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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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gâteau, je
     pense.
    — Hum, c’est plutôt le champagne. T’es pas habituée...
    — Je comprends, j’en avais jamais bu avant !
    — Tu voulais que je t’aide pour quoi ?
    — Hein ? fit-elle, l’esprit dans le brouillard.
    — Tu m’as demandé de venir t’aider, une job d’homme, t’as dit...
    Elle lui fit une drôle de moue.
    — Je m’en souviens pus... C’est disparu, comme ça, pouf ! C’est drôle, tantôt
     je m’en souvenais pis là, pus rien pantoute ! Danse encore avec moi.
    Elle s’accrocha au cou d’Henry et lui murmura :
    — Dis Henry, j’ai vraiment bien chanté ?
    Comment lui résister ?
    — Je te l’ai dit, Julianna. J’ai été transporté au paradis sur les ailes de ta
     voix…
    Comment lui résister !
    — C’est vrai, tu m’as dit ces belles choses. Tu me dis toujours des belles
     choses…
    Comment lui résister…
    — Pis ma robe, tu la trouves belle ?
    Comment lui résister ? C’était humainement impossible…
    Henry se pencha vers la jolie bouche.
    Léonie entra juste à ce moment :
    — Henry !
    L’avocat rougit jusqu’aux oreilles. Surprise, Julianna se mit à rire.
    — J’avais besoin d’Henry pour quelque chose, mais je m’en souviens pus pantoute
     pourquoi ! C’est drôle, hein, marraine ?
    Léonie vint elle-même dénouer les bras de Julianna qui ne résista pas, semblant
     ne pas trop se rendre compte de ce qui se passait. Libéré, Henry s’enfuit au
     salon.
    — Oh marraine, j’ai... j’ai pas trouvé votre châle...
    — T’as pas cherché ben loin, ma fille... fit remarquer sèchement la femme en
     prenant le vêtement sur le dossier d’une chaise. D’ailleurs, reprit Léonie
     mécontente, je pense que tout ce que t’as cherché, c’est le trouble.
    — Chus une adulte, marraine, on a le droit de s’amuser un peu, rétorqua la
     jeune femme d’un air boudeur.
    — Drôle de jeu. Allez viens, on va retrouver nos invités.
    — J’vas prendre un peu d’air avant.
    — Comme tu voudras, t’es une adulte d’abord... persifla Léonie avant de la
     laisser seule.
    Au fond de la cuisine, une porte de service menait à la sortie arrière de
     l’immeuble. Julianna s’assit sur la première marche et regarda le ciel étoilé.
     Cette bouffée d’air frais lui rendit les idées beaucoup plus claires et lui fit
     le plus grand bien. Elle n’était pas si ivre que cela, elle jouait un peu la
     comédie. Elle avait eu une envie folle de savoir si Henry allait l’embrasser,
     s’il pourrait lui résister. Évidemment, si celui-ci l’avait fait, elle se serait
     récriée. Peut-être… Elle écouta les bruits de la nuit montréalaise. Elle aimait
     cette ville, le rire des passants, les cris des adolescents, le sifflement d’un
     train, le miaulementd’une chatte en chaleur... Julianna sourit.
     Depuis l’après-midi, elle avait un secret.
    Quand Julianna retourna à la veillée, elle semblait beaucoup plus maîtresse
     d’elle-même. Henry n’osa pas la regarder et piqua du nez sur la partie d’échecs
     entamée avec François-Xavier. Le mari de Julianna était un piètre joueur et
     était lent à déplacer ses pièces. François-Xavier ne releva même pas la tête de
     l’échiquier quand Julianna s’assit près de Marie-Ange et se resservit un peu de
     champagne. La Bolduc turlutait et chantait l’histoire d’un propriétaire « pas
     mal écornifleux ». Marie-Ange tapait du pied et des mains en riant des paroles
     comiques.
    — Ah, Julianna, tu vois, ça, c’est de la vraie musique, dit-elle la chanson
     terminée.
    Les deux sœurs se mirent à s’asticoter bruyamment sur la définition de la vraie
     musique. François-Xavier essaya de se concentrer plus fort sur sa partie. Il
     détestait ce jeu. Il visualisait un coup, anticipait le suivant et le suivant et
     ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ne se souvienne plus de son coup de départ et
     alors il recommençait le même manège. Il soupira. Sa femme le déconcentrait.
     Elle parlait fort et obstinait sa sœur qu’un harmonica n’était pas un instrument
     de musique. Il prit sur lui et comme à son habitude ne dit rien. Il la laissa
     parler de l’avenir de grand musicien qui s’ouvrait pour Mathieu, du fait qu’on
     l’avait approchée l’après-midi même pour discuter de la possibilité de cours
     privés pour l’enfant et d’études musicales, à Paris, peut-être, on ne sait
     jamais…
    — … quand il sera

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