Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
Vom Netzwerk:
l’enfer et tu ne
flancheras pas.
    Le chef des Assassins tendit la main pour aider le jeune
homme à se relever.
    — Tu peux maintenant rejoindre tes frères. Des hommes
qui, comme toi, ont été autorisés à regarder par la fente du mur de la réalité.
Tu ne feras défaut ni à eux ni à moi lorsque tu déposeras une mort parfaite aux
pieds d’Allah.
    — Je ne faillirai pas, répondit le garçon, plus sûr qu’il
ne l’avait été de toute sa jeune vie. Dis-moi qui je dois tuer.
    Le Vieux de la Montagne sourit, touché par la ferveur des
jeunes guerriers qu’il envoyait dans le monde. Il en avait fait partie
autrefois et, par les nuits froides et sombres, il lui arrivait parfois encore
de désirer ardemment le jardin qu’on lui avait montré. Il ne pouvait qu’espérer
qu’à l’heure où la mort le prendrait enfin la réalité serait aussi merveilleuse.
Qu’il y ait du haschich au paradis, souhaita-t-il. Que je sois aussi jeune et
agile que le garçon que j’ai devant moi.
    — Tu te rendras avec tes frères au camp du Mongol qui
se fait appeler Gengis.
    — P… parmi les infidèles, maître ? bredouilla le
jeune homme, qui déjà se sentait souillé.
    — Ta foi te gardera. Pendant cinq ans, nous t’avons
formé à cette fin et à cette seule fin. Tu as été choisi pour ton don des
langues. Fais-en usage pour servir Allah.
    Le Vieux de la Montagne posa sur l’épaule du garçon une main
dont la paume semblait répandre de la chaleur.
    — Introduis-toi dans l’entourage du khan et, au moment
opportun, arrache-lui la vie d’un seul coup au cœur. Sais-tu quel serait le
prix d’un échec ?
    Le jeune homme avala sa salive en se rappelant la fosse.
    — Je n’échouerai pas, maître. Je le jure.

 
DEUXIÈME PARTIE

 
20
    Aucun vent ne troublait la chaleur de l’été. L’air était
immobile et le soleil rendait les rues désertes pendant des heures l’après-midi.
La ville d’Almashan n’était guère plus qu’une forteresse ancienne et
poussiéreuse que baignait cependant une rivière étincelante. Ce jour-là, ni
femmes ni enfants ne s’ébattaient sur ses berges. Toutes portes fermées, Almashan
abritait un grand nombre de paysans et d’animaux provenant des fermes
environnantes. La place du marché sentait la peur et l’odeur de fosses d’aisances
qu’on ne pouvait pas vider et dont la saleté remontait vers la surface.
    Les habitants de la ville entendaient au loin un faible
grondement qui ne cessait de grossir. Ceux qui se tenaient en bas ne pouvaient
que lever les yeux vers les sentinelles postées sur le chemin de ronde des
murailles et prier. Même les mendiants ne demandaient plus l’aumône.
    — Tenez-vous prêts ! lança Ibrahim aux soldats qui
gardaient la porte, en bas.
    Le cœur battant dans la poitrine, il regardait par-dessus le
mur. Almashan était entourée de terres pauvres qui ne donnaient que de maigres
récoltes, mais la source de la richesse de la ville avait toujours été ailleurs.
    Dans la brume de chaleur, une ligne noire de cavaliers
approchait à une allure effrayante. C’était pour cette raison que la ville
bien-aimée d’Ibrahim avait accueilli autant d’inconnus. Des marchands et des
caravaniers s’étaient réfugiés derrière ses murs. Ibrahim avait prélevé un
impôt sur chacun d’eux : la moitié des marchandises qu’ils avaient voulu
mettre à l’abri. Aucun n’avait osé se plaindre. S’il survivait à l’assaut des
Mongols, Ibrahim serait extrêmement riche, mais il n’était pas très optimiste.
    Sa petite ville se tenait depuis sept cents ans au bord de
cette rivière. Ses marchands allaient jusqu’en Espagne et dans les terres jin
pour rapporter des trésors et un savoir inestimables, sans jamais toutefois
attirer l’attention des sultans et des shahs. Les notables d’Almashan payaient
leurs impôts rubis sur l’ongle et amassaient des fortunes grâce aux esclaves
infidèles. Ces profits avaient permis à la ville de construire ses murs et ses
greniers et de devenir un centre de la traite. Les terres agricoles n’auraient
jamais rapporté à Ibrahim les richesses qu’il possédait déjà.
    Les yeux plissés dans l’éclat brutal du soleil, il agrippait
de ses doigts écartés de vieilles pierres sombres qui avaient fait partie d’un
fort si ancien que personne ne l’avait connu. Avant cette époque, la ville n’était
qu’une étape où les marchands d’esclaves se reposaient près de la rivière

Weitere Kostenlose Bücher