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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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pretty name....
    Léonie essayait de suivre.
    — L’usine de textile… fait partie de celles qui sont en grève ?
    Il acquiesça. Léonie regarda Albert. Celui-ci se rongeait maintenant les
     ongles.
    — Ah cette grève ! Ça fait pas ton bonheur que je sois venu pour y voir, hein,
     Albert ? fit John en tapotant d’un geste nonchalant son cigare au-dessus du
     cendrier.
    — C’est lors de la première, en 1934, que j’ai commencé à avoir des doutes sur
     toi, Albert. Il y a longtemps que nos travailleuses se plaignent. Mais en 1934,
     Albert a tellement insisté pour que je vienne pas à Montréal. Il disait que tout
     allait bien. No problem… C’est pendant cette grève que j’ai placé une couple
     d’hommes à moi dans la place.
    — J’le savais qu’on me surveillait ! dit Albert en sacrant un coup de poing sur
     l’accoudoir de son fauteuil. C’est qui ? Je veux des noms ! exigea-t-il d’un air
     menaçant.
    John le remit à sa place.
    — Shut up !
    Albert baissa la tête comme un chien piteux devant les remontrances de son
     maître.
    — Anyway, reprit John, mes hommes ont commencé à m’envoyer des rapports sur tes
     agissements…
    Léonie écoutait ses explications d’un air confus. Elle avait de la difficulté à
     se concentrer, encore sous le choc de toutes ces dernières heures. Elle
     interrompit l’Américain.
    — C’est en 1934 qu’Albert m’a demandée en mariage, dit-elle d’un air
     songeur.
    John poursuivit comme si de rien n’était.
    — Ils ont pas trouvé grand-chose, à part qu’il donnait des bonus de travail à
     certaines jolies travailleuses en échange de leurs faveurs… It was not a big
     deal ! Tous les contremaîtres d’usine le font. Je m’en suis pas trop inquiété.
     Cette fois-ci, je suis venu moi-mêmem’occuper de la grève pis
     voir à ma business … J’ai cru relever certaines erreurs dans les comptes
     de ma compagnie, dit doucement John d’un air détaché.
    Albert releva la tête et nia tout.
    — Je vois pas de quoi vous voulez parler !
    — I told you before, shut up !
    — Non, je me laisserai pas accuser de quoi que ce soit !
    — Arrêtez, je… je comprends rien !
    Léonie se triturait les mains. Cette histoire n’avait ni queue ni tête pour
     elle.
    Albert se calma. Il devait garder le contrôle de lui-même. Cet Américain
     essayait de le faire parler. Il devait bluffer… Oui, c’était cela… Monsieur
     Morgan n’avait pas de preuves… Albert sortit de sa poche son étui à cigarette et
     en retira une.
    John étudia l’attitude de l’homme. Il remarqua le tremblement des mains lorsque
     Albert se reprit à trois fois avant de réussir à allumer sa cigarette. Il allait
     réussir à le faire craquer, ce n’était qu’une question de temps. Cet Albert
     avait bien maquillé ses fraudes. L’Américain tourna son attention vers la femme.
     Léonie était atterrée.
    — Je vais mieux expliquer, lui dit John.
    — J’ai utilisé ton identité pour cacher ma business de Montréal à ma
     femme. Albert travaillait pour moi.
    D’après John, pendant les vingt premières années, Albert s’était contenté de
     falsifier les comptes de La belle du lac. Il avait dépensé une partie de
     l’argent volé, mais il avait surtout joué à la bourse. Les placements d’Albert
     s’étaient avérés fructueux et il avait amassé un bon magot.
    — But, you know, la bourse a fait « crash » en 1929, fit John en appuyant ses
     dires d’un bruit sec.
    Léonie sursauta. L’Américain afficha une mine contrite. Il enchaîna en
     expliquant que suite à cet effondrement des cours de la bourse, Albert avait été
     ruiné.
    — Un homme qui a possédé de l’argent, c’est comme un animal qui
     a goûté au sang, dit John.
    Albert baissa les yeux. Son patron disait vrai. Il avait tout perdu. Il lui
     fallait se refaire une fortune et vite. Il ne pouvait revenir en arrière et se
     contenter d’une minable existence d’employé. Il laissa Monsieur Morgan continuer
     de dévoiler la vérité. Car tout cela était vrai. Oui, il avait voulu de
     l’argent. Il était habitué à un train de vie princier. Les sorties au
     restaurant, les beaux habits, tout cela était dispendieux !
    — No money anymore ! Le magasin, ça rapportait pas assez gros ! ajouta
     John.
    Albert eut un rictus. Jamais il n’aurait pu rebâtir son avoir rien qu’en volant
     La belle du lac à nouveau. Le

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