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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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fera ton orgueil, je n’en doute pas.
    Gengis hocha la tête, ravi du compliment fait à son fils. Temüge
montra un soudain intérêt pour ce que venait de dire Khasar.
    — C’est une bonne idée, approuva-t-il. Contre les Jin, nous
avons souvent dû prendre plus d’une fois la même ville. Certaines ont même
résisté à une troisième attaque et nous avons dû les raser. Nous ne pouvons pas
passer à d’autres en comptant qu’elles ne se relèveront pas de leur défaite.
    Le « nous » fit légèrement tiquer Gengis. Il ne se
rappelait pas avoir vu Temüge se ruer à l’assaut de la moindre ville mais, vu
les circonstances, il s’abstint d’intervenir et son plus jeune frère poursuivit
avec insouciance :
    — Donne-m’en l’ordre et je laisserai des hommes
capables dans chacune des villes que nous prendrons au shah en fuite et ils
gouverneront en ton nom. Dans dix ou vingt ans, tu auras un empire aussi vaste
que ceux des Jin et des Song réunis.
    Gengis se rappela une conversation qu’il avait eue autrefois
avec le chef d’une tong dans la ville jin de Baotou. L’homme lui avait fait la
même suggestion. C’était une idée que le khan avait du mal à saisir. Pourquoi
un homme souhaiterait-il régner sur une ville alors que les plaines s’offrent à
lui ? Cependant, la question l’intriguait et il ne rejeta pas avec mépris
la proposition de son frère.
    Comme la famille de la mariée n’aurait jamais pu nourrir une
telle foule, Temüge avait ordonné d’allumer tous les poêles du camp pour le
repas de noce. On avait déroulé sur le sol poussiéreux de grands tapis de
feutre et Gengis prit place sur l’un d’eux avec ses frères, accepta un bol
fumant et une outre d’arkhi. Autour de lui, l’humeur était joyeuse et des
chants jaillirent des gorges tandis qu’on célébrait l’union de son fils cadet. Avec
la reddition de Nur, deux jours plus tôt, Gengis se sentait plus détendu qu’il
ne l’avait été pendant les longs mois de guerre. La destruction d’Otrar ne l’avait
cependant pas purgé de sa rage. Elle avait encore grandi. Il avait imposé un
rythme infernal à ses hommes mais, le shah étant encore en vie, il se sentait
poussé à dévaster tout le Khwarezm. L’homme avait franchi une ligne en attaquant
les femmes et les enfants du camp. Faute de pouvoir s’en prendre à lui, Gengis
châtiait son peuple de la seule manière qu’il connaissait.
    — Ton idée ne me plaît pas, dit-il enfin.
    Le visage de Temüge s’assombrit avant que le khan ajoute :
    — Mais je ne l’interdis pas. Je ne veux pas que les
Khwarezmiens reviennent furtivement après notre passage. S’ils survivent, ce
sera en esclaves.
    Il s’efforça de ne pas laisser sa colère resurgir quand il
poursuivit :
    — Gouverner une ville pourrait être une bonne récompense
pour de vieux guerriers. Un homme comme Arslan trouverait peut-être une
nouvelle vigueur dans ce défi à relever.
    — Je vais envoyer des éclaireurs à sa recherche, répondit
aussitôt Temüge.
    Gengis fronça les sourcils : il n’avait prononcé le nom
d’Arslan qu’à titre d’exemple. Cependant, le vieux compagnon lui manquait
encore et il ne trouva aucune raison d’objecter.
    — Très bien. Mais envoie-les aussi à Baotou pour faire
venir Chen Yi, s’il est encore en vie…
    — Ce criminel ! se récria Temüge. Je n’ai pas proposé
de donner une ville à n’importe qui. Il a déjà Baotou, de toute façon, et
je peux te nommer une dizaine d’hommes qui conviendraient mieux à la tâche que
j’ai en tête.
    Gengis agita la main avec agacement. Il n’avait pas souhaité
cette discussion, qui menaçait maintenant de le contrarier et de gâcher la
journée.
    — Chen Yi a compris ce dont tu parles et c’est ce qui
le rend précieux. Offre-lui de l’or et du pouvoir. Il refusera peut-être, je ne
sais pas. Dois-je me répéter ?
    — Non, non, répondit Temüge. Nous avons fait si
longtemps la guerre qu’il nous est difficile de penser à ce qui viendra après, mais…
    — Toi, tu n’as pas fait la guerre, le coupa Khasar en
lui donnant un coup de coude dans les côtes. Tu as passé ton temps à consulter
des liasses de papier ou à jouer au khan avec tes jeunes servantes…
    Temüge devint cramoisi et aurait riposté si Gengis n’avait
levé une main.
    — Pas aujourd’hui, décréta-t-il.
    Les deux hommes se turent, non sans échanger des regards
mauvais.
    Le khan vit alors plusieurs de

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