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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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soupçonneux à l’intérieur, comme si son locataire avait furtivement fait
entrer une demi-douzaine d’autres personnes dans ce taudis minuscule. Djalal al-Din
se campa devant lui pour lui bloquer la vue.
    — Que veux-tu ? lui lança-t-il d’un ton sec.
    L’homme plissa le front devant ce ton arrogant.
    — Il est midi. Je viens toucher le loyer.
    Djalal al-Din hocha la tête avec irritation. Cette façon de
faire payer chaque jour plutôt qu’une fois par mois était une marque de
méfiance. La ville ne devait pas voir beaucoup d’inconnus, surtout depuis que
des Mongols rôdaient dans les parages. Un prince du sang tolérait mal cependant
d’être traité comme un homme capable de s’enfuir dans la nuit sans régler ses
dettes.
    Sa bourse étant vide, il traversa la pièce en direction d’une
table branlante, y trouva une pile de pièces. Ce pécule ne durerait pas plus d’une
semaine et son père était encore trop malade pour pouvoir bouger. Il préleva
cinq pièces de cuivre mais ne revint pas à temps près du propriétaire pour l’empêcher
d’entrer.
    — Tiens, dit-il en lui mettant l’argent dans la main.
    L’homme ne semblait pas pressé de repartir et Djalal al-Din
se rendit compte que son propre comportement ne correspondait pas à celui de
quelqu’un réduit à loger dans un endroit aussi misérable. Il s’efforça de
paraître plus humble mais le propriétaire s’attardait, faisait passer les
pièces graisseuses d’une main dans l’autre.
    — Ton père va-t-il mieux aujourd’hui ? s’enquit-il
soudain.
    Djalal al-Din fit un pas de côté pour boucher la vue de l’autre
pièce.
    — Je connais un bon médecin, poursuivit l’homme. Il est
cher, mais il a étudié à Boukhara avant de revenir ici. Si tu peux payer…
    Djalal al-Din se retourna pour regarder de nouveau la petite
pile. Dans son autre bourse, dissimulée sur lui, il avait un rubis gros comme
un œuf de pigeon. Avec cette pierre, il aurait pu acheter toute la maison, mais
il ne voulait pas attirer l’attention. La sécurité de la famille résidait dans
l’anonymat.
    Il entendit la respiration sifflante de son père dans la
pièce du fond et se décida :
    — Je peux payer. Il faut d’abord que je trouve un
joaillier disposé à acheter.
    — Il n’en manque pas dans cette ville. Puis-je te
demander si d’autres pourraient faire valoir leurs droits sur la pierre que tu
souhaites vendre ?
    Un moment, Djalal al-Din ne saisit pas le sens de la
question. Quand il comprit, l’affront lui fit monter le sang au visage.
    — Je ne l’ai pas volée ! Je l’ai… héritée de ma
mère. Je cherche un honnête marchand qui m’en donnera ce qu’elle vaut.
    Le propriétaire s’inclina, apparemment embarrassé.
    — Toutes mes excuses. J’ai moi-même connu des temps
difficiles. Je te recommande Abbud, qui tient la boutique rouge dans le souk. Il
fait commerce d’or et d’objets précieux de toutes sortes. Si tu lui dis que c’est
son beau-frère qui t’envoie, il te fera un bon prix.
    — Et le docteur ? rappela Djalal al-Din. Fais-le
venir ce soir.
    — J’essaierai, mais les médecins sont peu nombreux à
Khuday. Il est très occupé.
    Djalal al-Din n’avait pas l’habitude de marchander ou de
payer des pots-de-vin et il fallut que le propriétaire coule un regard à la
pile de pièces pour que le fils du shah comprenne. Le jeune prince fit tomber
le reste des pièces dans sa main et les remit au rapace en s’efforçant de ne
pas avoir un mouvement de recul quand leurs doigts se touchèrent.
    Avec un grand sourire, le propriétaire reprit :
    — Je le lui demanderai comme une faveur pour moi. Il
passera à la tombée de la nuit.
    — Bien. Maintenant, va-t’en, dit Djalal al-Din, à bout
de patience.
    Ce monde n’était pas le sien. Il n’avait quasiment pas vu de
pièces de monnaie avant de devenir un homme, et encore, uniquement pour jouer
aux dés avec les officiers de son père. Il se sentait souillé, comme s’il s’était
abaissé à de sordides rapports intimes. Lorsque la porte se referma, il poussa
un soupir désespéré.

 
22
    Le joaillier Abbud estima l’homme qui lui faisait face
presque aussi soigneusement qu’il l’avait fait pour le rubis qu’il avait
apporté. L’un et l’autre lui inspiraient de la méfiance, même si son beau-frère
avait pour les affaires le nez aussi fin que le sien.
    L’inconnu qui se prétendait fils de marchand n’avait

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