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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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avant
de repartir vers les grands marchés du Sud ou de l’Est. À présent, Almashan les
avait fait siens.
    Ibrahim soupira. D’après ce qu’il avait entendu dire, les
Mongols ne comprenaient pas le commerce. Ils ne verraient en Almashan qu’une
cité ennemie. Quoique son turban absorbât sa sueur, il dut essuyer son visage
de sa manche, laissant une tache sombre sur le tissu blanc de sa tunique.
    Devant les Mongols, un Bédouin, reconnaissable à sa robe, galopait
seul en regardant par-dessus son épaule. Ibrahim nota qu’il montait un superbe
cheval noir dont la taille et la vitesse le maintenaient devant ses
poursuivants. Tapotant des doigts la pierre rugueuse, Ibrahim se demanda s’il
devait faire ouvrir l’huis serti dans la grande porte. Manifestement, l’homme
du désert voyait en Almashan un lieu où se réfugier, mais si les portes de la
ville demeuraient closes, les Mongols n’attaqueraient peut-être pas. En
revanche, s’il laissait l’homme entrer, combien de temps Almashan
résisterait-elle à l’assaut qui suivrait sûrement ?
    Indécis, Ibrahim se retourna et baissa les yeux. Le bazar
bruissait encore des rumeurs de la déroute du shah et Ibrahim aurait voulu
avoir des nouvelles fraîches, mais pas au prix de sa ville. Non. Il décida de
garder les portes fermées et de laisser l’homme mourir. Son esprit s’insurgeait
à l’idée que des infidèles puissent s’emparer d’un musulman devant les murs de
la ville mais de nombreuses familles comptaient sur lui pour les maintenir en
sécurité. Les Mongols poursuivraient peut-être leur route une fois qu’ils
auraient versé le sang et Ibrahim prierait pour l’âme de cet homme.
    La ligne mongole était maintenant assez proche pour qu’Ibrahim
distingue chaque monture. Il frissonna à la vue de ces guerriers qui avaient
vaincu le shah Mohammed et anéanti son immense armée près d’Otrar. Il ne voyait
cependant ni catapultes ni chariots, aucun signe que déferlait tout le peuple
pillard surgi des montagnes de l’Est. Trois mille hommes environ galopaient
vers la ville et ce n’étaient pas des cavaliers qui à eux seuls pouvaient l’inquiéter.
La pierre sur laquelle reposaient ses mains reflétait les richesses accumulées
par des siècles de traite. Les murs de la ville protégeaient ces richesses
ainsi que ceux qui vivaient en son sein.
    Le cavalier arrêta son cheval, le fit tourner devant la
porte en criant à ceux qui le regardaient d’en haut :
    — Laissez-moi entrer ! Je suis poursuivi !
    Sentant sur lui le regard de ses soldats, Ibrahim se
redressa et secoua la tête. Les Mongols étaient à moins de quinze cents pas et
il entendait le tonnerre de leurs sabots. Almashan était indépendante, elle l’avait
toujours été ; il ne pouvait pas courir le risque de provoquer la colère d’un
khan étranger.
    En bas, l’homme s’était retourné et regardait, bouche bée, les
guerriers qui se ruaient vers lui.
    — Pour l’amour d’Allah ! supplia-t-il. Les
laisserez-vous me tuer ? J’ai des nouvelles que vous devez entendre !
    Ibrahim serra le poing, remarqua les sacoches accrochées à
la selle de l’inconnu. Était-ce un messager ? Portait-il des nouvelles d’une
telle importance ? Les infidèles seraient là dans quelques battements de
cœur, Ibrahim entendait les chevaux renâcler et les guerriers pousser des cris
gutturaux en bandant leur arc. Il jura intérieurement, détourna les yeux. Que
valait une vie comparée à une cité ? Almashan survivrait.
    Des voix s’élevèrent derrière lui et il s’éloigna du parapet
pour regarder en bas. Consterné, il vit son frère frapper un garde au visage. L’homme
s’effondra et, malgré les cris de colère d’Ibrahim, son frère souleva la lourde
barre de la porte. Un rai de lumière perça la pénombre au pied des murailles. Avant
qu’Ibrahim puisse crier de nouveau, la porte se referma et le Bédouin haletant
se retrouva en lieu sûr. Écarlate de rage, Ibrahim descendit précipitamment les
marches de pierre conduisant à la rue.
    — Imbéciles ! vociféra-t-il. Qu’avez-vous fait ?
    Les gardes n’osaient pas affronter son regard, mais son
frère haussa les épaules. La petite porte trembla soudain sur ses gonds et les
fit sursauter. Un choc ébranla la barre et un soldat tomba d’en haut, une
flèche dans l’épaule. De l’autre côté des murailles, les cavaliers mongols hurlaient
de frustration.
    — Tu veux tous nous faire tuer ?

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