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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Loraline ?
    Elle soupira, esquissa une caresse sur son front aux mèches poisseuses.
    –  Je pensais qu’elle comprendrait. Je me suis trompée. Je t’aime, Philippus, mais dès que tes blessures seront guéries, tu devras partir et m’oublier.
    Il se dressa, la rage au ventre :
    –  Pas sans toi ! Voilà dix jours que je te regarde vivre, et pas un seul instant je n’ai émis le moindre doute. Tu m’as promis de laisser le seigneur de Vollore à son destin et de vivre le tien. Je ne peux concevoir que ce soit ailleurs qu’à mes côtés.
    –  Tu ne comprends pas, mon bel amour. Je n’ai pas le choix. Je lui appartiens.
    –  Mais à qui, Seigneur Dieu ? hurla-t-il presque, en l’empoignant par les bras au mépris de ses propres plaies.
    –  La louve, la louve grise. C’est elle qui a conduit ma mère en ce lieu, elle qui protège les miens depuis que je suis venue au monde, elle qui m’a appris le langage des loups. Elle est leur mère à tous, ils la respectent. Jamais je n’aurais cru que Cythar se dresse contre elle. Elle vient chaque pleine lune et dort à mes côtés. Je lui appartiens, Philippus.
    –  C’est absurde ! Ce n’est qu’un animal !
    –  Non, mère m’a toujours dit qu’elle était de notre race.
    –  C’est impossible, Loraline !
    Son regard douloureux fouilla le sien comme pour y chercher un refuge de raison, puis elle le baissa, se retourna lentement et dégagea la nuque que ses longs cheveux dissimulaient.
    Philippus sentit son sang se glacer dans ses veines. Large de deux doigts et épaisse d’autant, une touffe de poils gris couvrait le cou de la jouvencelle. Non, il refusait de croire à ces sornettes. Les garous n’existaient que dans les fables !
    –  Chacune des femmes de ma famille porte cette marque. J’ignore pourquoi, mais à cause d’elle je détiens d’étranges pouvoirs. Je comprends le langage des animaux, je peux courir plus vite, sauter plus haut qu’un humain, je sais détecter les odeurs des racines propices aux soins…
    –  Tu as pu apprendre tout cela auprès de ta mère autant que des loups. Le mimétisme est chose courante. Tu t’es adaptée au milieu dans lequel tu vis. Cela ne fait pas de toi une prisonnière. Tu étais prête à braver ta tante, pourquoi pas cet animal ?
    –  Ma tante a accepté la confiance que j’ai en toi, parce que je lui ai menti en prétendant que tu te sentais redevable de la vie que tu me devais. Stelphar ne m’a pas donné le choix. Si tu ne pars pas, elle te tuera. Lorsque les beaux jours reviendront, c’est elle qui te conduira au cœur de Thiers. Tu y trouveras une monture, des provisions et de l’or pour acheter ton silence. Elle t’accorde cinq lunes. Lorsqu’elle reviendra, nous nous dirons adieu.
    Philippus laissa retomber le silence. Cinq lunes. Cinq mois. Il avait devant lui cinq mois pour la convaincre d’abandonner ces sottes superstitions. Cinq mois pour infléchir sa peur, ses remords, et lui prouver son amour. Cinq mois pour guérir.
    –  Aime-moi, murmura-t-il doucement.
    Loraline tourna vers lui son beau visage blessé, une lueur de surprise dans le regard. Philippus souriait.
    –  Le temps viendra, chuchota-t-il. Ne laissons pas la crainte d’un demain avilir ce que nous vivons. C’est sur ta peau que je veux oublier mes blessures, dans tes gémissements que je veux perdre les bruits de lutte, dans le goût de tes baisers que je veux noyer celui du sang. Peu m’importe à qui tu appartiens, moi je n’appartiens désormais plus qu’à toi.
    Un sanglot la jeta contre le torse du médecin. L’instant d’après, il la retrouvait somptueuse et féline, arquant ses seins durs et dressés sous le joug du plaisir.
     
    Huc coucha délicatement Albérie sur le ventre et dégrafa son vêtement avec précaution. Elle était toujours évanouie et il se heurtait à ce silence comme à un mur de questions. La morsure était superficielle, mais il l’identifia au premier coup d’œil, ce qui amena une foule d’autres interrogations. Pourquoi les loups avaient-ils attaqué sa femme ? Maintes fois elle lui avait expliqué qu’ils la respectaient, la vénérant presque.
    Ne voulant mettre personne en émoi, il descendit lui-même aux communs, fit bouillir de l’eau et remonta un baquet assorti de compresses de toile. Il se félicita que la maisonnée sommeillât encore.
    Sans bruit, il regagna la chambre et trouva son épouse assise sur le lit, les yeux hagards, les

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