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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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pièce, écœuré de sa faiblesse et de ses conséquences.
     
    Le lendemain, François annonça qu’il était prêt à regagner Montguerlhe. Il fit appeler Huc dans la tour, et le prévôt franchit la porte interdite pour la deuxième fois.
    François de Chazeron lui désigna deux corps aux visages violacés étendus l’un contre l’autre à même le sol. Les maçons commis aux réparations de sa tour.
    –  Ils en savaient trop ! se justifia François dans un haussement d’épaules. Je pars devant avec mon épouse. Fais au mieux et donne ceci à leur famille. Ils ont mérité leur salaire pour m’avoir bien servi.
    Huc s’empara de la petite bourse de cuir sans rien pouvoir répondre. Une fois encore, il allait devoir couvrir la cruauté de son maître. Un instant, l’envie le prit de lui révéler qu’il était l’amant d’Antoinette. François lèverait alors l’épée ou le ferait pendre. Huc serait libre. Libre comme Isabeau. Mais même cela, il ne le pouvait plus, pour Albérie et pour Antoinette qu’il aurait condamnées aussi.
    –  Tu vieillis, Huc, grommela François en avisant sa mine renfrognée. Tu deviens sentimental !
    Sur ces paroles ironiques, il le pressa d’un geste de quitter la pièce, ce qu’il fit avec plaisir.
     
    Au souper, François régla les détails avec l’architecte et décida que les travaux devraient être achevés à l’été pour la naissance de son fils. Il embrassa son épouse sur le front avant d’annoncer qu’il faudrait organiser une grande fête pour l’événement. Il y avait fort longtemps que Vollore n’avait vu tournoi ni troubadour. Antoinette battit des mains telle une enfant. Elle paraissait heureuse. François semblait avoir oublié l’incident qui avait failli lui coûter la vie, et la perte de ses notes. Il y avait quelque chose de différent en lui, quelque chose que Huc ne parvenait pas à saisir. Mais cela ne lui disait rien qui vaille.
    Lorsqu’au matin François, Antoinette et leur escorte reprirent la route de Montguerlhe, Huc les regarda s’éloigner avec appréhension. Avant de partir, François lui avait remis la clé de la tour.
    –  Rapporte-la-moi sitôt que tu te seras débarrassé des corps. Je ne veux pas que mon épouse se doute de quoi que ce soit.
    Après un silence, il avait ajouté, l’œil dur :
    –  J’ai confiance en toi, Huc. Tu partages désormais certains de mes secrets. Ne t’avise pas d’en découvrir d’autres.
    –  Il faudrait être fol pour vous trahir, messire.
    François n’avait rien répondu. A Antoinette qui s’était inquiétée de ce que le prévôt restât à Vollore, il répliqua sereinement qu’il avait pour mission de régler quelques affaires et qu’il ne tarderait pas à les rejoindre.
    Huc s’empressa de lui donner raison. Il maquilla l’empoisonnement en accident de chantier et ramena les dépouilles aux familles des maçons en ajoutant au pécule que leur laissait François une substantielle partie de sa propre solde. Il donna le reste à Bertrandeau auquel il demanda de créditer sa version. Si le maître couvreur n’approuva pas, il n’en laissa rien paraître. Il avait une dette envers Huc qui avait omis de mentionner sa participation au moment de l’accident. La vue des deux malheureux ouvriers lui confirma sans doute combien Huc avait eu raison de se taire. Il lui devait la vie. Il s’acquitta donc de sa dette avec un respect d’autant plus grand pour le prévôt qu’il était le gage d’une vieille amitié et d’une fraternelle confiance.
    Au soir tombé, Huc avait rempli sa mission et arrivait à l’entrée de la forteresse, dans l’embrasement d’un couchant émaillé de vapeurs glaciales. L’hiver serait aux portes de l’Auvergne dans peu de temps. Il ressemblerait alors à son âme en cet instant et ne serait que tourments.
     
    Philippus Bombastus n’avait pu s’empêcher de féliciter Michel de Nostre-Dame de sa vision, sitôt rentré de l’auberge Au Songe du roi, mais celui-ci avait accueilli son récit avec un étonnement non feint. Il ne se souvenait de rien, sinon d’avoir dormi longtemps et de s’être éveillé pâteux peu de temps avant le retour de son nouvel ami.
    –  Cela m’arrive fréquemment, conclut-il dans un rire léger. J’ai parfois en m’endormant l’impression que je possède pouvoir de changer le monde, et au réveil je me sens plus sot qu’avant. J’en viens à me demander s’il ne serait pas judicieux de faire

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