Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
Vom Netzwerk:
moindre détail. C’étaient des créatures
exquises et la drogue avait enflammé les sens du jeune homme au point que la
plus légère caresse sur sa peau le rendait fou de désir. Puis il avait fermé
les yeux un instant et s’était réveillé dans la pestilence de ces morts.
    Plissant les yeux, le Vieux de la Montagne vit que le garçon
agitait les bras. Il devait sentir une matière molle sous ses mains dans les
ténèbres, peut-être même le grouillement des asticots dans la viande. Il gémit,
se mit à vomir. La puanteur était insoutenable et le vieil homme porta à ses
narines un sachet de pétales de rose, attendit. Le moment était toujours
délicat mais il maîtrisait parfaitement son art.
    Le garçon était nu parmi les morts aux corps glissants. Il
détacha des lambeaux de peau luisante qui s’étaient collés à la sienne. Son
esprit devait être sur le point de se briser, son cœur au bord de l’éclatement.
Le vieillard se dit que seuls les très jeunes survivaient à une telle épreuve
et qu’ils en demeuraient hantés à jamais.
    Soudain, le garçon poussa un cri en voyant remuer une masse
de chair en putréfaction. Le vieil homme sourit, se baissa pour prendre la
lanterne qu’il avait posée à ses pieds pour qu’aucun rai de lumière ne perturbe
la leçon. Dans la cellule, le jeune homme priait Allah de le délivrer de cette
fosse de l’enfer.
    Le vieillard ouvrit brusquement la porte, la lanterne
fracassa l’obscurité et le garçon aveuglé tomba en arrière, les mains devant
les yeux. Le Vieux de la Montagne entendit avec plaisir couler l’urine quand le
prisonnier ne put contrôler plus longtemps sa vessie. Des larmes passaient
entre les mains jointes. Le vieil homme ne s’était pas trompé en estimant le
moment venu.
    — Je t’ai montré le paradis, dit-il. Et je t’ai montré
l’enfer. Dois-je te laisser ici le temps de mille vies ou te ramener dans le
monde ? Ce qui t’attend dépend de toi. Sur ton âme, parle franchement. Me
confieras-tu ta vie pour que j’en fasse ce que je jugerai bon ?
    Le garçon avait quinze ans. Tandis qu’il sanglotait à genoux,
les dernières traces de haschich quittaient son jeune corps, le laissant
tremblant et faible.
    — Je t’en supplie ! s’écria-t-il. Je ferai tout ce
que tu m’ordonneras ! Dispose de moi !
    Il n’osait cependant pas ouvrir les yeux, au cas où la
vision aurait disparu et où il se retrouverait de nouveau seul.
    Le vieil homme approcha une coupe des lèvres du garçon, lui
fit sentir la résine réputée donner du courage. Le garçon but avidement le vin
pourpre, qui coula sur sa poitrine et ses bras nus. Le vieil homme eut un
grognement de satisfaction lorsqu’il tomba en arrière et sombra de nouveau dans
son abrutissement.
     
     
    Quand il se réveilla, il était couché sur des draps propres
dans une pièce de pierre nue du repaire du Vieux de la Montagne. Ignorant qu’on
continuait à l’observer, il pleura au souvenir de ce qu’il avait subi. Balançant
les jambes hors du lit, il essaya de se lever, résolu à ne jamais retourner
parmi les démons de la chambre des morts. Il songea qu’il serait devenu fou si
le jardin n’était pas aussi resté dans son esprit. Sa paix l’avait protégé, même
en enfer.
    La porte en bois s’ouvrit et le garçon vit entrer l’homme de
pouvoir qui l’avait tiré de cette abomination. Il était petit et trapu, avec
des yeux féroces dans un visage couleur acajou. Sa barbe était pommadée et
parfaitement taillée mais sa mise, simple comme toujours, convenait à un homme
refusant les attributs clinquants de la richesse. De lui-même, l’adolescent se
jeta de tout son long sur la pierre froide pour exprimer sa gratitude en se
prosternant.
    — Tu as enfin compris, dit le vieil homme avec douceur.
Je t’ai pris par la main pour te montrer et la gloire et l’échec. Que
choisiras-tu le moment venu ?
    — Je choisirai la gloire, maître.
    — Ta vie n’est qu’un vol d’oiseau à travers une pièce
éclairée, des ténèbres infinies à une nuit éternelle, avec entre deux un temps
très court. La pièce est sans importance, ta vie aussi. Ce qui compte, c’est la
façon dont tu te prépares pour la suite.
    — Je comprends, répondit le garçon, qui croyait encore
sentir le contact gras des membres morts sur sa peau.
    — Plains ceux qui ignorent ce qui vient après la mort. Toi,
tu seras fort parmi eux car tu as contemplé le paradis puis

Weitere Kostenlose Bücher