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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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mêle
     pas...
    Julianna secoua l’assiette au-dessus de son eau de lavage et la tendit à
     Yvette. S’essuyant les mains sur son tablier, elle intervint.
    — Pis moé aussi, Henry, j’haïrais pas ça faire partie de l’équipe. Chus une
     Rousseau, non ?
    Cette fois, Henry dut cesser ses calculs et prendre la peine derépondre. Il chercha le secours de François-Xavier. Celui-ci se contenta de
     soulever les épaules avec une mimique qui voulait dire : « Débrouille-toi, mon
     vieux... »
    Dans le fond, François-Xavier riait dans sa barbe et s’amusait fermement en se
     demandant comment l’ami de la famille allait se sortir de ce pétrin. Quand
     Julianna avait une idée dans la tête...
    — Ben voyons Julianna, on parle de sport ! Une vraie partie de hockey, c’est
     pas pour les filles. Vous êtes pas assez bonnes.
    « Oh, oh... mauvaise réponse » se dit François-Xavier en trempant son pain dans
     son bol de gruau.
    — Ah ben Henry Vissers, j’pensais que t’étais moderne ? Pis dans le fond, tu
     serais rien qu’un vieux croûton aux vieilles idées ?
    — Un vieux croûton ? s’étouffa Henry.
    L’air désolé, Julianna prit à témoin sa fille et taquina l’avocat.
    — J’te dis que c’est pas drôle de vieillir pour un homme, ma Yvette. Ça
     approche de cinquante ans pis...
    — J’ai à peine 42 ans !
    — Ça commence à perdre ses cheveux...
    — Hein, c’est pas vrai !
    — Pis ç’a mal au dos... C’est pas un bâton de hockey que ça te prendrait, c’est
     une canne de tit-vieux.
    — Surtout, dis rien, François-Xavier, aide-moi pas, maugréa Henry à l’adresse
     de son voisin de table.
    François-Xavier fit signe qu’il ne pouvait parler, que ce n’était pas sa faute,
     il avait la bouche pleine.
    — De toute façon, que je perde mes cheveux ou pas, la question est pas là. Les
     filles, ça joue pas au hockey, pis ça jouera jamais, un point c’est tout !
    Marie-Ange, qui venait d’arriver de faire les lits, fulminait.
    — Ah ben, quand on parle trop à travers son chapeau, on s’étouffe pis on
     devient rougeaud !
    Julianna vint auprès de lui.
    — Pis monsieur l’avocat, y peut-tu me dire dans quelle loi on
     retrouve ça ?
    Henry ne sut que répondre.
    — Bon ben on peut jouer d’abord.
    — Non, refusa l’avocat. Parce que j’arriverais pas dans mes équipes. Si Yvette
     pis toi vous jouez, ça va faire six contre quatre pis ça marche pas !
     dit-il.
    Marie-Ange offrit la solution.
    — Ben chus sûre que si Yvette joue, Sophie va vouloir jouer itou...
    — Ça fait six Rousseau contre cinq Gagné, ça marche pas encore, dit-il de
     mauvaise foi.
    — Excusez-moé, mais moé, chus pas une Rousseau pantoute, mais une Gagné,
     rétorqua Marie-Ange.
    Tout le monde marqua un instant de surprise.
    — Matante May, jouer au hockey ? pouffa Pierre qui avait écouté en
     silence.
    — As-tu quelque chose à dire contre ça, mon petit gars ? dit Marie-Ange d’un
     ton menaçant.
    Henry abdiqua et en souriant dit à Pierre sur le ton de la confidence :
    — À ta place, je dirais pus rien. On serait mieux de prendre exemple sur ton
     père. C’est un homme sage qui sait quand se garder du pain dans la bouche.
    — J’peux peut-être pas voter encore, mais j’vas au moins compter un ou deux
     buts dans ma vie ! s’exclama Marie-Ange.

    C’est ainsi que deux équipes de six contre six se retrouvèrent chez Ti-Georges
     le dimanche suivant. Henry et Pierre avaient fabriqué des bâtons pour tout le
     monde. Pour la rondelle, ce fut plus compliqué.On n’en vendait
     pas à Saint-Ambroise et Henry ne voulut rien savoir que l’on se serve de
     crottins de cheval comme substitut, trouvant cela bien trop dégoûtant.
    — C’est avec ça qu’on joue tout le temps, mononcle Henry ! s’était écrié
     Pierre. Les filles ont ramassé les plus belles ! ajouta-t-il en désignant
     plusieurs excréments bien cordés un peu plus loin, aux pieds de Marie-Ange et de
     Sophie.
    — Jouer avec des crottes gelées, jamais !
    Ce fut le curé Duchaine qui régla la question. Il arriva en traîneau à cheval,
     les traits affichant une bonne humeur évidente. Il débarqua et alla au-devant de
     Henry.
    — Alors, Monsieur Vissers, on ne vous a pas appris à demander au ciel pour être
     exaucé ?
    — Monsieur le curé !
    — J’ai entendu dire au village que vous cherchiez ceci ?
    Le prêtre sortit de sous

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