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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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qu’elle
s’efforçait d’écarter. Comment les soldats du shah seraient-ils ici s’ils n’avaient
enjambé le cadavre de son mari ? Si Gengis vivait encore, il aurait déplacé
des montagnes afin de protéger le camp. Pour un Mongol, la famille passait
avant tout. Il n’y avait cependant aucun signe du khan à l’horizon et Chakahai
luttait contre le désespoir, cherchant un calme auquel elle ne parvenait que
par instants.
    Elle prit une profonde inspiration et les battements de son
cœur ralentirent enfin. Elle avait les membres étrangement froids, comme si son
sang s’était glacé dans ses veines. Les cavaliers trottaient vers la cité de
yourtes. La vie n’était qu’un rêve fiévreux, une courte respiration entre deux
longs sommes. Chakahai se réveillerait et renaîtrait sans la souffrance du
souvenir. Cela au moins était un réconfort.
     
     
    Les troupeaux de chevaux mongols s’agitèrent lorsque le shah
approcha avec ses hommes. Dans l’étrange silence qui régnait, il eut un sombre
pressentiment. Il regarda les autres pour voir s’ils percevaient eux aussi le
danger mais, entraînés par l’envie aveugle de faire un carnage, ils se
penchaient en avant sur leur selle.
    Devant, de la fumée montait paresseusement des feux. Il
commençait déjà à faire chaud et de la sueur coulait dans le dos du shah quand
il atteignit les premières yourtes. Ses gardes se déployèrent en pénétrant dans
le camp et il sentit ses nerfs se tendre. Les tentes des Mongols étaient assez
hautes pour cacher des surprises. Même un homme à cheval ne pouvait pas voir ce
qu’il y avait derrière et cela le rendait nerveux.
    Le camp semblait désert. S’il n’y avait eu les feux, le shah
aurait pu croire que tous les Mongols l’avaient quitté. Il avait eu l’intention
de le traverser au galop en tuant tous ceux qu’il trouverait sur son chemin. Mais
les sentiers étaient silencieux et les cavaliers s’enfonçaient dans le camp
sans apercevoir âme qui vive. Au-dessus d’eux, un aigle planait, cherchant une
proie.
    Le maître du Khwarezm avait sous-estimé les dimensions du
camp mongol. Il regroupait environ vingt mille tentes, peut-être plus, véritable
ville jaillie de rien dans le désert. Les barbares s’étaient installés sur les
berges d’une rivière et Mohammed remarqua au passage des poissons mis à sécher
sur des claies en bois. Même les mouches étaient silencieuses. Il haussa les
épaules, s’efforça d’oublier son pressentiment. Déjà plusieurs de ses hommes
étaient descendus de cheval pour pénétrer dans les yourtes. Il avait entendu
les plus expérimentés conseiller de menacer les enfants pour rendre les femmes
plus dociles. Avec un soupir irrité, il songea que Djalal al-Din avait
peut-être raison. La matinée serait perdue et les guerriers de Gengis ne
pouvaient pas être loin. Tout à coup, il se prit à regretter de ne pas être
simplement passé devant le camp.
    L’un des amis de son fils se baissa pour franchir l’entrée d’une
tente, presque trop étroite pour ses épaules massives. Le garde passa son
visage barbu dans l’ouverture, cligna des yeux. Soudain, il se mit à trembler
comme sous l’effet d’un accès de fièvre, tomba à genoux et bascula en avant
dans la yourte, le corps agité de soubresauts.
    Au moment où il prenait sa respiration pour donner ses
ordres, le shah perçut un mouvement du coin de l’œil et abattit son sabre. La
pointe entailla le visage et brisa quelques dents d’une femme qui s’était
approchée de lui furtivement. Elle s’écroula en arrière, la bouche crachant un
flot de sang, mais, à la stupeur de Mohammed, elle se releva aussitôt et lui
perça la cuisse de sa dague. Un second coup de sabre la décapita, puis le
silence vola en éclats autour de lui.
    Aussitôt ses hommes durent se battre pour rester en vie. Ignorant
la douleur de sa blessure, le shah fit tourner son cheval et utilisa sa masse
pour renverser une femme et un jeune garçon qui se ruaient sur lui en
brandissant de longs couteaux. Ses gardes étaient des cavaliers émérites, habitués
à défendre leur monture contre des fantassins, mais les Mongoles semblaient ne
pas craindre la mort. Elles s’approchaient en courant, portaient un coup de
couteau à un cheval ou à la jambe d’un homme avant de disparaître derrière la
tente la plus proche. Le shah en vit plus d’une qui, grièvement blessée, continuait
à avancer en titubant et profitait de son

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