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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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annonça-t-elle, désolée. J’avais compté sur votre renommée pour venir à bout de cette énigme, espérant que vous sauriez mettre en commun votre savoir. Au lieu de cela, vous tentez tout et n’importe quoi sans me donner l’impression d’agir au mieux pour votre patient.
    Jean Touron toussota légèrement en reposant son bol. Il avait l’air confus. Autant que son confrère qui baissa le museau.
    –  La vérité, dame Antoinette, est, je crois, notre impuissance. Aucun de nous ne sait de quoi souffre votre époux. Tous les traitements classiques n’y font rien ; bien au contraire, chaque jour son état s’aggrave. Nous ne sommes il est vrai que de grands enfants dans ces disputes, toutefois Vaquemont et moi-même sommes convaincus qu’une nouvelle saignée lui serait fatale. En cela nous nous opposons, c’est vrai plus que de raison, à Albéric. C’est notre seule certitude et nous la défendons. Je dois pourtant vous le confesser aux dépens de la science que nous représentons, seul Dieu peut sauver cet homme.
    –  Hélas, dame Antoinette. En l’état, je crois aussi que c’est d’un prêtre dont le seigneur François a besoin désormais. Dès que la tempête sera calmée, nous prendrons congé. D’autres malades attendent nos soins. Pour le vôtre, je le crains, plus personne ne peut rien.
    Sur ce ils se levèrent et saluèrent Antoinette d’un signe de tête, puis Huc et Philippus qui les avaient écoutés en silence, et quittèrent la pièce.
    Antoinette avait beau constater comme eux l’évidence de leur diagnostic, elle ne parvenait pas cette fois à se réjouir. Elle se souvenait trop bien de l’accident du mois précédent. François avait ressuscité quand tout indiquait qu’il se mourait. Elle ne pouvait se permettre de l’enterrer trop vite, d’autant que, malgré sa faiblesse, il avait pleine conscience et donnait encore ses ordres.
    Comme le silence se prolongeait autour de la tablée, seulement troublé par le va-et-vient d’Albérie qui desservait les couverts, Philippus se laissa aller à ses pensées. Une part de lui mourait d’envie de se précipiter sur ce cas désespéré, une autre, inexplicablement, l’exhortait à la prudence. Et Philippus n’aimait pas contrarier son instinct.
    –  Je suis navré, messire, lança soudain Antoinette à son intention, cette conversation ne vous concernait point et je me sens fâchée de vous l’avoir imposée.
    –  Nullement, gente dame, affirma Philippus en lui souriant. Bien au contraire, je comprendrais fort bien que vous refusiez en pareille circonstance d’héberger un visiteur.
    –  Nous n’allions tout de même pas vous laisser mourir de froid, s’indigna Huc, sortant de sa réserve. Toutefois, ajouta-t-il en fronçant le sourcil, j’aurais apprécié pour ma part que vous nous donniez les véritables raisons de votre séjour chez nous.
    Philippus tiqua. L’homme lui semblait vif, intelligent. Il ne tarderait sans doute pas à découvrir la vérité, lors peut-être ses hôtes se montreraient-ils moins accueillants devant sa négligence. Intimant silence à son instinct, il choisit de se dévoiler sans tarder.
    –  Ma foi, messire, j’allais y venir, mais par respect pour votre malheur et le diagnostic de mes confrères, je n’osais, je l’avoue, me porter en avant.
    Antoinette voulut l’interrompre, aussi se hâta-t-il de poursuivre :
    –  En effet, gente dame, je suis médecin de mon état, ou plus exactement chirurgien, et je revenais de Ferrare au terme de ma promotion lorsque, de passage chez un ami, j’ai découvert l’adresse d’un coustelleur spécialisé dans l’instrument de chirurgie. Je suis ici pour le trouver et lui commander ouvrage avant de regagner ma Suisse natale où ma famille m’attend.
    Huc s’enfonça dans la chaise qui présidait la large table. Son intuition ne l’avait pas trompé. Il avait perçu à l’insu de Philippus l’intérêt qu’il avait porté aux propos des médecins et vu sa prunelle s’animer. Cela avait suffi pour lui donner à penser qu’il comprenait fort bien leur langage. Son orgueil se félicita de sa perspicacité, d’autant plus que depuis que François de Chazeron était alité, et qu’il avait vu défiler à son chevet nombre d’apothicaires et de médecins, il se doutait que celui-ci comme les autres se heurterait à ce mal mystérieux sans davantage de succès.
    Il en avait parlé à Albérie par crainte d’un autre mauvais tour de

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