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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Je ne l’ai pas trouvée dans la grotte, mais peut-être n’aide pas cherché au bon endroit, peut-être la gardes-tu sur toi ? En toi ?
    Un instant une expression étrange frissonna sur son visage, tandis qu’il détaillait ses formes arrondies. Loraline sentit une angoisse sourde battre à ses tempes. Elle ne put s’empêcher de croiser ses mains sur son ventre et de bredouiller :
    –  Non, ce n’est pas ce que vous croyez. J’attends un enfant.
    François eut une moue de dégoût.
    –  Un de ces misérables gnomes que tu conserves dans des bocaux ? T’ont-ils servi à la créer ?
    Loraline faillit répondre, mais il ne lui en laissa pas le temps. Déjà il enchaînait, en proie à une vive agitation. Il se mit à marteler le sol de la pièce autour d’elle.
    –  Oui ! Bien sûr, cela tombe sous le sens. Je n’ai pas réussi à extraire l’alkaheist de ces puceaux que j’ai disséqués, parce qu’ils ne convenaient pas. Il fallait ces mutants, n’est-ce pas ? C’est tellement évident maintenant. Tu l’as trouvé après t’être fait engrosser une nouvelle fois… Non, ce ne peut-être… Mes premiers malaises, c’était toi, ou ce médecin ? A moins qu’il n’ait été ton complice ? Ceci n’est pas la barre d’or qu’il m’a volée, non, je la reconnaîtrais entre mille par son étrange forme. Pourtant il avait accès au souterrain. Tu le connaissais donc, lui, forcément. Peut-être était-il ton amant ? Oui bien sûr, les loups n’auraient pu satisfaire pleinement ta vigueur de jouvencelle. Donc tu es grosse de lui. Pourquoi l’avoir sacrifié aux loups en ce cas ? Scène de jalousie ?
    Il ricana méchamment.
    –  Ces charmantes bêtes n’ont pu supporter l’idée que tu leur échappes ?
    Il se figea enfin pour s’adosser à la paroi, le souffle court :
    –  Donc, reprenons. Pour une raison quelconque, tu rencontres ce charlatan, tu t’acoquines avec lui dans l’idée qu’il accomplisse ton désir : récupérer l’or que le diable a fondu en mes fourneaux, afin d’en vérifier la teneur. Vous accomplissez votre besogne, vous vous accouplez, faites peut-être des rêves de conte de fées, mais les loups éliminent le gêneur, au point de te faire crier vengeance une fois encore. Oui, cela se tient ! Où est-elle, Isabeau ? Où est la pierre philosophale ?
    Loraline se tut. Les paupières fermées, elle tentait de toutes ses forces de ne penser qu’à l’enfant. Encore et encore, pour le protéger. François de Chazeron était fou, elle venait d’en acquérir la certitude. Contre cette folie-là, elle ne possédait aucun remède. Comment gagner du temps ? Elle l’ignorait.
    La voix se fit mielleuse face à son mutisme. Elle le sentit s’approcher d’elle. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, il s’accroupit devant elle, une doucereuse expression de convoitise dans le regard :
    –  Je ne te hais pas, Isabeau. Au fond, nous nous ressemblons, toi et moi. Donne-moi ce que je désire et vous serez libres, toi et l’enfant. Nul ne sait ton existence. Je te laisserai l’or et tu pourras t’installer ailleurs, au grand jour, afin d’élever ton tout-petit. Je t’établirai même une lettre d’introduction, si tu le désires, auprès de quelque seigneur bien en cour.
    Que n’aurait-elle donné en cet instant pour le croire ! Mais Loraline savait bien qu’il ne tolérerait aucun témoin. De plus, elle n’avait rien à lui donner. Sauf…
    Une pensée furtive. Folle. Mais n’était-il pas fou lui-même ?
    –  Ce que vous avez pris pour du poison, commença-t-elle, n’en était pas !
    Chazeron écarquilla les yeux de surprise. Loraline poursuivit, elle n’avait plus rien à perdre :
    –  Cette substance a été extraite des embryons. On ne la trouve ni en l’homme ni dans les loups. C’est elle le secret de la transmutation.
    Elle avait conscience de ne mentir qu’à moitié. C’était ce que sa mère croyait. Chazeron arrondit bouche et yeux. Elle avait l’impression de deviner derrière ses orbites ce mécanisme de réflexion tordu qu’il était seul capable de mettre en branle. Il s’acheva par une moue :
    –  Ce poison a failli me tuer ! laissa-t-il tomber comme une sentence.
    Mais Loraline rebondit :
    –  Il ne l’a pas fait. Je voulais savoir s’il pourrait provoquer la mutation chez un humain. C’était cela, ma vengeance. Vous regarder lentement vous transformer en loup, tout en vérifiant mon hypothèse.
    –  Je

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