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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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pourquoi on retrouvait une bête éventrée à l’intérieur de la troisième enceinte, à quelques pas seulement de l’enclos. Huc avait laissé entendre que François n’apprécierait pas ce nouveau mystère, qu’il valait mieux ne pas chercher ni exposer des hommes. Certains se souvenaient encore de ce qui s’était passé en 1500. Nul ne souhaitait le revivre. La règle du silence avait remplacé toutes les autres. On constatait, on nettoyait, on oubliait.
    Huc serra les poings sans même y prendre garde. Pourquoi avait-il si mal, si mal depuis qu’Albérie lui avait avoué ses craintes ? Il entendit le second cri, celui de la louve, s’élever jusqu’à son âme. Il eut envie de hurler avec elle, mais aucun son ne franchit ses lèvres. Sa douleur était là, dans son ventre, plus vive qu’elle ne l’avait jamais été. Pour l’oublier, il s’attarda sur celui d’Antoinette, rond, chaud, empli de promesses. Comme il aurait voulu en cet instant que cet enfant fût le sien. Il ne s’était plus retrouvé seul avec Albérie depuis ce jour. Il n’avait pas pu. Il s’en voulait car il avait le sentiment qu’elle avait cherché sa présence, malgré les événements. Les seules paroles qu’ils avaient échangées avaient concerné François, mais Huc s’était adressé à elle sans chaleur, non comme un époux mais comme un prévôt menant son enquête. Oui, il s’en voulait. Peut-être parce qu’elle lui avait enfin avoué qu’elle l’aimait.
    La louve hurla une nouvelle fois. On aurait dit qu’elle souffrait. Huc savait bien pourquoi. Il se rendit compte qu’il pleurait, à la larme qui mollement vint s’écraser sur la peau de la châtelaine. Alors il se leva et s’habilla en silence. En dépit de tout, il lui faudrait être là quand Albérie reviendrait.
     
    Philippus s’éveilla en sursaut et prêta l’oreille. Il était certain d’avoir perçu un hurlement dans son sommeil. Il étira ses membres endoloris par la posture inconfortable qu’il occupait, avachi dans une chaise à bras près du lit de François de Chazeron. Il tourna la tête vers son malade et constata qu’il allait mieux. Son souffle était plus régulier depuis la veille, et il n’avait presque pas régurgité. Cela rajoutait encore au mystère.
    Après son premier examen qui avait forgé son opinion, il avait vérifié les urines du jour. Au matin elles étaient des plus troubles. Elles s’éclaircissaient au fil des heures jusqu’à redevenir presque normales à la tombée du jour en même temps que l’état de son patient s’améliorait. Il délirait moins, était moins nauséeux et réclamait même à manger. Au matin tout recommençait, et Philippus avait pu constater qu’une fine tache sombre ourlait la commissure de ses lèvres.
    La thèse de l’empoisonnement était pour lui une évidence : il avait suffisamment parcouru le monde et vu toutes sortes de maladies pour savoir leurs natures. Pourtant, ce cas le laissait perplexe. Le poison tue, c’est son but, avec plus ou moins de rapidité, mais cela n’excède pas vingt-quatre heures. Là, il s’agissait d’autre chose. On voulait la mort du seigneur de Vollore, c’était évident, puisque inexorablement jusqu’à son arrivée son état s’était aggravé, et cependant on eût dit que son ou ses meurtriers désiraient, plus que cette sentence, faire durer le plaisir. Comme s’il se repaissait davantage des souffrances du seigneur que de sa fin. Philippus soupira. Il avait affaire à des individus pervers. Des individus qu’il gênait selon toute évidence, car depuis qu’il avait annoncé son intention de veiller François de Chazeron nuit et jour, ce dernier semblait recouvrer quelques forces.
    « C’est vraisemblablement quelqu’un de la maisonnée », se dit-il. Mais comme précédemment il secoua la tête, désemparé. Ce ne pouvait être cette Albérie, malgré son étrangeté et le fait qu’elle portait au seigneur son potage. Il l’avait regardée faire le premier soir. François était conscient lorsqu’elle avait posé le plateau. Elle n’aurait pu verser quoi que ce soit dans le bol sans qu’il s’en aperçoive. Il fallait qu’elle l’ait fait avant. Or elle ne pouvait savoir que Philippus était médecin et approcherait François. Il avait goûté au potage avant lui sitôt qu’elle était sortie de la pièce. Il n’avait rien ressenti. Aucun trouble. Fort au contraire, il avait passé une excellente nuit, comme

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