Elle prit

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