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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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son manteau un objet de forme ronde.
    — Une rondelle !
    — Je suis un homme d’Église, mais j’ai déjà été un p’tit gars, vous savez.
     J’adore jouer au hockey ! Je me suis permis de venir me joindre à vous !
    Henry prit la rondelle et le remercia.
    — Nos équipes sont complètes… ajouta-t-il. À moins que vous remplaciez une
     femme ? pensa-t-il à haute voix.
    Marie-Ange, d’un coup de bâton de hockey, lui envoya à la figure une des
     crottes de cheval. La rondelle de fumier manqua de peu le prêtre et alla frapper
     de plein fouet le dos de Ti-Georges qui, penché, finissait de pelleter, avec
     François-Xavier, l’espace qui servirait à la joute.
    Il se redressa et regarda l’obus d’un air dégoûté.
    — Qui a fait ça ? demanda-t-il.
    Marie-Ange se mit à rectifier le foulard de Sophie d’un air innocent.
    Le curé reprit :
    — J’ai une meilleure idée : avez-vous un arbitre ?
    — Euh, non, j’y avais pas pensé… avoua l’organisateur.
    — Bien, vous en avez un astheure, pis vous pouvez être certain de son
     impartialité !
    Henry regarda avec consternation l’homme en soutane aller saluer
     François-Xavier et Ti-Georges. Un peu découragé, il laissa les équipes se
     placer. Des femmes, des fillettes et un curé comme arbitre… Toute une partie en
     perspective !
    Il n’y avait pas de lames de patins pour tout le monde alors il avait été
     décidé que tous joueraient en bottes. Rolande tirait un traîneau de bois dans
     lequel elle avait chaudement installé Antoinette. Avec Laura, Samuel,
     Jean-Baptiste, Augustin et les jumeaux, ils constituaient les spectateurs. La
     jeune femme ne resterait que pour le début de la partie. Elle devrait rentrer
     pour s’occuper d’Hélène, qui n’en avait plus pour longtemps à dormir.
    — Alors, les Rousseau, on tremble dans nos culottes ? cria Ti-Georges à ses
     adversaires avant la mise au jeu.
    Au nom de son équipe, François-Xavier répliqua :
    — On a juste peur de tellement réussir de buts qu’on pourra pus les
     compter !
    Le curé Duchaine tint la rondelle au-dessus de sa tête. D’une voix forte, il
     annonça :
    — Attention, à vos jeux, c’est parti !
    Du fond de son but, fabriqué avec des bidons de lait, Henry n’en crut pas ses
     yeux. C’était la mêlée générale. Il ne fut pas long à comprendre que les femmes
     s’étaient donné le mot pour jouer avec leurs propres règles, où tous les coups
     semblaient permis. Les fillettes s’accrochaient aux jambes des adultes, les
     empêchant ainsi de recevoir une passe. Marie-Ange poussait et retenait par le
     bras François-Xavier qui criait au curé de sévir, que ce n’était pas juste !
     Julianna prit la rondelle entre ses mains et courut jusque devant le butadverse. D’un air coquin, elle regarda un instant son neveu
     Jean-Marie et, d’un petit coup sec, elle compta un but ! Ti-Georges s’époumona
     et hurla à la tricherie. Henry délaissa son but et alla rejoindre les joueurs
     qui devant Jean-Marie parlaient l’un par-dessus l’autre. Même l’arbitre en robe
     noire y allait de son point de vue.
    — Mon but est bon ! tempêtait Julianna.
    — Non, on a pas le droit de prendre la rondelle dans les mains ! intervint
     Henry.
    — On le savait pas, monsieur l’avocat. Il fallait le dire avant. Le point est
     bon !
    — Tout le monde sait ça ! C’est du hockey !
    — Excuse-nous Henry, on est rien que des pauvres femmes sans cervelle !
    Le point fut gardé, contre la promesse de jouer comme il faut. Henry retourna
     en maugréant à son but. Le curé n’eut pas le temps de redonner le signal de mise
     au jeu que Julianna repoussa la rondelle, avec son bâton cette fois, entre les
     deux bidons !
    L’équipe des Rousseau sauta de joie. On repartit la polémique. Le but ne
     comptait pas, la mise au jeu n’avait pas été faite. Julianna fit son fameux
     sourire et dit :
    — Ah ! bon… C’est quoi, une mise au jeu ?
    Le point fut conservé. C’était donc deux à zéro pour les Rousseau. Ti-Georges
     bougonnait et commençait à dire que s’ils avaient un gardien de but qui n’était
     pas une passoire, ça irait mieux. Jean-Marie répliqua qu’il voudrait bien y voir
     son père, qu’il ne ferait pas mieux ! Le jeu reprit. Elzéar réussit à attraper
     la rondelle et fit une remontée remarquable jusqu’au but de Henry. L’avocat ne
     put rien faire quand la rondelle

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