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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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comme Julianna… Elle toucha son
     ventre. Elle s’étira un peu puis revint à sa corvée de paquetage. Dans une
     grande malle, elle disposa soigneusement tout le linge de maison. Elle s’était
     tant appliquée à préparer son trousseau de mariage, passant des soirées à tisser
     des linges à vaisselle, des draps, des nappes et à les orner ensuite de
     broderies de marguerite, sa fleur préférée. Son regard s’attarda sur son mari.
     Elle avait cru être tombée amoureuse de lui… Quand ce Georges Gagné lui avait
     tourné autour et que son père l’avait approuvé comme étant un bon parti,
     Marguerite ne s’était pas objectée. Tout ce qu’elle voulait était de quitter le
     domicile familial. Elle s’était donc rendue à l’Église dire oui à ce jeune homme
     frisé, blagueur et trop petit à son goût.
    Elle referma la malle d’un coup sec et se releva. Elle devait entreprendre
     l’épluchage des patates si elle voulait que le repas de ce soir soit prêt. Elle
     ne pouvait se permettre le luxe de rêvasser tranquillement !
    Avec rapidité, Marguerite épluchait les pommes de terre et le petit tas de
     pelures s’accumulait dans la chaudière à côté d’elle. Les deux hommes
     discutaient encore d’avenir. François-Xavier avait annoncé qu’à l’automne, lui
     aussi quitterait la Pointe. Avec Julianna et le bébé, ils iraient se réfugier à
     Roberval. Ti-Georges trouvait que c’était une bonne idée. Ils parlèrent des plus
     chanceux qui pouvaient songer à rester encore au village. Marguerite soupira
     discrètement. Si au moins cela avait pu être leur cas… Son père avait accepté en
     maugréant de les héberger en attendant que tout se règle, mais Marguerite aurait
     tout donné pour que les choses se passent autrement. Elle appréhendait
     énormément cette vie sous le même toit que ses parents. Comment faire pour
     revenir sous les ordres de sa mère, pour endurer ces sempiternelles plaintes
     pour tout et rien ? Sa mère n’était jamais contente. Quant à son père,
     Marguerite préférait ne pas y penser. Le revoir de temps en temps pour les Fêtes
     lui était déjà assez pénible,partager le même espace que lui à
     nouveau lui semblait impossible. Elle aimait tant vivre sur la Pointe. Être
     séparée par une rivière de sa famille était ce qui lui était arrivé de mieux.
     Même si le père de Ti-Georges n’avait pas été facile, il lui laissait toute
     autorité dans sa cuisine et elle avait régné en maîtresse dans sa maison. « Mon
     Dieu, faites que cela soit provisoire ! »
    Ce fut l’exclamation de François-Xavier qui la sortit de ses pensées. Celui-ci
     s’écriait qu’il venait d’avoir une bonne idée et que le piano était une chose
     réglée !
    — Le piano de Julianna ? dit Ti-Georges en fronçant les sourcils. C’est quoi le
     rapport avec ce que je viens de te dire ?
    François-Xavier, un grand sourire fendu jusqu’aux oreilles, expliqua :
    — Imagine-toé donc que ta sœur s’est mise dans la tête de démolir un mur du
     salon de la maison à Roberval pour y mettre son piano !
    — Bateau, j’aurai tout entendu ! Est bonne celle-là ! Si je me rappelle ben,
     c’est grand comme ma main c’te maison-là !
    — J’savais pas quoi faire mais là tu m’as donné une bonyenne de bonne
     idée.
    Marguerite intervint :
    — Vous êtes sûrs qu’y a pas de place pour son piano ? Parce que c’est ben
     important pour Julianna.
    — C’est toujours ben juste de la musique, dit Ti-Georges d’un air renfrogné. Tu
     devrais pas t’embarrasser de ça.
    Marguerite haussa les épaules et se dirigea vers la cuisinière à bois. Dans une
     marmite, elle vida ses patates épluchées. Elle savait qu’il n’y avait rien à
     ajouter. Est-ce que Ti-Georges se rendait compte qu’il ressemblait de plus en
     plus à son père ?
    — Alors, c’est quoi le rapport avec les frères ouvriers à Vauvert ? demanda
     Ti-Georges.
    — Tu m’dis que les Gagnon ont décidé de quitter la Pointe pour les
     États-Unis ?
    — Oui. Coudon, tu t’en viens radoteux. Y cassent maison pis y
     s’en vont cette semaine.
    — Pis tu m’as dit qu’y donnaient une partie de leurs affaires à l’orphelinat
     des frères ouvriers ?
    — Oui, ceux de Vauvert, pas loin de Péribonka… répliqua Ti-Georges. Tu vas-tu
     tout me faire répéter de même ?
    — Ben moé, j’vas donner un beau piano aux

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