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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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feutre
épais. C’était un travail dur pour qui n’était pas encore vraiment un homme, mais
le fils du khan avait des mains habiles et l’habitation prit rapidement forme.
    — Je vengerai Temülen et tous les autres, déclara
soudain Gengis d’une voix sourde.
    Chakahai se tourna vers lui.
    — Cela ne la fera pas revivre, objecta-t-elle.
    — Ce n’est pas pour elle, répondit-il avec un
haussement d’épaules. Les esprits se repaîtront des souffrances de mes ennemis
et quand je serai vieux, le souvenir de leurs larmes me réchauffera les os.
    L’humeur joyeuse de la noce était retombée et Gengis regarda
avec impatience le père de la mariée s’avancer pour aider le jeune Tolui à
dresser le poteau central de la yourte. Quand elle fut achevée, le fils du khan
souleva le rabat de feutre pour faire entrer Sorhatani dans leur demeure
blanche et neuve. En principe, ils auraient dû sceller leur mariage ce soir-là
mais, de toute évidence, cette partie de leur union était déjà accomplie. Gengis
se demanda comment son fils se procurerait un chiffon taché de sang pour
prouver la virginité de la mariée. Il espérait que Tolui aurait assez de bon
sens pour s’en abstenir.
    Le khan reposa son outre d’arkhi et se leva en faisant
tomber les miettes accrochées à son deel. Il aurait pu reprocher à Chakahai d’avoir
gâché la journée, mais ces quelques heures l’avaient un moment distrait de la
tâche sanglante qui l’attendait. Son esprit commença à s’emplir des plans et
stratagèmes dont il aurait besoin et adopta le rythme froid qui lui permettrait
de prendre des villes et d’anéantir tous ceux qui lui résisteraient.
    Les guerriers qui l’entouraient sentirent le changement. Il
n’était plus le père dévoué. Le Grand Khan se tenait de nouveau devant eux.
    Le regard de Gengis parcourut le camp, s’arrêta sur les
convives qui continuaient à festoyer, profitant de la chaleur et de l’occasion.
Pour une raison ou une autre, leur indolence l’irrita.
    — Fais fondre leur graisse hivernale par une longue
chevauchée et un entraînement au tir à l’arc, Kachium, ordonna-t-il.
    Son frère hocha la tête, s’éloigna à grandes enjambées et
dispersa les hommes et les femmes ripaillant encore.
    Gengis prit une inspiration, fit jouer les muscles de ses
épaules. Après Otrar, la ville de Boukhara était tombée sans quasiment opposer
de résistance. Sa garnison de dix mille hommes avait déserté et se cachait
encore quelque part dans les collines, terrifiée.
    D’un claquement de langue, Gengis attira l’attention de Djötchi.
    — Emmène ton tuman dans les collines. Retrouve la
garnison de Boukhara et extermine-la.
    Après le départ de son fils, le khan se détendit un peu. Süböteï
et Djebe maintenaient le shah loin à l’ouest. Même s’il leur échappait et
revenait, son empire serait réduit en cendres.
    — Temüge ? Envoie des éclaireurs à Samarkand et qu’ils
me rapportent tout ce qu’ils auront pu apprendre sur les défenses de la ville. Je
mènerai l’attaque avec Djaghataï et Djötchi, quand il sera de retour. Nous
raserons les précieuses cités de Mohammed.
     
     
    Dans l’appartement qu’ils avaient loué à Khuday, Djalal al-Din
se tenait adossé à la porte qui le coupait du bruit et de la puanteur du souk. Il
détestait cette petite ville sordide sise au bord d’une vaste étendue de sable
où ne vivaient que des lézards et des scorpions. Il avait déjà vu des mendiants,
bien sûr. Dans les grandes cités comme Samarkand et Boukhara, ils pullulaient, mais
il n’avait jamais eu à marcher parmi eux, à sentir leurs mains galeuses tirer
sur sa tunique. Il ne s’était pas arrêté pour presser une pièce de monnaie dans
leur paume et bouillonnait encore au souvenir de leurs malédictions. En d’autres
circonstances, il aurait fait incendier la ville pour cette insulte, mais, pour
la première fois de sa vie, Djalal al-Din était seul, privé du pouvoir et de l’influence
dont il avait eu à peine conscience avant de les perdre.
    Il sursauta en entendant des coups frappés juste au niveau
de sa tête. Il parcourut fébrilement la petite pièce des yeux : son père
était étendu dans l’autre et ses frères étaient sortis acheter de quoi faire le
repas du soir. Le fils du shah essuya d’un geste nerveux la sueur de son visage,
ouvrit la porte toute grande.
    Planté sur le seuil, le propriétaire de la maison jeta un
regard

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