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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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passa au-dessus de son épaule.
    2 à 1.
    Ti-Georges félicita chaleureusement son fils. Delphis et Pierre se démenaient
     comme des diables pour essayer de seulement toucher la rondelle. Baveux avait
     décidé de jouer aussi et le petit chien jappaitet sautillait
     entre les joueurs. Ti-Georges sacra après la bête qui l’avait fait trébucher.
     Mathieu, engoncé dans son costume des Canadiens, alla s’asseoir sur un banc de
     neige au bord du chemin, emmenant avec lui son ami Baveux. De toute façon,
     c’était un jeu stupide et ennuyant. Le curé allait de gauche à droite,
     gesticulant devant les nombreuses fautes commises. François-Xavier réussit à se
     démarquer et, seul, fila jusqu’au but des Gagné. 3 à 1.
    Ti-Georges alla invectiver Jean-Marie, le traitant d’incapable, affirmant que
     n’importe qui aurait pu arrêter ce tir. Le curé Duchaine essaya de lui faire
     entendre raison, mais Ti-Georges était sourd aux paroles de l’arbitre.
     Jean-Marie lança son bâton.
    — Ben gardez-le, votre but !
    Les Gagné perdirent ainsi un joueur qui, fâché, retourna à la maison.
    Ti-Georges prit place devant le but et relança ses adversaires.
    — Venez-vous en, les Rousseau ! Astheure, y en passera pus une ! Envoyez, le
     grand Ti-Georges va toutes les arrêter !
    Pauvre Ti-Georges, il n’avait pas terminé sa phrase que ce fut Yvette qui
     compta un but sans qu’il ne la voie venir. Il ne s’était pas méfié de ce petit
     bout de femme. Il faut dire que Julianna lui avait caché la vue en se mettant
     face à lui et que son équipe était en désavantage numérique.
    4 à 1.

    Fâché, Jean-Marie avait abandonné la patinoire et s’était rapidement engouffré
     dans la maison. Rageusement, il retira ses bottes et ne décoléra pas tandis
     qu’il allait devant le poêle se réchauffer. Rolande, qui venait de terminer de
     déshabiller les plus petits, entreprit d’enlever son propre manteau. Les jumeaux
     étaient déjà partis en haut jouer avec Laura. Samuel, Jean-Baptiste et Augustin
     se chamaillaient en une parodie de joute de hockey, se disputant non pas une
     rondellemais une patate volée dans la chaudière de sous
     l’évier. Antoinette dormait toujours dans le traîneau que Rolande avait laissé
     en avant sur le perron.
    — Tu rentres toé aussi ? lui demanda-t-elle intriguée.
    — Chus pas assez bon pour le père…
    — Georges est juste comme Baveux… Y jappe mais y mord pas.
    — Laisse-moé t’aider, offrit Jean-Marie en voyant la jeune femme essayer de se
     dégager d’une manche.
    D’un air timide, elle le remercia de son aide.
    — Ce manteau est trop petit pour moé… J’reste pognée dedans à chaque
     fois.
    Jean-Marie s’attarda plus longtemps qu’il n’aurait fallu. Il huma les cheveux
     de Rolande, sentit la chaleur de son corps, s’approcha dangereusement de la peau
     de son cou…
    Rolande s’écarta légèrement, grisée de ce moment d’intimité.
    — Passe-moé le linge d’Augustin pis des autres, j’vas aller accrocher tout
     ça.
    Jean-Marie l’aida à transporter manteaux, tuques, foulards et mitaines dans le
     bas-côté où ils suspendirent le tout sur des crochets de bois.
    Ils revinrent à la cuisine et Rolande entreprit de faire réchauffer une
     chaudronnée de soupe.
    — Ça va ben mourir de faim, c’te gang-là après avoir joué dehors,
     dit-elle.
    Jean-Marie vint derrière la jeune cuisinière et jeta un œil sur le contenu de
     la casserole.
    — Hum, de la soupe aux pois, ma préférée…
    Rolande continua de brasser doucement le mélange épais tout en rougissant de la
     proximité de l’homme.
    — Rolande, chuchota Jean-Marie, oh Rolande ! quand t’as marié le père…
    — Jean-Marie, non… l’implora-t-elle à voix basse.
    Elle tremblait. Jean-Marie se pencha tout près d’elle et huma
     la senteur de la jeune femme, s’enivrant de cette odeur dont il était
     privé.
    Il l’aimait. Ce n’était pas une simple passion physique, il avait connu des
     femmes. Il l’aimait. Il avait trouvé son âme sœur, rencontré sa moitié. Il
     l’aimait… et c’était réciproque, il le sentit aux frissons de Rolande, à sa
     respiration, à sa voix enrouée…
    En fermant les yeux de douleur, il murmura :
    — J’vas repartir ben loin…
    Rolande opina.
    — Je sais, répondit-elle.

    Ti-Georges sentit la colère monter en lui. Son équipe perdait. Tout à coup,
     Marie-Ange se

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