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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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d’elle ses dernières rages.
    –  Leur sang coule en mes veines, Loraline. Chaque pleine lune.
    –  Stelphar, murmura la jouvencelle en écarquillant les yeux.
    –  Oui, Stelphar. Nous ne faisons qu’une, hélas, et je l’ai haïe longtemps, jusqu’à ce que mon époux me la fasse oublier.
    –  Je le savais… je l’ai toujours su sans pouvoir y croire, à cause de vos yeux si semblables, si particuliers. Si je quitte Montguerlhe, Stelphar ne les abandonnera pas ?
    –  Ils sont ma famille autant que toi. Tu pourras totalement tourner la page.
    Loraline était émue. Abandonner Cythar et les autres lui avait semblé un rempart infranchissable ; grâce à cette révélation, elle le voyait s’effondrer tel un château de cartes. Puis brusquement une idée lui vint :
    –  Ces embryons à peine humains que mère conservait ? Ont-ils été…
    –  Non, l’idée d’un accouplement avec les loups m’était aussi insupportable que le contact d’un homme. Ta mère savait pourtant le poids de cette malédiction sur mes épaules. Elle s’est dévouée pour tenter de revenir aux sources. Une femme totalement humaine engrossée par un loup une nuit de pleine lune. Sept fois. Elle s’est soumise sept fois avant de renoncer. Aucun n’était viable. Elle les a disséqués, cherchant dans leur cerveau ce qui pouvait expliquer notre descendance, le secret de cette mutation, dans l’espoir d’y trouver un remède. Tout ce qu’elle a extrait de ces expériences, c’est-ce poison. Peut-être est-il la clé ? La substance sécrétée par ces embryons n’a pu être retrouvée ni chez les loups ni chez les humains qu’elle a examinés. Elle a fini par renoncer. Sans doute parce qu’elle avait finalement découvert l’arme absolue contre François de Chazeron. Nous pensions toutes deux qu’en lui administrant le poison nous aurions fini par le tuer, certes, mais nous aurions peut-être assisté à une transformation, même partielle, de son système pileux, des terminaisons de ses membres. Il nous fallait un cobaye pour tester, tenter de comprendre : nul ne faisait mieux l’affaire que lui. La seule solution qu’il me reste est de ne pas avoir d’enfant. Après moi cette race bâtarde s’éteindra, ce sera mieux ainsi.
    –  Non, ma tante, je poursuivrai l’œuvre de ma mère auprès de mon époux. Nous distillerons ce poison, nous chercherons d’autres cas de garou par le monde et nous te sauverons.
    Albérie s’attendrit devant le regard enfiévré de sa nièce.
    –  Guéris-moi de mes souvenirs, pour qu’ils me laissent vivre en paix. C’est-ce jourd’hui la seule chose qui ait de l’importance à mes yeux.
    –  D’accord. Cette nuit. J’irai cette nuit et la nuit prochaine.
    –  Bien.
    –  Et Huc ?
    –  Il s’en est allé ce matin, pour la semaine. François l’a chargé d’une mission auprès des Bourbons. Il ne m’en a pas dit davantage, sinon que François de Chazeron avait besoin d’un messager de confiance. Il ne nous gênera pas cette fois. Lorsqu’il reviendra, tout sera terminé. Nul n’a dormi dans cette chambre depuis que François y a été souffrant. On pensera que le mal y était resté, elle sera sans doute murée à jamais. C’est ainsi que naissent les légendes. Peut-être un jour la raconteras-tu à cet enfant ?
    Albérie caressa du doigt les bosses qui dardaient par intermittence l’arrondi volumineux de sa taille, puis le sujet glissa, dériva sur les prénoms de l’enfant, jusqu’à ce qu’Albérie prenne congé de sa nièce. Elle devait s’en retourner préparer la mangeaille et verser dans la verbasce 1 le somnifère adéquat.
     
    1 Bouillon blanc en soupe

En regagnant sa chambre, Albérie se sentait légère. Depuis quelques mois, elle vivait une union idyllique auprès d’un époux attentionné. Il s’était écarté de la châtelaine et elle savait à leurs étreintes passionnées, qui désormais ne la gênaient plus, que son aventure ne lui manquait pas. François de Chazeron pouvait disparaître, Huc de la Faye resterait son époux.
    Albérie avait décidé d’épargner l’enfant d’Antoinette, elle le voyait comme une compensation au fait qu’elle avait récupéré l’homme qu’elle aimait et pu châtier le seigneur de Vollore. En réalité, elle refusait de s’avouer qu’elle espérait par cette maternité détourner à jamais Antoinette de sa convoitise. Car elle savait bien que, si Huc de la Faye avait cessé

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