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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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connaissait-il le fondement de cette histoire ? Quel intérêt pouvait-il avoir à la mort de François ? Et s’il ne s’agissait que d’un accident, qu’était venue chercher Loraline sinon une vengeance ? Huc n’avait pas envie de se poser en juge, au contraire, une part de lui se satisfaisait de la destruction des précieux documents de François. Il voulait seulement la vérité. Toute la vérité. Pour rejeter ce sentiment frustrant d’exclusion.
    –  Vous êtes rêveur, mon bon Huc, songeriez-vous à cet instant volé autant que j’y songe moi-même ?
    Huc sursauta et redressa la tête. Antoinette souriait, tendrement complice, à quelques pas de lui, dans le petit boudoir qu’elle voulait transformer. Ils étaient seuls. Un frisson parcourut son échine. Tout à ses pensées, il n’avait pas suivi la conversation ni vu s’éloigner maître Patelier. Il eut un instant de panique lorsqu’Antoinette porta une main délicate à son avant-bras, le regard lourd de promesses.
    –  N’ayez crainte, mon ami. Maître Patelier va chercher un long moment son cordeau qu’il pense avoir oublié tantôt dans la salle de réception.
    Elle eut un petit rire en extirpant l’objet de sa manche puis se rapprocha de lui au point de le frôler.
    –  Dame Antoinette, bredouilla Huc sur un ton de reproche comme si sa voix seule pouvait offrir un écran à ce qu’il savait inéluctable.
    Prise au dépourvu, sa raison se noyait dans un flot irrésistible de désir. Antoinette posa une main sur sa joue où une barbe naissante dardait ses piques. « Il ne faut pas ! » objecta maladroitement une petite voix dans sa tête, mais le refuge de tendresse du regard de la châtelaine l’aspirait tout entier. Il referma ses bras autour des reins qui s’arquaient puis l’entraîna dans un renfoncement d’où il pouvait à loisir guetter tout mouvement à l’orée de la pièce. Alors seulement, il dévora cette bouche gémissante sans plus chercher à refouler l’impérieux supplice de son sexe gonflé. Antoinette s’abandonnait à ses caresses comme une jeune chatte à l’appel des premiers mâles.
    –  Prends-moi. Là. Maintenant ! suffoqua-t-elle en pressant une main sur le renflement de ses chausses.
    Il la retourna d’un geste et remonta ses jupons le long de ses cuisses. Le désir, le temps même lui manquait pour de plus tendres caresses. Il avait besoin de la prendre. De jouir de ce corps offert qu’Albérie lui refusait.
    Il la pénétra d’un mouvement de reins souple et impérieux en plaquant une main sur sa bouche pour étouffer le râle de plaisir. Il s’attarda quelques secondes à son contentement puis s’abandonna en elle, libérant avec sa hâte quinze années de vie monacale. Ensuite seulement, il prit conscience de s’être conduit comme un goujat, même si Antoinette, qui de nouveau lui faisait face, contemplait épanouie son visage défait où s’imprimait encore le feu du plaisir.
    –  Pardonnez-moi ! gémit-il tandis qu’elle lissait délicatement ses jupons et repiquait dans sa tresse quelques mèches blondes dispersées.
    Antoinette posa sur lui un regard éperdu de tendresse :
    –  Vous pardonner, mon doux ami ? De m’avoir rendue plus heureuse que jamais ? Non. Je vous aime, Huc. Ne me fuyez plus. J’ai tant besoin de vous.
    Elle se blottit contre lui tandis que s’apaisaient lentement en lui les bouillonnements de son corps. Il aurait voulu la repousser, comme il l’eût fait d’une servante ou d’une chambrière trop empressée, mais il ne le pouvait pas. Il était son vassal et l’avait fait sienne. Désormais, elle avait sur lui pouvoir de vie et de mort, bien plus sûrement que son triste époux.
    –  Il faut être raisonnable à présent, dit-il timidement. Maître Patelier ne va plus tarder.
    –  Je vous trouble encore, n’est-ce pas ? insista-t-elle, ravie.
    –  Oui, répondit Huc très vite, sans savoir s’il mentait ou non.
    –  Alors nous nous reverrons bientôt, mon bel amant !
    Huc se contenta de hocher la tête tout en s’écartant d’elle. Il était son amant. Et ne pourrait s’y dérober jusqu’à ce qu’elle ne veuille plus de lui. Tandis que son ventre frustré criait victoire, une profonde lassitude s’emparait de son cœur. Avait-il le droit désormais de réclamer la vérité à Albérie, quand il n’aurait plus à lui offrir que mensonges ? Sans prendre garde à la voix douce qui retenait sa fuite, il sortit de la

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