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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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après-midi. Nous
     allons le recevoir à souper.
    — Henry ? Henry qui ?
    — Henry Vissers.
    — Henry Vissers ? Le Henry Vissers ?
    — Oui.
    — Ton Henry Vissers ?
    — Oui.
    — Ton ancien prétendant ?
    — Ben oui, je te l’ai dit l’autre fois qu’il s’en venait à Roberval,
     mentit-elle en mettant un bavoir autour du cou de petit Pierre.
    — Non Julianna Rousseau, tu m’as jamais dit ça.
    — Tu devais pas m’écouter, comme d’habitude... Si tu veux d’autre gruau, y en a
     de trop à matin pis y goûte pas le brûlé.
    Mine de rien, elle prit place sur une autre chaise et se mit à nourrir à la
     cuillère son fils toujours assis sur son père. Le bébé aimait le gruau et
     ouvrait grand la bouche sans se faire prier.
    — Chus ben certain que j’ai jamais entendu parler que TON Henry s’en venait,
     affirma le mari.
    — Franchement François-Xavier, comme si j’avais pu oublier de te
     le dire ! C’est ben certain que c’était pas ben ben important pis que ça m’a
     peut-être sorti de l’esprit, mais ça m’étonnerait. Allez Pierre, on ouvre grand
     la bouche…
    — Julianna...
    — Oui ? Tu veux encore du gruau ?
    — Que c’est que ce Vissers vient faire par icitte ?
    — Oh, je sais pas trop... Il a un travail pour un chef de compagnie de
     Val-Jalbert, je pense.
    — Tiens, ils vont les chercher loin, leurs avocats !
    — Ben écoute, s’ils ont besoin du meilleur... Pierre, ouvre grand... Une
     bouchée pour maman...
    — On sait ben...
    — C’est gentil de sa part, tu trouves pas, de venir nous rendre visite en même
     temps ? Une bouchée pour papa...
    — Ben beau hasard surtout...
    — Va te changer, mets ton habit du dimanche, je lui ai dit qu’on serait à la
     gare pour l’accueillir.
    — Ah, il faut aller au train en plus ? maugréa-t-il. Un coup parti, on
     l’héberge-tu itou ?
    — Ben non, il va à l’hôtel ! répondit-elle comme si c’était l’évidence
     même.
    François-Xavier repoussa son bol. Petit Pierre gigotait et tentait de mettre
     ses mains dedans. De toute façon il n’avait plus faim. Il était si fatigué…
     Découragé, il dit :
    — Julianna, j’pense pas que ça m’tente ben gros d’avoir affaire à ton Henry
     Vissers.
    — Ben voyons donc, il te mangera pas. Une bouchée pour mononcle Georges… Pis ça
     l’air qu’il a un cadeau pour les un an de p’tit Pierre.
    — J’haïs ça quand tu me mets devant le fait accompli ! s’énerva
     François-Xavier. Pis y a pas d’affaire à donner des cadeaux à mon fils !
    — François-Xavier, que t’es de mauvaise foi quand tu veux. J’ai
     été élevée à recevoir le monde, à être polie. J’ai appris les bonnes manières,
     moé, pis j’vas aller le chercher à la gare toute seule s’il le faut ! Et une
     bouchée pour matante Marguerite !
    Il n’y avait pas personne de plus têtu que sa femme, se disait
     François-Xavier.
    — On va aller le chercher, ton avocat... bougonna-t-il.
    — Pis le recevoir à souper !
    — Pis le recevoir à souper. Mais après, j’veux pus en entendre parler !
     ajouta-t-il avec véhémence.
    — Ben oui... Pis une bouchée... pour Henry !

    Pourtant, ce fut loin d’être la seule rencontre avec Henry. L’avocat passait
     régulièrement ses soirées chez le jeune couple Rousseau. Julianna ne s’était pas
     trompée : Henry s’avéra d’une aide précieuse. Elle regarda son mari avec sa
     belle tête rousse être en grande conversation animée avec celle, brune, de son
     ancien fiancé. Elle venait de remarquer la ressemblance physique entre les deux
     hommes. Henry était plus âgé que François-Xavier et arborait déjà quelques
     cheveux gris mais ils étaient tous deux grands, minces, élancés. Ils dégageaient
     le même charme. Pourquoi son âme, son cœur avaient réagi à l’amour de
     François-Xavier et non pas à celui de Henry ? C’était un mystère.
    On était rendu au mois d’août. L’été s’achevait déjà. Que le temps passait
     vite ! Elle avait été rendre visite à Marguerite et bercé Delphis. Ils ne
     s’étaient pas attardés chez les Belley. François-Xavier, Pierre et elle-même
     n’avaient manifestement pas été les bienvenus dans la maison familiale de
     Marguerite. La mère de sa belle-sœur ne leur avait même pas offert à manger ni à
     boire ! Jamais Julianna n’avait rencontré de gens si malappris. Elle ne
     comprenait

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