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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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soumettait aux grognements de son adversaire. Comme pour lui donner raison, il baissa soudain le museau, s’écarta et s’enfuit. Philippus comprit qu’il avait perdu la partie. L’animal s’avança seulement de quelques pas, son regard bleu froid et cruel dans celui du médecin.
    « Si seulement je pouvais me déporter assez ! » songea Philippus. Le feu était si proche.
    L’animal se tassa. C’est alors que Loraline parut, en nage, Cythar à ses côtés. Elle poussa un cri.
    –  Stelphar, non !
    Mais l’animal s’était déployé. Philippus se retrouva plaqué au sol avec une force prodigieuse tandis que les crocs s’enfonçaient dans les bras qu’il avait ramassés sur son visage et sa gorge.
    –  Lâche, Stelphar ! Lâche, ordonna Loraline, avant de pousser un hurlement qui ramena autour d’elle les loups alentour.
    Philippus ne tentait pas de se débattre malgré la douleur dans sa jambe, malgré la gueule enragée qui écharpait ses bras. L’animal visait sa gorge. La lui laisser, c’était mourir. Et puis soudain le loup se figea et recula, menacé par les grognements de ses pairs.
    Cythar cette fois lui sauta à la gueule et Philippus contempla, fasciné, l’étrange ballet de haine qui les roulait dans la poussière. Loraline passa ses bras autour de sa taille et le tira tout contre les braises.
    –  Ne bouge pas ! ordonna-t-elle, le visage ravagé de larmes et de colère.
    Quand bien même il l’aurait voulu, il n’en avait plus la force. Il la regarda s’interposer entre les deux bêtes, se mêlant à leur ronde, se couchant entre elles au risque de se faire mordre. Pourtant ce simple geste suffit à les séparer, comme si l’une et l’autre refusaient de la blesser.
    Cythar recula jusqu’à Philippus et s’effondra à ses côtés, épuisé par sa lutte, une patte ensanglantée. Philippus aurait voulu le caresser, mais ses blessures étaient profondes et son corps meurtri par les griffures.
    Il crut d’abord que Loraline allait tuer le loup gris, mais au lieu de cela elle s’agenouilla à ses côtés et se mit calmement à examiner la plaie que Cythar lui avait ouverte sur l’omoplate. Elle lui parlait dans un langage étrange tandis que l’animal continuait de gronder, de grogner, sans toutefois lui faire le moindre mal. Elle resta longuement à ses côtés, puis nicha la tête grise contre sa poitrine et la berça.
    Philippus n’osait rien dire, troublé, intrigué et effaré par cette scène. Il aurait pu jurer de là où il était que la jouvencelle pleurait. Mais il n’était plus sûr de rien, si ce n’était d’une évidence. Il était là, blessé et vulnérable, et c’était son agresseur que Loraline pansait et réconfortait. A bout de forces et de faiblesse, il se laissa glisser dans la nuit, un goût de désillusion au coin des lèvres.
    Aux premiers frémissements de l’aube, Huc s’étira avec volupté. Il s’était assoupi malgré lui, et avait sommeillé paisiblement. Cela le conforta dans sa décision. S’il était autant en paix, c’était qu’il avait assurément fait le bon choix. Albérie ne tarderait plus.
    Lorsqu’il entendit le claquement du mécanisme, son cœur bondit de plaisir dans sa poitrine. Il avait tant à faire pour se racheter. Pourtant son sourire se figea sur ses lèvres. A peine franchi le seuil de la chambre, Albérie s’écroula sous ses yeux, une épaisse tache de sang transperçant son mantel à hauteur de son épaule.
     
    Philippus s’éveilla en sursaut, sous l’effet d’un cauchemar horrible. En voyant la silhouette de Loraline, il se félicita que ce ne fût qu’un mauvais rêve.
    –  Loraline, commença-t-il tendrement…
    Mais lorsqu’elle posa sur lui son regard tourmenté, il dut se rendre à l’évidence. Ses cheveux étaient encore poussiéreux de sang caillé, et d’épais sillons de sel tissaient sur ses joues une toile d’araignée grotesque.
    Pour se convaincre, il baissa les yeux sur ses propres bras et s’avisa qu’ils étaient recouverts de la même boue noire que sa jambe. Il était de nouveau sur sa paillasse mais, cette fois, Loraline ne chevauchait plus son ventre en lui criant « je t’aime ». Elle lui sourit pourtant, de ce pâle sourire dont on se pare pour excuser les mots que l’on va prononcer.
    –  Tu souffres ? demanda-t-elle.
    Il hocha la tête. La douleur qui lui broyait le cœur ne pouvait être apaisée par aucun onguent.
    –  Que s’est-il passé,

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