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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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la tête, se tourna vers l’interprète.
    — Traduis-lui ces mots dans sa langue : « Je
n’ai que faire d’or ou d’argent. »
    — Qu’est-ce qu’il veut ? demanda Inaltchiq au
marchand. Au nom d’Allah, dis-moi si je vais mourir !
    L’homme retint un moment sa respiration en regardant avec
fascination le métal liquide remuer dans le chaudron et en recouvrir les côtés.
    — Je crois que oui, finit-il par répondre. Au moins, ce
sera rapide. Recommande ton âme à Dieu.
    Sans se soucier de l’échange, Gengis termina ce qu’il avait
à dire au prisonnier :
    — Accepte ce cadeau de moi, gouverneur d’Otrar. Tu
pourras garder ce que tu parviendras à contenir.
    Puis il se tourna vers Khasar.
    — Fais-lui tendre les mains, et prends garde à ne pas
être brûlé.
    Le frère du khan frappa Inaltchiq sur le crâne, lui fit
signe de tendre les mains devant lui. Le gouverneur se mit à crier en secouant
la tête. Même un sabre pressé contre sa gorge ne l’amena pas à obéir. Irrité, Khasar
lui saisit le coude et l’épaule et lui cassa un os comme il l’eût fait d’un
bâton.
    Inaltchiq hurla en continuant à se débattre. Gengis ordonna
à Khasar de briser l’autre bras.
    — Fais ce qu’ils demandent, frère ! intervint l’interprète.
Tu vivras peut-être !
    Inaltchiq l’entendit à travers ses sanglots, tendit ses
mains entravées, l’une soutenant l’autre qui pendait mollement. Gengis fit
signe aux forgerons d’incliner le chaudron.
    Une coulée de métal recouvrit les mains du gouverneur. Il
ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Ses doigts étaient soudés par la
chaleur, sa chair fondait.
    Les yeux révulsés, il bascula en arrière, eut un soubresaut
et tomba face contre terre. Gengis s’approcha de la forme tremblante, la
retourna du pied et dit :
    — Tu m’as fait venir sur ces terres arides. Je t’ai
offert la paix et le négoce, tu m’as renvoyé la tête de mes émissaires. Je te
donne maintenant ton précieux argent à tenir.
    Inaltchiq ne répondit pas mais ses lèvres remuèrent en
silence.
    — Tu n’as même pas un mot pour me remercier ? poursuivit
le khan. Aurais-tu le gosier sec ? Accepte de quoi étancher ta soif. Tu
connaîtras alors un peu de la souffrance que tu as causée.
    Muet d’horreur, l’interprète ne put traduire, mais Inaltchiq
n’était plus en état d’entendre. Le khan ne prit pas la peine de regarder les
forgerons quand ils versèrent le reste du métal sur le visage du gouverneur. Sa
barbe luisante d’huile s’enflamma, sa bouche se remplit mais Gengis gardait les
yeux rivés sur les habitants de la ville. Un grand nombre d’entre eux se
détournèrent, comprenant enfin que la mort s’abattrait aussi sur eux.
    — Les catapultes sont prêtes, Khasar, dit Gengis. Tu
commenceras à briser les murailles demain à l’aube. Je veux qu’il ne reste plus
une pierre sur une autre. Otrar ne sera pas reconstruite après notre départ. Cette
ville sera rayée de la surface du monde, avec tout ce qui y vit.
    Khasar, dont la haine était aussi profonde que celle de son
frère, inclina la tête.
    — À tes ordres, seigneur.
     
     
    Le Vieux de la Montagne écoutait par une petite grille
sertie à hauteur de visage dans le mur de la cellule. Il distinguait à peine de
vagues contours dans l’obscurité mais il entendit le bruit d’un jeune corps s’agitant
au sortir d’un sommeil causé par la drogue. Patient, il attendit. Combien de
fois avait-il déjà guidé un jeune garçon dans ce rituel de l’éveil ? Il
avait montré à sa nouvelle recrue un jardin dont la splendeur était rehaussée
par la drogue contenue dans un vin sucré comme un sirop. Il lui avait montré le
paradis et maintenant, dans le noir, l’adolescent verrait l’enfer.
    Le vieil homme sourit en entendant un cri d’horreur. Il
imaginait la stupeur et la confusion du garçon, il se rappelait ce qu’il avait
lui-même éprouvé, bien des années plus tôt. L’odeur de chair morte était forte
dans la petite cellule où des corps gluants se couchaient sur le jeune guerrier.
Le vieillard l’entendit murmurer et sangloter en tentant d’écarter les membres
froids qui l’enlaçaient. Il devait avoir l’impression que quelques instants
seulement s’étaient écoulés depuis qu’il avait contemplé un endroit d’une beauté
presque insupportable. Le vieil homme avait rendu le jardin parfait et choisi
les femmes avec soin en veillant au

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